« Les troupes russes ont reçu des ordres spécifiques de cibler les civils », affirme Vadym Halaichuk, député ukrainien

« Les troupes russes ont reçu des ordres spécifiques de cibler les civils », affirme Vadym Halaichuk, député ukrainien

Vadym Halaichuk, vice-président à la commission de l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne au parlement ukrainien, la Rada s’est exprimé par visioconférence au cours d’un colloque organisé par la sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet ce lundi 4 avril. Une conférence sur l’indemnisation des victimes de la corruption et des conflits armés.
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Par Louis Dubar

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Plus d’un mois après le début de la guerre en Ukraine, le parlementaire ukrainien Vadym Halaichuk est intervenu au Sénat dans un message vidéo en direct. Le député s’est exprimé sur la découverte de massacres imputés aux forces russes dans la région de Kiev et appelle au renforcement des sanctions à l’encontre de la Russie.

La Russie accusée de « génocide »

« Les récits en provenance de Marioupol, des petites villes et villages dans la région de Kiev sont choquants et effrayants. Les troupes russes ont reçu des ordres spécifiques de cibler les civils. » Le député rapporte des témoignages collectés par les enquêteurs sur place. « Les soldats russes recherchaient spécifiquement les professeurs d’histoire et d’ukrainien. Deux septuagénaires ont été fusillées par les soldats russes simplement parce qu’elles étaient des professeures », souligne-t-il. Dans ces territoires occupés, « des meurtres de masse, des viols et des vols ont été commis à une échelle que le monde n’a jamais vue. »

Pour le député, les enquêteurs ukrainiens présents doivent poursuivre leur travail de collecte. « Ils rassemblent des témoignages et des preuves qui permettront à la communauté internationale de comprendre », explique-t-il. Ce travail d’investigation permettra d’identifier les crimes et les auteurs de ces méfaits. « Nous croyons que nous pouvons qualifier ces crimes de guerre de génocide », précise le député Vadym Halaichuk. Le lundi 4 avril, le président Volodymyr Zelensky en visite à Boutcha a également défini ces crimes, « de génocide. » Pour le député, les civils vivant dans ces régions étaient les victimes de ces exactions uniquement « parce qu’ils étaient Ukrainiens. »

De son côté Moscou a une nouvelle fois ce mardi qualifié d'« infondées » les accusations contre la Russie en lien avec Boutcha et exprimé ses doutes quant à la possibilité d’une enquête « impartiale ».

« Un embargo énergétique » total pour mettre fin à la guerre

Concernant les sanctions économiques appliquées par les Etats membres de l’Union européenne, le député de la Rada estime « qu’il est très important de poursuivre les efforts », notamment en renforçant et appliquant « un embargo commercial à l’encontre de la Russie et du Bélarus. » Pour l’élu, il est important d’accentuer la pression. « C’est le seul moyen de contraindre l’agresseur à des négociations plus ou moins acceptables », précise-t-il. Il reconnaît que les efforts demandés sont difficiles du fait de la dépendance de nombreux pays européens au gaz russe. « Nous savons qu’une grande partie des revenus du budget de l’Etat russe provient des exportations d’hydrocarbures », explique Vadym Halaichuk. Il évoque la possibilité de mettre en place un « embargo énergétique » qui serait « très douloureux » pour les Européens mais permettrait selon lui « de pousser la Russie à mettre fin à cette guerre. » « Concernant le réseau de transaction bancaire Swift, les mesures n’ont pas été efficaces », explique le parlementaire ukrainien. Les deux banques les plus impliquées dans le secteur de l’énergie, Gazprombank et Sberbank demeurent relativement « épargnées » par les mesures d’exclusion.

» Pour en savoir plus : La (co) dépendance énergétique de l’Europe et de la Russie en chiffres

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, Kiev a demandé une assistance militaire active de la part de l’OTAN et des Occidentaux, notamment avec l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne dans le ciel ukrainien. Sur ce point, le député ukrainien se veut réaliste : « Nous comprenons les difficultés liées à la mise en place d’une no-fly-zone. C’est quelque chose que nous ne pouvons plus espérer dans un avenir proche. » Néanmoins, le député demande la poursuite des livraisons d’armes à l’Ukraine, « si nous avons les bonnes armes, nous pourrons le faire nous-mêmes. »

Vadym Halaichuk attire l’attention de son auditoire sur la question de la sûreté et de la sécurité des réacteurs nucléaires ukrainiens. « Le moins que l’on puisse faire, c’est de s’assurer que ces installations bénéficient de toute l’attention de la communauté internationale », explique-t-il. Le député se félicite du départ des troupes du Kremlin du site de Tchernobyl, un site occupé depuis le premier jour de l’invasion. Au sud du pays, les six réacteurs de la centrale de Zaporijia sont toujours contrôlés par les forces armées russes. Le député de la Rada s’inquiète de ce « niveau de menace élevé » exercé par l’occupant. Il en appelle à la France, « un pays qui comprend très bien ces enjeux et qui a une très grande expertise sur ce qui doit être fait pour protéger ces installations. »

Sur le volet humanitaire, le parlementaire se veut rassurant sur les risques d’une crise alimentaire. « 10 millions de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit. Trois millions sont partis se réfugier à l’étranger et sept millions sont des déplacés internes. Leurs besoins sont satisfaits jusqu’à présent notamment grâce à l’aide internationale », explique-t-il. Depuis le 28 février et la signature d’un décret par le président Zelensky, l’Ukraine est candidate à l’adhésion européenne. Selon le député, une intégration de son pays à l’Union serait « le meilleur moyen de résoudre et de surmonter les résultats économiques imposés par cette guerre, une guerre que nous allons gagner, je peux vous le garantir. »

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