Convention pour le climat : les 150  citoyens veulent préserver leur indépendance

Convention pour le climat : les 150 citoyens veulent préserver leur indépendance

Le Premier ministre Jean Castex, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et Marc Fesneau ont rencontré lundi 20 juillet des représentants de la Convention citoyenne pour le climat à Matignon. Objectif : établir un plan d’action et un calendrier de suivi pour mettre en œuvre les 146 mesures retenues par le chef de l’État.
Public Sénat

Par Sandra Cerqueira

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Ils étaient 14 pour représenter les 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat et commencer à assurer le suivi de leur travail auprès du gouvernement. Ils sont maintenant presque seuls face aux politiques, aux institutions, et à l’opinion publique, après neuf mois passés avec les structures qui les ont encadrés.

 « Nous sommes venus rappeler notre mandat : il ne s’agit pas de venir négocier ou réécrire nos propositions mais de les défendre et de les expliquer » explique Grégoire Fraty coprésident de l’association « les 150 », structure mise sur pied pour assurer le suivi de leurs propositions votées les 19,20 et 21 juin dernier lors d’une dernière session au Conseil économique, social et environnemental ( CESE).

«  Nous ne corédigerons pas » le projet de loi 

Autrement dit, pour les membres de la Convention, c’est maintenant à l’exécutif et aux parlementaires de faire leur travail. « Ils doivent prendre leur responsabilité. On sera là comme ressources mais pas vous valider ou invalider ce projet de loi. Nous ne le corédigerons pas. » ajoute Grégoire. « On a la responsabilité d'accompagner nos mesures parce qu'on ne veut pas qu'elles soient dévoyées, dénaturées, appropriées par certains et pas par d'autres, par un parti politique et pas par un autre…Les citoyens doivent rester garants de leur travail et rester indépendants et autonomes »

Convention citoyenne : "On sera là comme ressources pour le gouvernement » explique Grégoire Fraty co-président de
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«  Nous avons parlé de la forme et pas du fond »

« Si nous voyons que c’est le cas nous ferons jouer notre droit d’alerte comme nous l’a demandé Emmanuel Macron quand il nous a reçus à l’Élysée (ndlr: le 29 juin). On a senti un engagement fort du 1er ministre et on fera en sorte qu’il soit tenu » précise Corinne, membre de la Convention citoyenne pour le climat. Venue pour représenter le groupe « se loger », elle assure que tout changement devra être justifié. « Nous ferons toute la pédagogie nécessaire et nous serons le plus vigilants possible mais, par exemple, sur la rénovation globale et obligatoire des bâtiments que nous avons votée pour 2040. Si la date change ce sera leur problème, plus le nôtre. Pour l’instant nous avons parlé de la forme et pas du fond donc tout est encore à faire. On s’exprimera sur ce qui en sortira ensuite. »

Cette rencontre à Matignon visait donc à établir un plan d’action et un calendrier pour l’application des 146 mesures de la convention qui ont été soutenues par le chef de l’État. Les 150 citoyens ont proposé 149 mesures dans l'objectif de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2030, dont 146 ont été retenues par le Président Emmanuel Macron, sur des sujets très variés, du logement à l'alimentation, en passant par l'artificialisation des sols ou les transports.

Mise en place de groupes de travail de suivi

Les citoyens seront donc associés à des groupes de travail et de suivi avec les partenaires sociaux, les collectivités territoriales et les parlementaires. Au sein desquels pourront être créés des groupes thématiques ( correspondant aux groupes de la Convention : se loger, se nourrir, se déplacer, travailler et produire…)  Une façon d’assurer un suivi du projet de loi que le gouvernement doit rédiger avant la fin de l’été. Une première réunion aura lieu le 29 juillet. 

« Jean Castex a beaucoup insisté sur la déclinaison locale de nos mesures. Avec la volonté d’embarquer tout le monde, et de jouer la transparence. On ne peut qu’être d’accord » mentionne Corinne qui refuse que la Convention citoyenne ne soit qu’un alibi du virage vert de l’exécutif.  Par ailleurs, les 150 assurent vouloir continuer, en parallèle du travail institutionnel, d’assurer un suivi avec la société civile et les ONG.

« Maintenant, tout le travail va être un travail d'élaboration sur les différents types de mesures : celles d'ordre réglementaire sur lesquelles on va faire quelques annonces la semaine prochaine, et sur le processus législatif qui va prendre un petit peu de temps », a déclaré Barbara Pompili à la sortie de la rencontre.

Convention citoyenne : "On va faire quelques annonces la semaine prochaine" affirme Barbara Pompili
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Un projet de loi à la fin de l’été

« L'idée est de présenter un projet de loi à la fin de l'été, c'est-à-dire au tournant septembre-octobre et que le texte puisse être examiné en séance au début de l'année 2021» , a ajouté Marc Fesneau, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, assurant de la «volonté d'aller assez vite». « Passer des propositions à l'action, voilà notre mission» , a commenté Jean Castex sur Twitter. Les citoyens vont être associés à ce travail d'élaboration, avec une première échéance le 29 juillet.

 «On a vraiment à cœur d'aller au bout et de ne pas dénaturer ce qui a été proposé», a répondu Barbara Pompili. Mais « les citoyens ont bien compris qu'il y aura forcément des ajustements parce que la réalité concrète, on doit s'y frotter tous, nous, comme les citoyens.»

Éviter de rejouer le Grenelle qui « avait fait beaucoup de bruit » mais avec « peu de résultats »

Cyril Dion, l’un des garants de la Convention a affirmé qu’il y avait bien eu « des garanties qu’un processus de travail se mettait en œuvre. » Jean Castex « est fidèle à sa réputation de vouloir rentrer dans l'exécution», a-t-il commenté en sortant de la rencontre. « Je lui ai rappelé que le Grenelle de l'environnement avait fait beaucoup de bruit, avec beaucoup d'annonces, mais on avait finalement eu peu de résultats. Et l'idée n'est pas de repartir dans un processus similaire.»  Une réaction en guise d’avertissement, alors que certains défenseurs du climat continuent de craindre que l'environnement ne soit pas la priorité du nouveau gouvernement.

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