Des sénateurs veulent développer et promouvoir la filière du chanvre

Des sénateurs veulent développer et promouvoir la filière du chanvre

Alors que la France a vécu son été le plus chaud depuis 2003, une cinquantaine de sénateurs de divers partis ont présenté à la presse mercredi une proposition de résolution sur la réglementation et la promotion des produits issus du chanvre, plante peu gourmande en eau et polyvalente.
Public Sénat

Par EmoTouré

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Le chanvre ? « C’est une plante magique ! » , explique Myriam Laïdouni-Denis conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes. L’élue écologiste ne fait pas référence aux possibles effets psychotropes de la plante, mais bien aux utilisations diversifiées permises par cette dernière : vêtements, cosmétiques, alimentation animale ou encore construction… Le chanvre à usage industriel est désormais exploité par de multiples secteurs.

Soutenu par une cinquantaine de sénateurs, Guillaume Gontard, chef de file du groupe écologiste au Sénat, a présenté mercredi une proposition de résolution sur le chanvre. L’objectif : inciter l’exécutif à développer et « améliorer la réglementation des produits issus du chanvre » , régulièrement sujet à débat.

En janvier, le Conseil d’État avait suspendu temporairement un arrêté du gouvernement interdisant la vente de fleurs et feuilles de chanvre contenant du CBD. Depuis, sans décision définitive de l’institution ni nouvel arrêté plus permissif, la réglementation reste « insécurisante » pour les acteurs de la filière selon le sénateur de l’Isère.

 

Lire notre article - Suspension de l’interdiction du CBD : un débat sur la législation du chanvre prévu au Sénat

 

La France, championne d’Europe de la culture de chanvre

 

Contrastant avec sa situation législative « à clarifier » , la France compte 22.000 hectares de chanvre cultivés. Leader du marché européen, elle représente ainsi plus de 35 % du marché continental. Économe en eau, la plante à usage industriel ne nécessite pas de pesticides pour son entretien. Elle est généralement revendue - après séchage chez l’exploitant -, à des industriels.

Le sénateur Guillaume Gontard et la conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes Myriam Laïdouni-Denis se sont rendus sur le site de Wall’Up Préfa, une entreprise de béton « mi-bois, mi-chanvre » , installée à proximité d’une chanvrière et inaugurée en 2021 à Aulnoy en Seine-et-Marne.

« Le mot béton de chanvre peut faire un peu peur » , reconnaît Arthur Cordelier, directeur de Wall’Up. « Mais il s’agit bien du mélange d’un granulat végétal, qui est la chènevotte -issue de la culture du chanvre- et de la chaux ». La pâte créée sera ainsi mise dans une ossature en bois, et fonctionnera comme un isolant thermique.

Pour les sénateurs, cette technologie permet de répondre au cahier des charges de la réglementation environnementale (RE2020) entrée en vigueur le 1er janvier 2022 sur les biomatériaux. Ces derniers sont ainsi favorisés dans la construction pour permettre de réduire l’empreinte carbone des nouveaux bâtiments. Dans le cas du chanvre, un hectare peut stocker jusqu’à 15 tonnes de CO2.

 

« Il faut que la commande publique soit la locomotive de cette nouvelle industrie » pour le président de Wall’Up Philippe Lamarque.

 

Malgré la forte présence française dans la filière du chanvre, Guillaume Gontard s’inquiète de voir la France « se faire rattraper par d’autres pays européens » , en particulier dans le domaine des usines de préfabrications. Pour l’heure, la construction en chanvre reste minoritaire dans son utilisation pour les travaux publics.

 

Face à ce constat, le directeur de Wall’Up l’affirme : « On peut apporter la technique, constituer un capital… Mais il faut qu’il y ait une commande derrière ! » , justifie-t-il. Si l’entreprise a trouvé son équilibre financier, ses dirigeants souhaitent voir la commande publique devenir « la locomotive » de l’industrie.

Avec l’organisation des Jeux olympiques, les acteurs de la filière chanvre espèrent une augmentation de la commande publique. Une étape nécessaire pour convaincre les agriculteurs d’investir dans cette « plante du futur » selon les sénateurs.

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