« Pour que la France reste la France »: nouvelle polémique chez LR
"Pour que la France reste la France": l'intitulé d'un tract des Républicains a suscité une nouvelle vague de critiques en interne...

« Pour que la France reste la France »: nouvelle polémique chez LR

"Pour que la France reste la France": l'intitulé d'un tract des Républicains a suscité une nouvelle vague de critiques en interne...
Public Sénat

Par Baptiste PACE

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"Pour que la France reste la France": l'intitulé d'un tract des Républicains a suscité une nouvelle vague de critiques en interne sur la méthode de Laurent Wauquiez, à commencer par Virginie Calmels, numéro deux du parti, qui dénonce un "dysfonctionnement".

C'est un simple tract sur fond bleu, présenté lundi à la presse et accompagnant un dossier à charge contre Emmanuel Macron, que LR compte distribuer ce week-end dans toute la France à l'occasion d'une opération de mobilisation baptisée "le printemps des Républicains". Mais son intitulé "Pour que la France reste la France" a mis le parti en émoi.

Dans ce document, qui doit être distribué à 1,5 million d'exemplaires par les militants du parti, il est également écrit qu'en France, "il n'y a jamais eu autant d'impôts", "jamais eu autant d'immigrés", ni "un tel risque terroriste", "une telle pression communautariste", "une telle flambée de délinquance" ou encore "de telles fractures territoriales".

Suivent les préconisations du parti dirigé depuis décembre par Laurent Wauquiez: "règle d'or" de non-augmentation des impôts, expulsion de 300.000 clandestins, internement préventif des "fichés les plus radicalisés" ou encore un "bouclier rural".

Les dirigeants et porte-parole du parti ont beau arguer que l'expression "pour que la France reste la France" a en son temps été utilisée par Nicolas Sarkozy, par François Mitterrand et même par Emmanuel Macron, l'initiative est loin de faire l'unanimité en interne.

La critique la plus étayée est venue de Virginie Calmels. La première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux a indiqué n'avoir pas été consultée sur ce document et a trouvé "dommage que sur des sujets comme un tract, et plus généralement sur nos positions politiques, ça n'ait pas fait l'objet d'une validation par les instances qu'il (M. Wauquiez) a lui-même créées".

Mme Calmels alimente ainsi publiquement les reproches régulièrement adressés depuis son élection à Laurent Wauquiez sur un management solitaire, mené au seul moyen de quelques collaborateurs fidèles, sans réel partage de la décision avec les principaux ténors politiques du parti.

- "Vide abyssal" -

Sur le fond, la représentante de l'aile libérale a aussi regretté un tract "peut-être inutilement anxiogène" et "déséquilibré" au profit des thèmes régaliens -autre reproche régulièrement adressé à M. Wauquiez- avec le môt "chômage" comme "grand absent".

L'initiative de la direction du parti a aussi suscité une critique plus feutrée du président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau: "Il faut se méfier des slogans; le pire pour nous serait de remplacer la pensée par des tracts".

Le président du Sénat Gérard Larcher, en revanche, a semblé vouloir calmer le jeu, appelant à "ne pas surjouer" cette affaire. "La France reste la France ? C'est une interrogation d'une majorité de Français, j'en suis certain", a-t-il jugé.

"Politiquement, il y a la nécessité d'un mouvement politique qui se situe entre l'extrême-droite et Emmanuel Macron, qui ne laisse pas l'espace et qui ne laisse pas Emmanuel Macron choisir ses opposants aux deux extrêmes", a-t-il poursuivi, jugeant normal l'expression de diverses "sensibilités".

Mais du côté de chez "Libres!", le mouvement de Valérie Pécresse, principale rivale de M. Wauquiez au sein de LR, la critique est sévère.

Le slogan "ne choque pas" le député Robin Reda, proche de la présidente de l'Ile-de-France. Mais "ce qui me choque, c'est le vide abyssal de ce tract", a-t-il attaqué sans ménagement.

"La droite dans laquelle je crois, la droite républicaine, c'est une droite de gouvernement, qui est donc amenée potentiellement à diriger le pays", a-t-il cinglé, reprenant l'expression "droite de gouvernement" employée cette semaine par Mme Pécresse. Comme pour mieux reléguer Laurent Wauquiez dans les rangs des populistes.

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