Eoliennes : « Je comprends la colère de Stéphane Bern », assure la sénatrice Sophie Primas

Eoliennes : « Je comprends la colère de Stéphane Bern », assure la sénatrice Sophie Primas

Supercherie inesthétique et dépendante de lobbys pour les uns, outil d’avenir pour lutter contre le réchauffement climatique pour les autres… Les éoliennes se retrouvent ces derniers jours au cœur du débat politique. Alors que la ministre de la Transition écologique a demandé aux préfets de définir les futures zones de développement du parc éolien en France, le Rassemblement national a décidé de s’y opposer, tout comme Stéphane Bern dans une tribune au vitriol. A la Chambre haute, les sénateurs qui ont déjà beaucoup travaillé sur le sujet, sont très partagés.
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Six mois. C’est le délai qu’a donné le gouvernement aux préfets de régions pour cartographier « les zones favorables » à l’installation de parcs éoliens, selon une circulaire publiée vendredi 28 mai. Si Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique souligne l’importance d’une concertation avec les habitants et les élus, elle a surtout rappelé « l’importance de développer l’éolien en France », afin d’atteindre les objectifs de développement des énergies renouvelables inscrits dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). A savoir : « Une multiplication des capacités installées pour le solaire photovoltaïque et l’éolien, respectivement par 5 et 2,5 pour 2028 ».

Une pression mise directement sur les préfets pour que la France soit dans les clous de ses engagements climatiques, qui a fait vivement réagir Stéphane Bern. Le monsieur Patrimoine français, qui a été missionné par Emmanuel Macron pour sauver des bâtiments en péril dans toute la France, a en effet signé hier une tribune au vitriol dans Le Figaro contre les éoliennes et leur déploiement futur dans le pays.

Stéphane Bern : « C’est un déni de démocratie »

« Madame Pompili perpétue des mensonges d’Etat. Les éoliennes sont un déni de démocratie, car elles n’ont rien d’écologiques. Les éoliennes, ce sont des matériaux construits en Chine, jusqu’à 500 m3 de béton coulé par socle qu’on ne pourra jamais enlever, des cimetières de pales entiers, car on ne peut pas les recycler, des oiseaux migrateurs complètement déboussolés… C’est ça l’énergie verte dont on nous parle ? On me demande, et je le fais bénévolement, de sauver le patrimoine français : il est donc aujourd’hui normal que je mène ce combat pour créer un électrochoc dans le pays », explique Stéphane Bern à Public Sénat.

« La colère est en train de monter, comme les Gilets Jaunes »

Mais l’animateur de télé va même plus loin dans son analyse, et est persuadé que le mouvement anti-éolien va prendre de l’ampleur et cristalliser les débats des prochaines échéances électorales. « Ce que les bobos parisiens ne voient pas, c’est qu’une colère est en train de monter en France, et ça, le gouvernement va le payer politiquement. Le collectif « Vent des maires » rassemble déjà plus d’un millier de maires contre l’installation de nouvelles éoliennes et quand je rencontre les préfets lors de mes déplacements, ils me disent qu’ils ne sont pas du tout favorables à l’arrivée de nouvelles éoliennes chez eux. Cette colère est terrible, et c’est pour moi une forme de mobilisation très semblable à celle des Gilets Jaunes », râle Stéphane Bern, en assurant « faire simplement son travail de citoyen en tant qu’homme libre qui ne roule pour personne ».

« On milite depuis des années au Sénat sur le sujet »

Ce cri de colère qui a fait très largement réagir la classe politique depuis hier, notamment à l’extrême droite, Sophie Primas, la présidente de la Commission des Affaires économiques au Sénat, « le comprend ». « Stéphane Bern est un défenseur des paysages et des territoires, son combat est logique », confie-t-elle.

Mais la sénatrice se montre malgré tout moins critique sur l’intérêt de tels dispositifs produisant de l’énergie renouvelable. « Le problème avec les éoliennes, c’est qu’on ne résonne jamais en cycle de vie. On est uniquement dans l’affichage aujourd’hui. C’est blanc ou noir ! Mais il faut se poser les bonnes questions avant de savoir s’il faut en installer où pas : qu’est-ce qu’elles nous apportent, quelle est leur durabilité, dans quels territoires sont-elles les plus efficaces ? », lance la sénatrice LR des Yvelines. Avant d’ajouter : « On milite au Sénat depuis des années pour étudier les cycles de vie des éoliennes, mais le gouvernement n’a pas voulu inscrire cette grande réflexion dans la loi climat ».

« On espère que le texte du Sénat sera plus ambitieux »

Après avoir été adopté par l’Assemblée nationale, le projet de loi « climat et résilience » sera justement examiné à partir du 15 juin par le Sénat et la question des éoliennes n’y figure quasiment pas. « Il y aura peut-être des amendements sur le sujet, mais les éoliennes et la question des énergies renouvelables ont déjà été abordées dans la PPE », confirme Sophie Primas.

Ce que regrette le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard, qui espère que le texte revu par les sénateurs sera « plus ambitieux que celui du gouvernement ».

« Un plan énergétique par territoire »

« Les éoliennes ont mauvaise presse, car elles se voient et parce que certains élus conservateurs se retrouvent juste devant leurs yeux avec un nouveau modèle de société plus respectueuse de l’environnement. Je rappelle qu’une éolienne peut se démonter en deux jours, alors qu’une centrale nucléaire, c’est sans doute deux siècles », explique-t-il. « Mais la vraie question, ce n’est pas de savoir si les éoliennes, ce n’est pas beau. La vraie question, c’est de décliner le mix énergétique au niveau local. Il faut s’appuyer sur l’éolien en se demandant ce qu’on est prêt à accepter et ensuite permettre à ce que les collectivités et les habitants puissent prendre la main sur la consommation d’énergie pour être autonomes », propose le sénateur EELV de l’Isère.

L’idée de Guillaume Gontard : « Mettre en place un plan énergétique par territoire ». « L’habitant serait alors partie prenante, car il a mis un peu d’argent dans le financement du parc éolien, et il a ensuite un droit de regard à travers la collectivité », préconise l’élu écologiste « pour lutter contre le lobby éolien qui met la pression sur les maires ». Un lobby que dénonce Stéphane Bern dans sa tribune en fustigeant « le diktat éolien soutenu à coups de subventions européennes et de puissants lobbys industriels et financiers ».

« Les éoliennes ne permettent pas de décarboner un pays »

Pour le sénateur LR Jérôme Bascher, si les éoliennes sont autant remises en cause aujourd’hui, « c’est parce qu’on en est gavés et que c’est une énergie qui ne permet de décarboner la France, puisqu’elles fonctionnent que 25 à 30 % du temps ». « Dans les Hauts de France, Xavier Bertrand s’est très tôt prononcé contre l’implantation de nouvelles éoliennes, et le Rassemblement National qui l’affronte pour les régionales a repris le sujet à sa guise », ajoute le sénateur de la Somme, qui a vu « des maires, notamment de petites villes avec peu de ressources, accepter de construire des éoliennes sur leur commune uniquement pour bénéficier en échange, de recettes à utiliser de la façon dont ils le souhaitent dans leur budget municipal ».

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