Plan hôpital : « Il est temps de faire de la Seine-Saint-Denis une zone prioritaire de santé »

Plan hôpital : « Il est temps de faire de la Seine-Saint-Denis une zone prioritaire de santé »

Dans une tribune, des médecins de Seine-Saint-Denis dénoncent le manque de moyens et réclament « l’équité sanitaire » dans ce département très touché par le Covid-19.
Public Sénat

Par Sandra Cerqueira

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« L'organisation du système de santé en France est fondée sur un accès universel aux soins, de qualité égale pour tous les malades quelles que soient leurs origines sociales et leurs revenus » Ainsi débute la tribune publiée ce week-end dans le Journal du Dimanche par le Professeur Martinod et une dizaine de médecins de différents hôpitaux en Seine-Saint-Denis, département durement touché par le Covid-19 et sous-doté. Ils réclament des lits de réanimation et des créations de postes de soignants, « l’équité sanitaire » pour le département métropolitain le plus pauvre de France.

En Seine-Saint-Denis, « les inégalités tuent faute de moyens »

En 2019, le département a connu la plus forte évolution de mortalité d’Île-de-France en nombre de décès (+ 118,4 % par rapport à 2019) et le Covid-19  y a généré une plus grande surmortalité qu’ailleurs. « En Seine-Saint-Denis, les inégalités tuent faute de moyens mais les difficultés sont là au quotidien depuis longtemps » lance Yohan Saynac, médecin à Pantin depuis plus de trois ans. Récemment, le docteur Saynac a reçu un patient travaillant au noir. « Une blessure au talon qui ne lui permettait pas de retravailler. Quand ça arrive, nous devons, même si ce n’est pas votre cœur de métier, accompagner la personne pour l’aider à s’orienter vers les services sociaux utiles. C’est parfois compliqué et ça prend du temps. »

Plus de pathologies lourdes

Le réseau des médecins de ville y est également moins important qu’ailleurs. Les délais pour obtenir un rendez-vous plus long. Un an en moyenne pour consulter une orthophoniste. « Ce qui complique la détection précoce de pathologies lourdes, dont la plupart sont liées aux origines modestes de la population » explique encore le D. Saynac. « La charge de travail n’est pas la même quand les patients cumulent problèmes de santé et problèmes sociaux. On réclame des moyens pour travailler correctement. »

Un rapport de 2018 pointe les défaillances de l’État

Ce à quoi s’ajoute, selon le sénateur Vincent Capo-Canellas, une crise de l’hôpital public particulièrement marquée en Seine-Saint-Denis. « Un réseau de centres municipaux de santé performants avec des professionnels investis continue d’exister, malgré les coupes budgétaires, et grâce à l’investissement des villes, mais la situation reste alarmante. » s’inquiète le sénateur UC de Seine-Saint-Denis. Il rappelle qu’un 2018 un rapport parlementaire des députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo recensait les inégalités et les défaillances de l'État dans le département.

« Des sous-effectifs injustifiables »

Selon le rapport, les moyens investis par la puissance publique en Seine-Saint-Denis apparaissent ainsi très insuffisants : il manque des enseignants, des magistrats, des policiers, alors que les besoins dans le "9-3" sont colossaux. Pointant des « sous-effectifs injustifiables à mission égale » par rapport aux autres territoires.  Il y a seulement 9,4% d'officiers de police judiciaire (des enquêteurs) au sein des forces de l'ordre dans le 93, contre 16,9% à Paris… alors que le département du nord de la capitale affiche le plus fort taux de criminalité de l'hexagone.

En octobre 2019, Édouard Philippe avait préconisé 23 mesures pour rétablir l'équilibre, dont un volet sur la santé concluant ainsi son discours : « La Seine-Saint-Denis ne se contentera pas de mots. Elle attend des actes, des solutions, de l’efficacité. »

« Nous réclamons l’égalité républicaine »

« On attend que ce gouvernement passe des mots aux actes ! Cette crise est venue révéler une nouvelle fois ce qu’on répète depuis des années : la disparité de moyens et pas seulement dans le domaine de la santé » s’insurge Philippe Dallier. « De manière plus large, nous réclamons l’égalité républicaine. » Avec plus d’un million et demi d’habitants, la Seine-Saint-Denis avait à disposition en 2018, 100 lits de réanimation contre le double dans les Hauts-de-Seine qui compte 300 000 habitants de moins. « On attend une bonne fois pour toutes des moyens spécifiques. Un vrai rééquilibrage » affirme le sénateur LR de Seine-Saint-Denis.

Une demande partagée par Vincent Capo-Canellas. Le sénateur UC souhaite que dans le plan Véran comporte des mesures dédiées au département. « On ne comprendrait pas que la réponse ne soit pas à la hauteur de l’urgence. Il est temps de faire de la Seine-Saint-Denis une zone prioritaire de santé. »

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