Sésame contaminé : le Sénat dénonce les failles des autorités de contrôle

Sésame contaminé : le Sénat dénonce les failles des autorités de contrôle

Des résidus d’oxyde d’éthylène ont été retrouvés dans de nombreux aliments comportant des graines de sésame. Un rapport du Sénat documente ce raté et met en lumière les failles des autorités concernant les importations de denrées alimentaires.
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Par Héléna Berkaoui

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L’alerte a été lancée en septembre 2020 lorsqu’un opérateur européen a détecté que des graines de sésame importées d’Inde comportaient des résidus d’oxyde d’éthylène. Cette substance classée cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, est interdite pour les usages alimentaires dans l’Union européenne depuis 1991.

Dans un rapport publié par la commission des Affaires économiques, mercredi, le sénateur LR Laurent Duplomb fait état de l’ampleur de cette affaire qui met en lumière « la naïveté des autorités au sujet des importations de denrées alimentaires ».

Houmous, pains, huiles, biscuits… Cette substance se retrouve dans un très grand nombre de produits, y compris ceux issus de l’agriculture biologique. Le rapport cite même un haut fonctionnaire européen qui affirme que « la crise actuelle va bien au-delà de la crise du fipronil (scandale des œufs contaminés) de 2017 en matière de notifications ». Plus de 2 400 références ont été rappelées en France et ces rappels devraient continuer. Les contaminations sont anciennes, des lots datant de 2018 ayant été concernés par l’alerte. Il est à craindre que ces pratiques soient plus anciennes encore, indique aussi le rapport.

L’Inde est le principal fournisseur de sésame pour le continent européen et représente 60 % des approvisionnements en France. Si l’enquête est toujours en cours, « plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer la présence d’oxyde d’éthylène ou de son métabolite dans les contrôles, notamment celle d’un traitement préventif par fumigation désinfectante afin de réduire d’autres risques (présence de salmonelles) ou celle d’un usage du produit en tant que pesticide au stade de la production ».

Ces contaminations pourraient également toucher d’autres aliments : l’amarante issue de l’agriculture biologique, les mélanges d’épices indiens, les échalotes séchées indiennes où des résidus d’oxyde d’éthylène ont également été retrouvés.

« Cette alerte démontre la nécessité de renforcer considérablement l’ampleur des contrôles sur les denrées alimentaires importées au sein de l’Union européenne », exhorte Laurent Duplomb.

Dans son rapport, la commission des Affaires économiques pointe les manquements des autorités nationales et européennes sur le contrôle des denrées importées. « Cette alerte, pour l’instant circonscrite à des denrées secondaires dans l’alimentation des consommateurs, doit servir d’avertissement », insistent-ils. Les sénateurs pointent le nombre insuffisant de contrôles aléatoires dû à un budget inadapté aux enjeux de sécurité sanitaire : « Les moyens mis en œuvre en France pour ces contrôles font état d’un ratio de seulement 50 centimes d’euro de contrôles pour 1 000 euros de denrées importées ».

Au niveau européen, les failles sont également béantes puisque plus de 900 substances actives ne sont presque jamais contrôlées par les autorités sanitaires aujourd’hui. Partants de ce constat, les sénateurs recommandent un durcissement des contrôles tant au niveau européen que national. Ils appellent aussi au renforcement de l’information des consommateurs en cas de retraits et de rappels de produits alimentaires. « La philosophie du système européen repose sur une confiance candide en ses partenaires commerciaux. […] Or la confiance n’induit pas forcément la naïveté. Au contraire, le système serait plus robuste avec des contrôles aux importations largement accrus », plaide Laurent Duplomb.

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