Crise du covid : l’OCDE table sur une augmentation de 5,8 % du PIB mondial cette année
L’organisation internationale présentait ce lundi ses « perspectives économiques ». Avec des effets limités de la pandémie à l’échelle globale, mais très inégaux selon les États.

Crise du covid : l’OCDE table sur une augmentation de 5,8 % du PIB mondial cette année

L’organisation internationale présentait ce lundi ses « perspectives économiques ». Avec des effets limités de la pandémie à l’échelle globale, mais très inégaux selon les États.
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Par Jules Fresard

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Une amélioration de la conjoncture économique mondiale, mais toujours marquée par de fortes inégalités, tel est le message porté par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui dévoilait lundi 31 mai ses perspectives économiques à l’échelle mondiale.

L’organisation internationale, qui réunit 37 pays, se décrit comme un « forum stratégique international qui s’emploie à promouvoir des politiques conçues pour améliorer le bien-être économique et social des populations dans le monde entier ». En décembre dernier, elle annonçait pour l’année 2021 une croissance de 4,2 % du PIB mondial, après une baisse de 3,5 % en 2020, engendrée par la pandémie de covid-19. Mais le plan massif de relance américain voulu par Joe Biden, chiffré à 1900 milliards de dollars, a poussé l’organisation à revoir ses estimations à la hausse.

Des effets limités de la pandémie

« La situation est meilleure que ce nous craignions au départ. Les pertes de production ont été inférieures à nos perspectives et le chômage a moins augmenté que ce que nous avions craint ». José Ángel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE, a ainsi tenu à se montrer rassurant face aux conséquences désastreuses qu’aurait pu avoir la pandémie de covid-19, qui a fortement touché l’économie mondiale.

La raison de ces conséquences amoindries ? « La politique macroéconomique sans précédent que nous avons observé ces dernières années, et les mesures impressionnantes prises par les États pour accompagner et soutenir les personnes à faible revenu et atténuer l’impact de la crise pour les populations les plus vulnérables » a continué l’ancien secrétaire mexicain des Affaires étrangères, à la tête de l’OCDE depuis 2006.

L’organisation, critiquée par les mouvements altermondialistes car perçue comme un des piliers du libéralisme économique et du capitalisme, semble aujourd’hui s’être convertie à l’interventionnisme étatique durant la pandémie, ayant permis de limiter les externalités négatives de la crise.

Et les chiffres sont là pour en témoigner. L’organisation table maintenant sur une croissance de 5,8 % du PIB mondial en 2021 – contre 4,2 % annoncés en décembre dernier – et de 4,4 % en 2022. « Dans quelques pays, notamment aux États-Unis, le PIB fin 2022 dépassera nos prévisions d’avant même la pandémie, ce qui témoigne de l’ampleur de l’intervention politique, et je me réjouis d’entendre que beaucoup de pays membres de l’OCDE ont annoncé des plans de relance ambitieux », a fait savoir José Ángel Gurría.

Mais de grandes disparités qui subsistent

Car même si pour certains pays, les effets de la pandémie s’annoncent limités, pour d’autres, la relève s’annonce beaucoup plus compliquée. Laurence Boone, la cheffe économiste de l’OCDE, est ainsi venue nuancer le propos, en évoquant « des pays émergents pour lesquels il faudra près d’une demi-décennie pour rattraper les pertes de revenus par habitant enregistrer depuis le début de la pandémie ».

Ainsi, si le retour à un PIB par habitant prépandémie est annoncé courant 2021 pour les États-Unis ou la Finlande, pour des pays comme l’Argentine ou l’Afrique du Sud, celui-ci n’interviendra pas avant 2026 pour le premier et 2024 pour le second. En France, le retour à un PIB par habitant prépandémie est annoncé pour le troisième trimestre de 2022.

En cause, la gestion de la crise sanitaire par certains pays, mais aussi la nature différente des économies nationales. « Dans tous les pays, les économies ont traversé la crise de façon différente, il y a eu des restrictions sur les secteurs à forte intensité de contacts humains, comme le tourisme, mais une demande accrue pour les équipements sanitaires ou de télétravail », juge Laurence Boon.

Accélérer la vaccination

Pour résorber ces disparités, l’OCDE appelle à grandement accélérer la campagne vaccinale à l’échelle mondiale, seule manière de résoudre efficacement et globalement les effets de la pandémie sur l’économie. José Ángel Gurría a d’ailleurs tenu à le rappeler dans son propos introductif, « il est futile de faire la distinction entre économie et santé. Sauver des vies, ce n’est pas un dilemme, la meilleure politique économique pour vaincre le virus, c’est la vaccination ».

Laurence Boone, elle, lie directement reprise économique et campagne vaccinale massive, comme c’est le cas aux États-Unis, où le succès de la campagne vaccinale couplé au plan de relance massif permet d’espérer une reprise économique rapide. Une vaccination d’autant plus nécessaire que « la situation sanitaire reste porteuse de beaucoup d’incertitudes. Il y a trop peu de personnes qui ont déjà eu accès aux vaccins et de nouvelles contaminations restent possibles », a souligné l’économiste, en se réjouissant néanmoins que « les gouvernements aient administré près de 2 milliards de doses de vaccins ».

D’où son appel à « accélérer la distribution de la vaccination » en levant les freins posés par certains pays sur l’exportation de composants nécessaires à la fabrication desdits vaccins.

Alerte sur l’endettement massif des entreprises

Dernier point d’inquiétude, soulevé là aussi par Laurence Boone, l’endettement massif de certaines entreprises, du notamment aux prêts garantis par l’État (PGE en France), présentés comme une mesure d’urgence durant la période de crise.

L’économiste avertit ainsi « qu’une part du soutien des États s’est faite sous forme de dettes, et cela est moins favorable pour les entreprises, avec le risque d’avoir une vague de dépôts de bilan, ce qui constituerait un risque pour la reprise annoncée ».

Un point déjà soulevé par le Sénat. 65 sénateurs avaient d’ailleurs écrit il y a deux semaines au ministre de l’Économie Bruno Le Maire pour demander un étalement des remboursements sur 10 ans.

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