Sur les eaux turquoise de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, à bord de La Croix du Sud dont la vitesse de croisière dépasse les 25 nœuds, Raphaël Ribaquier et son équipage scrutent inquiets l'horizon. Arborant des combinaisons oranges, des gilets de sauvetage noirs et des casques blancs, ils sont à la recherche d'un voilier en perdition à bord duquel un marin aurait fait un malaise. Face à ce type de situation, Raphaël Ribaquier sait que chaque minute compte : « C’est celui-là, à bâbord toute ! » s’exclame l’infirmier juché en haut du mât.
Sur La Croix du Sud, tous comme Raphaël, sont sauveteurs bénévoles au sein de la Société nationale des sauveteurs en mer : la SNSM. Une association créée il y a plus de 50 ans et qui compte aujourd’hui près de 700 volontaires qui se dévouent chaque jour sur les mers françaises. Avec ses 19 000 kilomètres de côtes à couvrir, le territoire français compte plus de 200 stations de sauvetage qui veillent sur les navires de plaisances et les bâtiments de la marine marchande. Déclaré grande cause nationale en 2017, le sauvetage en mer apparaît de plus en plus comme une mission de service public indispensable. Plus de 400 embarcations sont ainsi mises au service de la sécurité public : des infrastructures qui ne coûtent presque rien à l’État, avec un budget de la SNSM provenant majoritairement de dons faits par des particuliers ou des entreprises, et des sauveteurs exclusivement volontaires.
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Une formation intense au sauvetage en mer dès le plus jeune âge
Chaque été, sur les plages françaises, des milliers de volontaires sont formés par la SNSM pour assurer la sécurité des vacanciers durant l’été. Sur le port de Quiberon en Bretagne, depuis plusieurs mois c’est l’effervescence. 24 jeunes, tout juste majeurs sont formés par des bénévoles diplômés de la SNSM. Dans quelques jours, ces jeunes s’apprêtent à leur tour à passer leur diplôme de sauveteurs : la fin de la formation approchant, le rythme est de plus en plus dur. « Faut compter les gars…8…9… » martèle l’instructeur de la SNSM aux futurs volontaires durant un entraînement sportif. Série d’abdominaux, course à pied… On mouille les maillots orange à la SNSM. Derrière ses longs cheveux châtains et son apparence coquette, Laury, 18 ans est une dure à cuire qui ne relâche pas les efforts. Son diplôme, elle l’attend depuis son plus jeune âge : « l’été, je voyais des sauveteurs de la SNSM en action et je me suis renseignée sur internet. C’est en me renseignant que je me suis rendu compte que c’est ce que je voulais vraiment faire et que cela me correspondait ».
Outre les entraînements sportifs, la SNSM mise également sur des exercices de cas pratiques, tous plus réalistes les uns que les autres. Hervé le Gal, formateur à la SNSM choisi chaque lieu pour que ses futurs bénévoles soient préparés à tout. La plage de Quiberon n’a ainsi pas été choisie au hasard : « C'est une plage particulière qui possède des courants. Des courants qui envoient les baigneurs vers le large, avec des vagues qui viennent se casser juste au bord et qui font un système de machine à laver. C'est idéal pour apprendre en fin de compte à lire une plage ». Avant même de vouloir sauver des vies, il faut savoir lire une plage pour Hervé le Gal. Là où les touristes ne voient que du sable fin et de l’eau turquoise, les sauveteurs doivent eux au contraire savoir reconnaître tous les dangers : la couleur de l’eau peut annoncer l’arriver d’un orage, la proximité des vagues un courant fort…
Ces jeunes sont des bénévoles qui dans leur majorité, poursuivent des études. Mais l'été venu, la SNSM met à disposition ces jeunes qui sont dès lors engagés par les mairies pour surveiller les plages. Le diplôme de sauveteur des mers devient un passeport pour un job d'été.
L’enjeu est clair pour ces sauveteurs bénévoles, sauver des vies et Laury l’a bien compris : « il faut être conscient que derrière ce qu'on fait, c'est quelque chose d'important parce qu'on essaye de sauver des vies ». En cas de décès sur les plages, les conséquences peuvent être plus graves pour ces jeunes : le risque, c’est la prison si l’on est déclaré responsable. Alors, chaque jour on apprend un peu plus et ce durant toute notre vie de sauveteur bénévole.
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Une formation qui perdure même après plusieurs années d’expérience
Dans le port d’Etel dans le Morbihan, ancienne commune qui a longtemps vécu de la pêche au thon, les voiles des navires de plaisances continuent d’imposer la présence d’une station et d’un équipage toujours prêt à prendre la mer pour sauver les marins. Yannick Delval, patron suppléant de la station de sauvetage d’Etel, béret de marin vissé sur la tête et anorak orange sur le dos, continue d’entraîner chaque jour son équipage pour continuer à être performant. « Chaque exercice met quand même un petit coup de stress parce qu’on n'est pas à l'abri d’une difficulté. Il n'y a pas de risque zéro même si on essaye de tout préparer, de tout faire conformément au protocole de sécurité. Les gestes sont précis, les gestes sont travaillés, tout le monde sait ce qu'il a à faire mais on n'est pas à l'abri d'une erreur » reconnaît le marin.
Comme de nombreux marins à Etel, Yannick a dédié sa vie à a mer. Etel, c’est l’histoire d’une commune qui est entrée dans le patrimoine culturel de la France grâce à son ancienne station de sauvetage qui abrite le célèbre Patron Emile Daniel : un imposant bateau vert à la coque blanche avec le blason bleu d'Etel, véritable mascotte du port. Pour Hervé, « l'histoire d'Etel c'est la SNSM et la SNSM c'est Etel ». Cette activité, Hervé à toujours vouloir l’exercer : « Quand j'étais plus jeune, j'étais toujours impressionné par ces bateaux de la SNSM et ses équipages qui partaient comme ça en vitesse, sans préparation souvent, pour sauver les autres. C'était mon rêve et j'y suis arrivé. Je suis fier d'être patron suppléant de la SNSM. »
La formation ne s'arrête pas une fois le diplôme obtenu. Même après des années de carrière, s'exercer, continuer à être réactif voila le secret de longévité et de réussite des bénévoles de la SNSM.
L’association mise également sur la volonté de créer un groupe, une famille pour réussir leurs missions. Des valeurs d’entraides et de solidarité qui anime aujourd’hui Laurie qui du haut de ses 18 ans a bien d’autres priorités que celles des jeunes de son âge : « les autres sont devenus primordiaux. Savoir les premiers gestes de secours, savoir sortir une victime de l’eau… Autant de choses réellement importantes pour moi ».
Retrouvez l’intégralité de l’émission C’est vous la France – Les marins solidaires samedi 24 mars à 22h30 et le 1 er avril à 18h.