Baromètre du Cevipof : les Français font davantage confiance à leurs élus

Baromètre du Cevipof : les Français font davantage confiance à leurs élus

Pour la douzième fois le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) publie ce lundi son baromètre de la confiance politique. Les Français restent majoritairement méfiants envers les institutions politiques, mais légèrement moins qu’en 2019.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

« En quoi les Français ont-ils confiance aujourd’hui ? » Telle est la question à laquelle le CEVIPOF essaye de répondre chaque année depuis douze ans. Pour ce cru 2021, l’enquête d’Opinionway a été menée auprès de 2105 Français, 1842 Britanniques, 1800 Allemands et 1811 Italiens, principalement au mois de janvier 2021 sur des sujets variant entre la politique, l’économie, l’Europe ou leur humeur. La question de la crise sanitaire est bien évidemment abordée. Les résultats attestent d’une légère amélioration dans la confiance politique des Français par rapport à 2019, et très nette par rapport à 2018, année qui vit éclater le mouvement des Gilets Jaunes. « Au moment des Gilets jaunes on rasait presque les murs », rappelle le sénateur Didier Rambaud (LREM-RDPI), invité de Public Sénat.

La figure du maire plébiscitée

Sans surprise, c’est toujours le conseil municipal qui est plébiscité avec 64 % d’opinions favorables (en hausse de 4 points). En comparaison, le Sénat et l’Assemblée nationale ne recueillent que 39 et 38 % d’opinions « confiantes » mais sont tout de même en nette hausse par rapport à 2019 (respectivement +6 et +7 points). Logiquement, c’est la figure du maire qui recueille encore une fois la plus grande confiance (65 %) des Français à l’inverse du président de la République actuel (37 %) et de son Premier ministre, dernier du classement à 34 %.

Au niveau des organisations indispensables à la société, ce sont le personnel médical et les hôpitaux qui sont en pole position avec des taux de confiance de 85 % et 81 %. Alors que se tient actuellement le « Beauvau de la sécurité », la confiance dans la police est en hausse à 69 %, malgré plusieurs affaires récentes de violences policières. Par comparaison, en février 2015, juste après les attentats de Charlie Hebdo, la confiance dans la police avait atteint 80 %. Les médias (28 %), les réseaux sociaux (17 %) et les partis politiques (16 %) sont les derniers du classement.

2lus_1.jpg

« Il y a un effet covid. Tous ceux qui sont aux commandes sont rétribués en termes de confiance. Cela ne veut pas dire que leur action est validée, mais ils vont bénéficier d’un regain de confiance », note Bruno Cautrès, politologue au Cevipof, invité de Public Sénat pour l’émission « Allons plus loin ». Professeur en sciences politiques à l’université de Nice, Vincent Martigny ajoute : « Dans cette période on a envie de s’accrocher à ce qu’on connaît. Mais il y a quand même un tassement du syndrome de l’homme fort. Et une majorité de gens qui souhaitent que les institutions soient plus démocratiques. »

Une meilleure appréhension de la démocratie…

Le jugement des Français sur le fonctionnement de la démocratie est à la hausse. Seuls 55 % d’entre eux estiment que la démocratie ne fonctionne « pas très bien » quand ils étaient 70 % en décembre 2018 ! Preuve d’une résorption du phénomène des Gilets Jaunes dont les rangs se sont considérablement clairsemés. Les Allemands et les Britanniques ont eux un meilleur jugement de leur démocratie puisqu’ils sont respectivement 67 % et 61 % à penser qu’elle fonctionne « bien ».

democratie_1_.jpg

« Le constat, c’est que la coupure avec l’ancien monde voulu par Emmanuel Macron n’a pas encore marché. Le fossé démocratique n’est pas encore comblé. Et le cœur du problème, il me semble que c’est la différence entre le discours politique et son application. Faut-il un effort de modestie pour la prochaine présidentielle ? Ou faut-il un changement des institutions ? Je pense que c’est plutôt vers là qu’il faut aller », analyse Bruno Cautrès. Pour Vincent Martigny, il n’y a pas de crise de la démocratie mais bien de la « représentation et de la confiance dans les institutions telles qu’elles fonctionnent ».

 

Mais une vision négative de la politique

Les Français sont également les derniers d’Europe à s’intéresser à la politique (49 %) quand ils sont 79 % en Allemagne et 69 % en Italie. Et pour cause, quand on interroge les Français sur le sentiment qu’ils éprouvent à l’égard de la politique, c’est la « méfiance » (39 %) et le « dégoût » (23 %) qui arrivent en premier. En tout, ils sont donc 77 % à répondre un mot négatif à la question. Seuls 10 % des sondés disent « avoir de l’intérêt » en pensant à la politique. Près de 65 % des Français estiment par ailleurs que leurs élus et dirigeants sont « plutôt corrompus ».

Plus généralement, à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, l’enquête d’opinion propose une photographie des opinions politiques des Français : le bloc de gauche (gauche et extrême gauche) cumule 24 % des sondés, le bloc de droite (droite et extrême droite) atteint 38 %. 17 % des Français se disent « centristes ». La « réduction des inégalités de revenus » est la proposition qui emporte la plus grande adhésion (76 %). Les sondés sont également une grande majorité (61 %) à penser que la PMA est une « bonne chose pour les femmes seules ou homosexuelles », alors que le Sénat l’a rejeté pour toutes les femmes lors de l’examen du texte.

La « lassitude » gagne les Français

Conséquence de la crise du covid-19, en un an, la part de Français ressentant principalement de la lassitude (41 %) et de la morosité (34 %) a bondi, dans des proportions supérieures à celles des Allemands ou des Britanniques (15 % et 31 %). Le qualificatif qui revient le plus souvent dans la bouche des Allemands et des Britanniques est la sérénité (40 % et 42 % des cas, dans les deux cas en baisse par rapport à la dernière vague).

« Il y a le sentiment diffus d’une crise, sans fin dont on ne verrait jamais la sortie », analyse au Monde Bruno Cautrès, politiste au CEVIPOF et spécialiste de l’analyse des comportements politiques. La méfiance des Français vis-à-vis des vaccins a quant à elle baissé mais se maintient toujours à 30 % de réfractaires. Enfin, dans l’ensemble, 58 % des Français jugent que le gouvernement ne gère pas « bien » la crise sanitaire, soit le plus haut pourcentage parmi ses voisins européens.

gestion_de_crise_2.jpg

Des conventions citoyennes « ponctuelles »

Demande des Gilets Jaunes, le format de la convention citoyenne a été sollicité sur le climat. L’expérience reste mitigée mais l’exécutif a promis de la réitérer à l’avenir. Les Français y sont en tout cas favorables : 34 % d’entre eux pensent qu’elles doivent être « ponctuelles et ne concerner que des grandes questions », mais 28 % affirment quelles « doivent être systématiques et venir compléter le travail du Parlement ». Quant à leurs recommandations, la majorité (55 %) trouve qu’elles devraient être « obligatoirement mises en œuvre par le gouvernement ».

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui permet à la société civile et aux citoyens de rendre des avis au gouvernement, est plébiscité par 54 % des Français « pour renforcer la confiance dans les institutions ». Seuls 21 % d’entre eux pensent l’inverse.

convention_1.jpg

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le