François Bayrou, faiseur de président… et de gouvernement

François Bayrou, faiseur de président… et de gouvernement

Le président du MoDem avait déjà joué un rôle décisif dans l'accession à l'Elysée d'Emmanuel Macron. François Bayrou a également...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le président du MoDem avait déjà joué un rôle décisif dans l'accession à l'Elysée d'Emmanuel Macron. François Bayrou a également été un acteur majeur dans le remaniement du gouvernement, qui voit son parti renforcé et les prétendants de droite restés à quai.

"Il a compté. C'est un pilier de la majorité. Il a été très consulté par le président de la République", observe-t-on à Matignon. Le Premier ministre Edouard Philippe et le président du MoDem, qui privilégie son lien avec Emmanuel Macron, se sont également vus longuement la semaine dernière.

"C'est un négociateur hors pair. A l'ancienne, un gros gueulard", glisse un autre conseiller gouvernemental.

Avec une promotion - celle de Jacqueline Gourault à la tête d'un grand ministère des Territoires - et une entrée à un poste de confiance - Marc Fesneau aux Relations avec le Parlement - le parti bayrouiste est le principal vainqueur des nouveaux équilibres politiques dans l'équipe dirigée par Edouard Philippe. Même déchargée d'un de ses principaux dossiers, le service national universel, la secrétaire d'Etat aux Armées Geneviève Darrieussecq est maintenue à son poste.

Mais le travail en coulisses de François Bayrou ne s'est pas limité à assurer la promotion de ses cadres. Selon plusieurs sources concordantes, il a notamment exprimé auprès du président Macron sa vive hostilité à un éventuel tandem Gérald Darmanin-Frédéric Péchenard à l'Intérieur. Puis à l'option de choisir Frédéric Péchenard, cadre de LR et proche de Nicolas Sarkozy, comme bras droit du nouveau ministre Christophe Castaner. "Impensable" pour François Bayrou, selon un de ses proches.

"J'ai la chance d'avoir un lien de confiance avec le président de la République, mais je n'ai aucune intention de confondre les rôles. Et je n'analyse pas cette équipe en fonction des étiquettes, je l'analyse en fonction des compétences et de la fiabilité", a assuré M. Bayrou, interrogé par l'AFP sur ces informations.

"J'ai simplement l'idée, qui est l'idée même de la Ve République, qu'il faut un lien de confiance entre le président, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur", a-t-il expliqué.

- Un "avis sur tout" -

Mais l'implication jugée insistante de M. Bayrou, qui dit parler "tous les jours ou presque" avec M. Macron, agace aussi dans les premiers cercles du pouvoir.

"Il veut donner son avis sur tout. Il est plus écouté que certains le souhaiteraient... et moins que ce qu'il espérait", affirme un pilier de la Macronie proche du chef de l'Etat.

S'il dit publiquement n'avoir "aucune envie de redevenir ministre", François Bayrou, selon plusieurs de ses amis, n'a pas abandonné l'idée d'être un jour à Matignon. Ce qui ne facilite pas une relation qualifiée de "compliquée" par plusieurs sources, avec l'actuel locataire, Edouard Philippe.

"Bayrou, ce qu'il adore, c'est de dire, si possible en présence du Premier ministre, à quel point le président est génial et à quel point l'exécution gouvernementale est défaillante", s'amuse le même proche du président.

D'autres soupçonnent le Béarnais, 67 ans, de régler avant tout ses comptes avec ses anciens alliés de droite, à qui il ferait payer sa longue traversée du désert (2007-2017).

"C'est le syndrome du sexagénaire qui a quand même loupé beaucoup de choses mais qui rend la monnaie de sa pièce à toutes les personnes qui l'ont fait chier toute sa vie. Il jubile", grince un ténor à droite.

Si le lien privilégié entre Emmanuel Macron et François Bayrou, héritage de l'alliance victorieuse du printemps 2017, n'a jamais semblé coupé, le MoDem signe un retour en force après l'été très difficile en Macronie.

Un renforcement qui s'était déjà matérialisé dans les 86 voix - près de deux fois le nombre de députés MoDem - obtenues par le centriste Marc Fesneau lors de l'élection il y a un mois du président de l'Assemblée nationale, remportée par le fidèle du président Richard Ferrand (LREM).

Le contraste est saisissant avec la rentrée dernière, où le remaniement de juin 2017 avait fait perdre au MoDem les portefeuilles de la Justice, des Armées et des Affaires européennes, pour en être réduit à deux petits maroquins.

Dans la même thématique

SIPA_01112686_000045
4min

Politique

Pourquoi commémore-t-on l’abolition de l’esclavage le 10 mai en Métropole ?

Depuis 2006, le 10 mai est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie à laquelle participe le président de la République ou le Premier ministre. Dans les territoires d’Outre-mer, les commémorations ont lieu à d’autres dates. Explications.

Le

François Bayrou, faiseur de président… et de gouvernement
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

François Bayrou, faiseur de président… et de gouvernement
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le