20 ans de l’assassinat du préfet Érignac : les temps forts de la cérémonie

20 ans de l’assassinat du préfet Érignac : les temps forts de la cérémonie

Cérémonie de commémoration ce mardi matin en mémoire de Claude Érignac, assassiné à Ajaccio le 6 février 1998. La veuve du préfet, Dominique Érignac a livré un hommage émouvant, aux côtés de ses enfants, soulignant que  « la page n'est pas tournée ». Emmanuel Macron, pour qui cet assassinat ne se « justifie pas » et « ne se plaide pas » a déclaré que la justice serait « suivie, sans amnistie ». Le chef de l'État rappelle « que la République doit conserver cette ambition de ménager à la Corse un avenir » mais sans la faire sortir du « giron républicain ».
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12H05 : « Nous souhaitons majoritairement rester dans le cadre de la République française » affirme Jean-Jacques Ferrara

« Nous souhaitons majoritairement rester dans le cadre de la République française » affirme Jean-Jacques Ferrara
01:29

Alors que le chef d’État doit préciser demain ses intentions sur le statut de l’île, il a néanmoins évoqué, lors de cet hommage chargé d’émotions, « l’union indéfectible » de la République. Pour le député LR de la Corse du Sud, Jean-Jacques Ferrara, « ces propos sont ceux de la fonction qu’il incarne ». Le parlementaire estime « qu’indépendamment des succès électoraux de la famille nationaliste », « il y a une volonté partagée par les gens qui vivent en Corse, qui élèvent leurs enfants en Corse, qui travaillent en Corse, de rester au sein de la République française. En ce qui me concerne je n’en ai jamais douté, donc ce sont des propos qui ne sont pas de nature à m’impressionner ou à me décevoir. Nous souhaitons majoritairement, je pense, rester dans le cadre de la République française » a conclu Jean-Jacques Ferrara.

11h50 « La justice de la République sera suivie sans complaisance, sans oubli, sans amnistie », affirme Emmanuel Macron

Hommage C.Erignac: "la justice sera suivie sans complaisance, sans oubli, sans amnistie"
00:32

Interrompu par les applaudissements, le chef de l’État a levé le voile sur une décision très attendue : l’amnistie des « prisonniers politiques ». La requête des dirigeants nationalistes ne sera vraisemblablement pas satisfaite. Emprisonnés en métropoles, certains prisonniers pourraient toutefois être transférés sur l’île.

Emmanuel Macron a salué le courage et la dignité de la famille du préfet Claude Érignac. « Vous avez sauvé la Corse de ses démons, vous avez su, alors que vous étiez si douloureusement atteint, porter votre désir de justice avec courage, dignité, retenue et imposer à tous les tenants d’une dérive meurtrière, à tous les artisans du désordre et de la confusion », a poursuivi le chef de l’État. « C’est la justice de la République qui a été rendue et elle sera suivie sans complaisance, sans oubli, sans amnistie. »

Autre clarification présidentielle, Emmanuel Macron souligne que « la République doit conserver cette ambition de ménager à la Corse un avenir qui soit à la hauteur de ses espérances sans transiger avec les requêtes qui la feraient sortir du giron républicain ».

« Le nom de Claude Érignac apposé ici  et cet olivier, symbole de concorde, sont un appel à la raison et le ferment d’un dialogue renouvelé, refondé, assaini », a-t-il poursuivi. Le discours cadre d’Emmanuel Macron concernant l’avenir politique de la Corse se tiendra mercredi à Bastia. Si la teneur de ce message est susceptible d’évoluer, le chef de l’État l’assure, il est déterminé à « rompre ces faux-semblants et à reprendre le chemin de la franchise, de la responsabilité et de la construction de l’avenir sans non-dits et sans détours ».

11h40 « Son assassinat a fait de Claude Érignac un de ces martyrs laïcs », affirme Emmanuel Macron

« Il aura fallu cet odieux attentat pour que nous comprenions combien ce qui nous unit est plus fort, plus durable que ce qui nous oppose », déplore Emmanuel Macron. Rendant hommage au préfet Claude Érignac, assassiné par un commando nationaliste il y a 20 ans, le chef de l’État a longuement salué une figure sacrificielle de la République. « La haute figure de Claude Érignac a empêché que le scandale de sa mort n’entraîne, à sa suite, le pire », affirme-t-il. Et de déclarer que « son assassinat a fait de Claude Érignac un de ces martyrs laïcs parce qu’ils ont cru en leur mission, parce qu’ils ont été fidèles à leur vocation ».

« La République n’a pas cédé, elle a tenu bon face à la provocation ultime et la Corse n’a pas sombré, elle a résisté à la spirale de violences dans laquelle voulaient l’entraîner ces apôtres du crime », a poursuivi le président de la République. Sans doute soucieux de ne pas mettre tous les nationalistes dans un même sac, Emmanuel Macron a précisé que « même ses adversaires » avaient été « révulsés » par la mort de Claude Érignac. Le chef de l’État a également rappelé l’émoi des Corses suite à cet attentat qui « sont venus en nombre et en silence rendre un hommage poignant à son épouse et à ses enfants au moment de leur départ de l’île ».     

