Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles

Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles

Alors qu’une enquête interne de Polytechnique révèle l’importance des violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles, Laurence Rossignol appelle à « démasculiniser » ces « lieux de pouvoir », quitte à passer par des quotas. Une condition « nécessaire », d’après elle, pour lutter contre ces violences.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Une enquête interne de Polytechnique, à laquelle Le Monde a eu accès, révèle que près d’une étudiante sur quatre interrogée déclare avoir été victime d’une agression sexuelle dans le cadre de leur scolarité, tandis que onze jeunes femmes disent avoir été victimes de viol ou de tentatives de viol entre 2018 et 2022. Des faits qui dépassent largement « des affaires de comportements désinhibés » pour Laurence Rossignol, sénatrice socialiste et membre de la délégation aux droits des femmes : « Ces écoles sont des machines à produire des personnes qui feront partie des élites, il y a de véritables enjeux. Et dans ces écoles qui forment à entrer dans des lieux de pouvoir masculins, les violences sexistes et sexuelles sont des armes de dissuasion vis-à-vis des filles qui pourraient y entrer. »

« Les violences sexuelles ce sont des marques d’hostilité pour signifier aux filles qu’elles ne sont pas les bienvenues »

D’après l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, il y a « un lien entre la résistance à la féminisation des lieux de pouvoir et l’usage des violences sexistes et sexuelles comme arme de dissuasion. » Le « faible nombre de filles qui se présentent à ces concours est assez éloquent », ajoute-t-elle. Effectivement, en l’occurrence, seules 17 % des élèves de Polytechnique sont des femmes : « On peut faire toutes les campagnes d’information, de communication, ça ne bouge pas. Les filles ne se présentent pas à Polytechnique parce que ce sont des lieux hostiles. Les violences sexuelles, la misogynie, ce sont des marques d’hostilité pour leur signifier qu’elles ne sont pas les bienvenues. » Laurence Rossignol dresse un constat « d’échec de la pédagogie de la féminisation », et qu’après « 40 ans à s’émouvoir de la faible proportion de filles dans ces écoles, on peut se dire qu’on a fait le tour de l’incitatif. »

Dans un tweet, la sénatrice en appelle à mettre en place des quotas de mixité : « Démasculiniser ces lieux est une condition pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. La mixité est toujours le meilleur moyen. » Pourtant nombre des révélations autour des violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles concernent des écoles de commerce, beaucoup plus féminisées. « Je ne dis pas que la mixité est une solution universelle mais c’est a minima une condition », répond la sénatrice socialiste, qui poursuit : « Il y a des écoles où les filles ont beaucoup de mal à faire changer la culture d’une école, et il n’y a de toute façon jamais de solution miracle. » D’autant plus qu’au-delà de la question des violences sexuelles, « c’est un vrai problème pour la France qu’il y ait si peu de filles dans les écoles d’ingénieurs, qui se passent des femmes. Cela pose des problèmes de formation, de niveau, de compétences. »

Dans la même thématique

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le

Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles
4min

Société

« J’ai toujours été frappé par le degré de bienveillance dont je bénéficie », François Molins

Entre 2012 et 2018, une série d’attentats touche la France. Dans la tourmente, une voix rassurante émerge, celle de François Molins, procureur de la République. Pédagogie et sang-froid ont toujours été de mise dans ses prises de parole. Tant et si bien qu’un lien fort s’est construit entre les Français et lui. Comment a-t-il traversé ces moments de terreur ? Comment explique-t-il la sympathie des Français à son égard ? Cette semaine, François Molins est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le

Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles
3min

Société

« Quand j’ai abordé les viols sur enfants, j’ai reçu beaucoup de courriers me traitant de rabat-joie », Mireille Dumas

Dans son émission « Bas les masques » ou encore « Vie privée, vie publique », Mireille Dumas a mis en lumière des parcours de vie peu écoutés, et pourtant loin d’être des cas isolés. Alors que les féminicides étaient qualifiés de « crimes passionnels », elle dénonçait déjà les violences perpétrées à l’encontre des femmes, des enfants et des minorités de genre. Quel regard porte-t-elle sur l’évolution de la société sur ces questions ? Comment explique-t-elle son intérêt pour les autres ? Cette semaine, Mireille Dumas est l’invitée de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le