Le Sénat souhaite instaurer une Journée Nationale de l’Agriculture

Le Sénat souhaite instaurer une Journée Nationale de l’Agriculture

Initiée par Didier Mandelli, Catherine Dumas et Sophie Primas, l’initiative entend promouvoir et défendre le modèle agricole et agroalimentaire français.
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Par Jules Fresard

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Pour le monde agricole, l’année 2021 n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. Avec l’épisode de gel qui a durement touché les vignobles et arbres fruitiers hexagonaux au début du mois d’avril, le secteur a connu des pertes importantes, laissant présager un désastre économique pour l’année à venir. Le Premier ministre Jean Castex avait d’ailleurs annoncé la mise sur pied d’un plan de soutien à hauteur d’un milliard d’euros.

Mais le plus inquiétant réside dans la fréquence à laquelle reviennent ces crises, climatiques, mais aussi financières, avec la fluctuation quasi permanente du prix des matières premières, venant mettre à mal et fragiliser un modèle pourtant appelé à connaître d’importantes évolutions dans les années à venir, avec la mise en place de nouvelles normes plus respectueuses de l’environnement notamment. Le Sénat avait également, en mars 2021, pointé du doigt le mal-être présent chez les agriculteurs, à l’origine de nombreux suicides, et avait remis un rapport avec 63 propositions concrètes pour lutter contre ce phénomène.

Un secteur clef dans l’économie française

Se basant donc sur ce constat, une proposition de résolution a été déposée au Sénat le 23 mars dernier, initiée par trois sénateurs Les Républicains, Didier Mandelli élu en Vendée, Catherine Dumas sénatrice de Paris, et Sophie Primas, présidente de la commission des Affaires économiques. L’objectif ? Instaurer une Journée Nationale de l’Agriculture, qui précéderait le Salon de l’Agriculture.

Rejointe par 177 sénateurs, l’initiative, dans l’exposé de ses motifs, rappelle l’importance de la mise en place d’une telle journée, à l’aune de ce que représente le secteur pour l’économie mais aussi la culture française. « Le secteur agricole et agroalimentaire est une fierté française et une source majeure d’emplois en France » détaille ainsi les sénateurs, rappelant que la France se classe au 5e rang des exportateurs agricoles à l’échelle mondiale, et au 1e rang concernant l’Union Européenne.

Le poids de l’agriculture dans l’économie nationale est d’autant plus visible dans le nombre d’emplois, directs ou indirects, qu’il génère. « L’industrie agroalimentaire emploie près de 430 000 personnes - avec un nombre d’emplois dépendants du secteur évalué à 2,4 millions » détaille ainsi le document publié sur le site du Sénat.

Connaissant des mutations importantes

La création d’une telle journée se justifie d’autant plus, selon les auteurs de la proposition, que le monde agricole est actuellement en proie à d’importantes mutations. D’abord car c’est un secteur d’innovation fort, où une entreprise sur cinq propose un nouveau produit sur le marché chaque année. Mais qui paradoxalement, fait face à un manque de vocations chez les plus jeunes. Phénomène d’autant plus inquiétant qu’un agriculteur sur deux a plus de 55 ans.

Et comme le pointe le communiqué publié par les trois sénateurs à l’origine de la proposition de résolution, le monde agricole est soumis « à une concurrence intra et extra-européenne de plus en plus déloyale sur le plan social et environnemental, à des négociations commerciales tendues et déflationnistes et à une évolution constante des normes sanitaires ».

Offrir de la visibilité

Ainsi, selon les sénateurs signataires de la proposition, mettre en place une Journée Nationale de l’Agriculture permettrait de « promouvoir le modèle agricole et agroalimentaire français en offrant une visibilité tant aux productions des agriculteurs qu’aux métiers et enjeux du secteur ».

Mais aussi de promouvoir des filières locales, renforcer l’attractivité des métiers du monde agricole, développer la formation des agriculteurs déjà installés ainsi que promouvoir des manières de produire plus respectueuses de l’environnement. « Elle permettrait également de faciliter l’adoption par tous d’une alimentation favorable à la santé, de promouvoir des comportements alimentaires adéquats, notamment auprès des populations vulnérables, et de sensibiliser les consommateurs aux bonnes pratiques d’hygiène domestique », souligne l’exposé des motifs.

Une initiative qui vise donc à remettre sur pied un secteur en souffrance depuis plusieurs années déjà, dont les appels à l’aide se font de plus en plus forts. Et qui se justifie d’autant plus qu’avec la crise sanitaire, les Français et Françaises se sont rendu compte de l’importance de la filière. 100 000 personnes s’étaient en effet inscrites sur la plateforme « Des bras pour ton assiette », lancée pendant le premier confinement et qui visait à aider les exploitants, dépourvus de la main-d’œuvre étrangère du fait des fermetures de frontières.

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