À travers l’hommage rendu à Claude Érignac, Emmanuel Macron a tenu à saluer l’action du corps préfectoral dans son ensemble. « Il était un membre éminent de ce corps préfectoral qui assure depuis plus de deux siècles la continuité de l’État et l’unité de la nation. »

11h30. Emmanuel Macron rend hommage à Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Sarkozy

Hommage à C.Erignac: "Nous scellons notre union indéfectible dans la République"
01:24

Alors que le chef de l’État est notamment accompagné dans son déplacement par Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur lors des faits, il a salué « ici la mobilisation engagée par Jean-Pierre Chevènement des services d’enquête, qui sous la conduite des magistrats, ont permis quelques années plus tard, quand Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur – et je veux saluer sa détermination extrême – d’arrêter (…) et de faire condamner les auteurs et complices de cet assassinat ».

11h5. Emmanuel Macron : « Ce fut un assassinat, un attentat »

« C’était il y a 20 ans, exactement. Le soir du 6 février 1998, alors qu’il se rendait au théâtre, (…) le préfet Claude Erignac était lâchement assassiné de trois balles dans la tête, tirées par-derrière, à bout portant. Ce fut le premier préfet à tomber en temps de paix ». C’est en rappelant les faits qu’Emmanuel Macron a commencé son discours d’hommage au préfet Claude Erignac, depuis Ajaccio, en Corse.

Hommage à Claude Erignac: "la Corse a été salie par ce crime" (Emmanuel Macron)
02:40

Un discours où le président de la République a condamné avec des mots durs cet assassinat, arrivé dans la rue où Emmanuel Macron se trouve, 20 ans plus tôt. « Ce qui s’est passé ici ne se justifie pas, ne se plaide pas » a souligné le chef de l’État. « Ce fut un assassinat, un attentat ». « On a tué un homme parce qu’il était un serviteur de la République ». Une « infamie qui, à jamais, déshonore leurs auteurs ». « C’est un de ces actes de terrorisme dont notre Nation a eu récemment à subir la barbarie » insiste-t-il.

Et de rappeler que « cinq jours après, (…) lors des plus grandes manifestations que l’île n’ait jamais connues, on compta jusqu’à 40.000 personnes ». « La Corse, terre de fierté et de dignité, a été salie par ce crime. C’est pour cela qu’elle s’est levée » lance Emmanuel Macron.

11h20. « La République n'oubliera jamais », déclare Dominique Érignac

Dominique Erignac: "La République n'oubliera jamais"
08:26

Après l’inauguration de place au nom de Claude Érignac, la veuve du préfet a pris la parole, entourée de ses deux enfants. Dans un discours empreint d’émotion, Dominique Érignac est revenue sur la longue période de deuil et de douleur qui a suivi l’assassinat de son mari, depuis le 6 février 1998. « Depuis 20 ans, il ne nous est permis de vivre qu’avec le souvenir de Claude, mon mari. C’est la peine sans fin à laquelle les terroristes qui ont assassiné mon mari, nous ont condamnés tous les trois, mes enfants et moi. »

Ce lieu qu’elle a qualifié de « maudit » au début de son intervention, est désormais un « lieu de paix de fraternité » et représente le « souvenir ». « Sa force symbolique aurait, je crois, beaucoup plus à Claude qui était un homme de dialogue et de paix », a rendu hommage Dominique Érignac.

Outre l’homme, c’est également le préfet qui était célébré aujourd’hui. « Il faut se souvenir qu’à travers Claude, mon mari, c’est la République qu’on a voulu toucher et abattre. Venir ici, montrer que la République existe et se souvient est un acte fort », a déclaré la veuve du préfet. « C’est surtout une manière de dire que la République n’oublie pas, n’oubliera jamais ce qui s’est passé il y a 20 ans. »

« C'est également attester que la page n'est pas tournée. Comment pourrait-elle l'être d'ailleurs, alors qu'elle est tâchée de sang. »
Dominique Érignac 

Face au chef de l’État, aux ministres et aux parlementaires présents, Dominique Érignac « espère que la République ne faiblira jamais en Corse ». « Oublier un crime est un crime » : cette citation inscrite par le préfet sur l’un de ses carnets de notes au cours lors de la visite du mémorial juif de Nancy, reste dans la mémoire de son épouse. « J’espère que nous n’aurons jamais à dire donner raison aux criminels est un crime », a-t-elle conclu.

11h15. Arrivée d’Emmanuel Macron

À son arrivée, le chef de l’État a salué Dominique Erignac puis a déposé une gerbe de fleurs en l’hommage de son défunt mari. Après une Marseillaise, et accompagné de la veuve Erignac, Emmanuel Macron a inauguré la plaque de la place Claude Erignac écrite en français et en corse.

Hommage à Claude Erignac: arrivée d’Emmanuel Macron
04:21

10h40. La veuve du préfet Erignac arrive accompagnée du président du Sénat, Gérard Larcher

C’est un événement à suivre en direct à partir de 10h30 sur Public Sénat. Le président de la République rend hommage ce matin au préfet Claude Erignac, 20 ans jour pour jour après son assassinat. Pour cette première visite officielle en Corse, Emmanuel Macron est à Ajaccio, là où le 6 février 1998, le préfet de Corse a été tué de trois balles. Une venue très attendue par les dirigeants nationalistes de l’île, qui attendent un « dialogue sans tabou » pour obtenir plus d’autonomie.

Aux côtés du chef de l’État : la famille du préfet, le président nationaliste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, qui, avant d'être élu, a été l'un des avocats d'Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l'assassinat de Claude Erignac. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur au moment des faits, sera également présent.

 

 

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