Contrôle aérien : les conclusions sévères d’un rapport sénatorial

Contrôle aérien : les conclusions sévères d’un rapport sénatorial

Le sénateur centriste, Vincent Capo-Canellas, a conduit un rapport fouillé sur le contrôle aérien français. De l’obsolescence des systèmes de navigation aux grèves des aiguilleurs du ciel, ses observations sont sans appel.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« Obsolescence des systèmes de la navigation aérienne », « carences (…) dans la gestion des programmes de modernisation » et « gros problèmes » liés aux « grèves des contrôleurs aériens ». Le rapport conduit par le sénateur centriste, Vincent Capo-Canellas, sur la modernisation des services de la navigation aérienne, dresse un portrait peu reluisant de l’état du contrôle aérien made in France. Fait au nom de la commission des Finances du Sénat, ce rapport de 160 pages déposé le 13 juin décortique un secteur peu connu du grand public. La France jouit pourtant de l’espace aérien le plus vaste et du trafic le plus important d’Europe. Un secteur primordial qui vit d’importants bouleversements tant sur le plan de la modernisation que sur le plan de la construction d'un « Ciel unique européen ».

Le contrôle aérien souffre d'un « problème de dialogue social »

Dans son rapport, le sénateur centriste épingle les « résultats pour le moins contrastés » de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA), un organe rattaché à Direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui serait « responsable de 33 % des minutes de retards enregistrés au niveau européen ». Selon Vincent Capo-Canellas, les principales causes de ces mauvais résultats sont l’obsolescence des systèmes de navigation, un ambitieux programme de modernisation qui souffre d’importants retards et les grèves des aiguilleurs du ciel. Contacté par Public Sénat, le sénateur évoque « un problème de dialogue social ». D’après son décompte, 254 jours de grève des contrôleurs aériens ont eu lieu de 2004 à 2016, loin devant le deuxième pays de ce classement, la Grèce, qui enregistre 46 jours de grève sur la même période.

« Les termes (de ce rapport) sont trop forts et laisse penser que la situation est dramatique »

« Sortir les chiffres à partir de 2004, ce n’est pas neutre », juge Nobert Bolis, secrétaire national de l’USAC-CGT, premier syndicat de la DGAC. Pour lui, « les termes (de ce rapport) sont trop forts et laisse penser que la situation est dramatique alors que nous garantissons la sécurité du trafic aérien ». Comme le souligne le rapport, la sécurité est au cœur des préoccupations de la DGAC. S'il ne veut pas minimiser les « problèmes de management du projet de modernisation » - évoquant même « une gestion un peu chaotique » - Nobert Bolis veut rappeler que « le contrôle aérien n’est pas la première cause des retards », se plaçant derrière les aléas météorologiques et autres contretemps. Le secrétaire général de l’USAC-CGT préfère attirer l’attention sur la baisse des effectifs de la fonction publique, dont ils font partie. Selon lui, il y a une baisse de 12 à 15 % des personnels affectés à la DGAC depuis 2008, alors que le trafic aérien n’a cessé d’augmenter ces dernières années.

Modernisation des systèmes : des retards et des surcoûts conséquents 

La modernisation des systèmes de navigation est également brocardée par le sénateur centriste. Et pour cause, les retards et les surcoûts de ces programmes sont conséquents. Le programme 4-Flight, qui est au cœur de cette entreprise de modernisation, est passé de 500 millions d’euros à 850 millions d’euros. Les négociations avec son concepteur, qui n’est autre le géant de l’aérospatiale Thalès, sont difficiles et le programme, qui devait être opérationnel en 2015, est désormais attendu pour 2023. Pour Vincent Capo-Canellas, le constat est sans appel et « une réforme en profondeur apparaît nécessaire ».    

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