1er mai à Paris: syndicats et opposition incriminent le gouvernement pour sa gestion des violences

1er mai à Paris: syndicats et opposition incriminent le gouvernement pour sa gestion des violences

Les syndicats CGT et Solidaires, de même que plusieurs responsables politiques d'opposition, ont vivement critiqué le dispositif...
Public Sénat

Par Fabrice RANDOUX, Arnaud BOUVIER

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les syndicats CGT et Solidaires, de même que plusieurs responsables politiques d'opposition, ont vivement critiqué le dispositif sécuritaire mis en place mercredi à Paris pour répondre aux violences des radicaux lors de la manifestation du 1er mai, mais le gouvernement s'est défendu.

Pour Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, "il y a un problème" avec le préfet de police Didier Lallement et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Avant même le départ de la manifestation, en début d'après-midi, le leader syndical avait été contraint de quitter le cortège de tête, après avoir été pris à partie par des radicaux.

La police a "tiré des gaz lacrymogènes sur la CGT", alors que les militants syndicaux étaient "très identifiables", a dénoncé M. Martinez en fin de journée sur BFM-TV. Lui-même confie avoir dû "reculer", car "vous savez, les gaz lacrymogènes, malgré le 1er mai, ne sont pas parfumés au muguet".

Il est revenu dans le cortège par la suite, en s'en prenant à M. Castaner et aux forces de l'ordre.

"Pour un ministre de l'Intérieur qui nous avait dit +je maîtrise la situation, j'ai changé le préfet, vous allez voir ce que vous allez voir+, eh bien, on a vu", a-t-il dit aux médias, une fois revenu dans le cortège de tête, visiblement très énervé. "Des coups (ont été) portés à des camarades de la CGT bien identifiés" par des forces de l'ordre, a-t-il assuré en fin de journée.

Plus tôt, la CGT avait dénoncé dans un communiqué "une répression inouïe et sans discernement" de la part des forces de l'ordre, en réponse aux "actes de violence de certains".

Dans une interview sur leparisien.fr, le ministre s'est dit "surpris" des accusations de M. Martinez. "Nous avons un bilan qui montre l’efficacité du dispositif mis en place à Paris mais aussi en province," a-t-il dit.

Concernant le leader syndical, "en aucun cas, il n’a été délibérément ciblé. Quand j’ai appris qu’il avait quitté le cortège, je lui ai adressé un message. Nous avons tout fait pour que le cortège puisse partir à l’heure prévue et cela a bien été le cas. Ce sont les casseurs qui ont voulu voler ce traditionnel rassemblement syndical", a insisté le ministre.

La préfecture de police aussi a réfuté ces accusations. "La CGT n'a jamais été la cible des policiers et gendarmes qui ont assuré leur mission avec détermination face à des casseurs violents", a-t-elle assuré dans un communiqué posté sur Twitter. "Les forces de l'ordre ont pour mission de faire respecter l'ordre républicain, qui permet à chacun d'exprimer ses opinions en toute sécurité", a-t-elle encore commenté.

- 'Colère sociale' -

Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, a accusé la police d'avoir "essayé de voler" le 1er mai aux organisations syndicales. "On n'a pas arrêté d'être harcelés par les forces de l'ordre. J'ai dû répondre à une interview avec un masque à cause des gaz lacrymogènes" juste avant le départ de la manifestation parisienne, a-t-il raconté à l'AFP.

La mise en cause des forces de l'ordre a également fait réagir le syndicat de police Alliance, pour qui "les policiers ont fait leur travail avec professionnalisme". Au lieu de "s'attaquer injustement à nos collègues", M. Martinez "ferait mieux de les défendre, de les soutenir et surtout les remercier de l'avoir protégé", a affirmé un porte-parole du syndicat policier.

Plusieurs responsables d'opposition ont également imputé au gouvernement la responsabilité des heurts. Pour la présidente du RN Marine Le Pen, le mouvement des gilets jaunes est "victime" des images de violence, ce qui "arrange" l'exécutif. "C'est le gouvernement qui exclusivement porte la responsabilité des violences qui se déroulent aujourd'hui", a-t-elle accusé. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF), a dénoncé de son côté un "laxisme d'Etat".

Du côté de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a fustigé "une forme d'incompétence, d'incapacité à doser l'usage de la force de la part de monsieur Castaner".

"Le gouvernement peut se frotter les mains", a twitté de son côté l'élu parisien Ian Brossat, tête de liste PCF aux Européennes. "On ne parle pas des 240 défilés qui se sont déroulés dans le calme partout en France, plus fournis que l'an dernier. On ne parle pas de la colère sociale, des salaires et des délocalisations. Lamentable", a-t-il ajouté.

Dans la même thématique

La commission mixte paritaire sur la loi d’orientation agricole est conclusive.
6min

Politique

Loi d’orientation agricole : en commission mixte paritaire, députés et sénateurs s’accordent sur un texte proche de celui voté au Sénat

À peine voté au Sénat, le projet de loi d’orientation agricole a fait l’objet d’un compromis en commission mixte paritaire. La nouvelle version du texte laisse la part belle à plusieurs mesures introduites par les sénateurs, notamment le principe de « non-régression » de la souveraineté alimentaire et la dépénalisation de certaines atteintes à la biodiversité. L’opposition dénonce un débat « au pas de charge ».

Le

« Cela va être serré » : l’avenir de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel toujours très incertain avant ses auditions
7min

Politique

« Cela va être serré » : l’avenir de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel toujours très incertain avant ses auditions

Chaque voix comptera pour le candidat d’Emmanuel Macron à la présidence du Conseil constitutionnel. Après l’avoir auditionné chacune à leur tour, les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat décideront au cours d’un vote, qui s’annonce disputé, si elles confirment ou rejettent cette désignation. La droite sénatoriale fait part de ses doutes et ne donne pas de consigne de vote. Les députés du RN, qui détiennent aussi la clé du scrutin, maintiennent le suspense.

Le

1er mai à Paris: syndicats et opposition incriminent le gouvernement pour sa gestion des violences
3min

Politique

Finances publiques : « Ce qui va être nouveau, c'est l’association que nous allons avoir des parlementaires », assure la ministre des comptes publics 

Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin s’est félicitée de l’adoption définitive des textes budgétaires. La ministre promet de poursuivre la trajectoire de réduction du déficit et d'associer plus largement les parlementaires dans le suivi des dépenses.

Le

1er mai à Paris: syndicats et opposition incriminent le gouvernement pour sa gestion des violences
5min

Politique

LR : la campagne de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence du parti officiellement lancée

L’élection du futur président des Républicains se tiendra les 17 et 18 mai. À la fois ministre et candidat, Bruno Retailleau assure que la guerre des chefs « ne viendra pas de lui ». En face, Laurent Wauquiez, qui espérait s’imposer naturellement à la tête du parti, répète que cette fonction n’est pas compatible avec l’agenda d’un ministre.

Le