Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Ukraine, un an après : « Volodymyr Zelensky se montre à la hauteur de son peuple »
Par Lucille Gadler
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La presse internationale souligne souvent son parcours atypique. Rien ne prédestinait Volodymyr Zelensky à une carrière politique, si ce n’est la série à succès « Serviteur du peuple » dans laquelle l’ancien acteur tenait le rôle principal, celui d’un enseignant devenant président de l’Ukraine. « Il n’était pas destiné à faire de la politique » explique Alla Lazareva, rédactrice en chef adjointe du journal The Ukrainian Week. Pour celui qui fut, dans une autre vie, acteur, auteur, chef d’entreprise « rien n’annonçait qu’il devienne un jour un homme politique ». Galia Ackerman essayiste, historienne et rédactrice en chef du site internet Desk Russie, analyse la mue de l’ancien acteur en personnalité présidentiable : « certains disent que c’est la série « Serviteur du peuple » qui l’a rendu populaire. Les Ukrainiens l’ont identifié au héros de la série qui incarnait le président idéal ».
« Il n’était pas destiné à faire de la politique »
Elu en 2019 avec 72 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle, Volodymyr Zelensky évince le président sortant Petro Porochenko, politicien ukrainien aguerri, à l’origine des accords de Minsk. « Ce sont les ‘gens ordinaires’qui ont voté Zelensky », précise Galia Ackerman, « l’intelligentsia ukrainienne, les politologues, les penseurs étaient contre sa candidature. Mais le peuple ukrainien en avait marre des politiciens professionnels. Zelensky, jeune, sans précédent politique, avait une image positive. Il incarnait le renouveau ».
« La guerre l’a changé »
En 2019, Volodymyr Zelensky est arrivé au pouvoir avec deux promesses : ramener la paix en Ukraine, notamment au regard de la situation au Donbass, et lutter contre la corruption. « Il était naïf, il ne comprenait pas que Poutine ne lâcherait rien » commente Galia Ackerman. Après son élection en 2019, Zelensky connaît un moment de flottement, et une perte de popularité. « Avant-guerre, il était surtout populaire auprès de la jeunesse de par ce qu’il incarnait » indique Alla Lazareva. Puis c’est le malaise, lorsque 4 mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le nom de Zelensky apparaît dans la liste des Pandora papers, une fuite ayant rendu publics des millions de documents concernant des comptes offshore.
Arrive l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022 : « La guerre l’a changé », observe Alla Lazareva. « C’est l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a fait de lui ce qu’il est. Il a été forcé de prendre sur ses épaules de nouvelles responsabilités au regard de la gravité de la situation. A partir de là, il a changé ses habitudes, sa façon de vivre, de communiquer ».
Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’adhésion à Zelensky par son peuple est quasi-totale, « Il y a une union nationale autour de lui » constate Gallagher Fenwick sur le plateau de Public Sénat, auteur de Volodymyr Zelensky L’Ukraine dans le sang. Les derniers sondages donnent à Zelensky 89 % d’opinion favorable. « Pour l’Ukraine qui déteste généralement tous ses élus, c’est rare », souligne Alla Lazareva. Alexandra Goujon, maître de conférences en science politique à l’université de Bourgogne, enseignante à Sciences Po et spécialiste de l’Ukraine, tempère : « Il sait qu’il est surveillé par sa population. En Ukraine, un chef d’Etat n’a jamais un blanc-seing total. Il y a une vigilance et il est attendu au tournant ».
« Il sait qu’il est observé »
Depuis le début du conflit, Volodymyr Zelensky s’est illustré par sa maîtrise de la communication, jusqu’à son code vestimentaire, toujours vêtu d’une tenue militaire qui détonne lorsqu’il se trouve autour de chefs d’Etat étrangers. Le président Ukrainien communique régulièrement avec son peuple. « Vers 20 heures tous les soirs, il fait le bilan de ce qu’il se passe avec des mots très simples. Il a changé sa façon de s’exprimer, il utilise un langage courant » raconte Alla Lazareva. Dans sa communication avec la communauté internationale également : « Il a cassé beaucoup de tabous et de clichés dans la diplomatie mondiale », analyse la rédactrice en chef adjointe du journal The Ukrainian Week. « Il s’adresse directement aux différents dirigeants, ce n’est pas courant pour un chef d’État. Alors qu’en diplomatie, il y a normalement beaucoup de non-dits, lui est très direct. Quand il a besoin de demander quelque chose, il le dit clairement. Il n’hésite pas à demander plusieurs fois ». « Lorsqu’il s’adresse aux différents chefs d’Etat, il arrive toujours à trouver les mots justes en fonction de son auditoire. Il sait appuyer là où il faut » relève Galia Ackerman. Zelensky a saisi l’enjeu essentiel de la communication dans sa guerre contre la Russie. « Il y a une demi-douzaine de personnes qui l’entourent et qui l’aident pour ses discours. Beaucoup sont des scénaristes ou des dialoguistes et viennent de sa maison de production », indique Ariane Chemin, grand reporter au Monde et autrice de la série de portraits Les 5 vies de Volodymyr Zelensky. « Il sait qu’il est observé », insiste Galia Ackerman, « il représente des dizaines de millions de personnes, il sait qu’il incarne la résistance de son peuple ».
« Il incarne un véritable chef de guerre »
Si rien ne prédestinait Volodymyr Zelensky à diriger le pays en état de guerre totale, pour Galia Ackerman, le président Ukrainien a su endosser ce rôle dès les premières heures de l’invasion. « Quand les Etats-Unis lui ont proposé de l’exfiltrer, il a répondu qu’il n’avait pas besoin d’un taxi mais d’armes. Il incarne un véritable chef de guerre ».
« Nous avons été agressés par notre voisin, la Russie. Lui, en tant que président, a été obligé de faire face », rappelle Alla Lazareva. « Ce n’était pas son choix de devenir chef de guerre. A l’origine, il n’était pas intéressé par les sujets militaires, il n’a pas fait son service militaire. Un peu malgré lui, il a fallu organiser le pays, non pas en tant que chef de guerre, mais comme chef d’Etat de pays en guerre ».
Volodymyr Zelensky a-t-il su répondre aux défis engendrés par la guerre ? « C’est dans les gènes de l’Ukraine de résister. C’est la terre de sang pour paraphraser Timothée Snyder. Zelensky correspond à son peuple. Il ne pouvait pas faire autrement », insiste Alla Lazareva. « Le véritable héros, c’est le peuple ukrainien. Volodymyr Zelensky, lui, se montre à la hauteur de son peuple. Il tient bon ».