Accord du Brexit sur la pêche : « On est passés à côté de la catastrophe », estime Annick Girardin

Accord du Brexit sur la pêche : « On est passés à côté de la catastrophe », estime Annick Girardin

Invitée de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous » ce mardi, la ministre de la Mer a tenu à rassurer les pêcheurs français sur les conditions de l’accord passé avec le Royaume-Uni sur la pêche, notamment dans les eaux de Jersey.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

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Les pêcheurs français pourront-ils continuer de lâcher leurs filets dans les eaux britanniques ? Invitée de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », la ministre de la Mer, Annick Girardin est revenue sur les conditions de l’accord passé avec le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit. « Pessimiste » avant Noël, de son propre aveu, la ministre s’est félicitée de l’accord obtenu par Emmanuel Macron et par son secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune. Cause de l’inquiétude de la filière : une réduction de 25 % des quotas de pêches est prévue d’ici 2 026. Mais à écouter la ministre, « avec cet accord, les pêcheurs ne seront pas les victimes du Brexit ».

Preuve en est, « les Britanniques voulaient récupérer 80 % de leurs quotas, ce sera finalement 25 % », souligne Annick Girardin. « Et ils voulaient qu’on sorte en totalité de leurs eaux, mais nous avons gardé la totalité des accès. » Selon la ministre, il y a encore « des contraintes, mais on est passé à côté de la catastrophe ».

Restent-ils des points de friction ? C’est le cas dans les eaux de l’île de Jersey. Et pour cause : les pêcheurs doivent désormais justifier d’une « condition d’antériorité », pour y lâcher leurs filets. Ces eaux n’acceptent plus que 57 navires, dont 36 Normands et 119 bateaux sont exclus d’un coup selon Ouest France. « Le traité de la baie de Granville (ancien traité régissant les eaux de Jersey) est supprimé par ce nouvel accord de pêche qui dit que nous pouvons aller dans la baie de Jersey avec des licences provisoires », a expliqué la ministre. « Pour l’instant, des dossiers ont été validés et pour d’autres, le Royaume-Uni attend des compléments de dossiers pour démontrer que les pêcheurs ont une antériorité », a-t-elle assuré. « J’ai proposé pendant cette période de transition que tous ceux qui y allaient, puissent pour le moment se rendre dans ces eaux et on fera dans ce laps de temps de trois mois l’analyse des dossiers », a-t-elle affirmé, plaidant pour discuter « en bonne intelligence et en bon voisinage » avec les voisins britanniques.

Plan d’accompagnement de la filière pêche

Pour faire face aux réductions des quotas, le gouvernement a dégainé des mesures d’accompagnement de la filière pêche. « À court terme, cela veut dire des aides qui peuvent aller jusqu’à 30 000 euros pour les entreprises. À moyen terme, c’est la compensation de la perte du chiffre d’affaires, y compris jusqu’en 2026. À plus long terme, on est dans l’extension de l’activité partielle, mais on est aussi dans les sorties de flotte. Cela veut dire : indemniser le patron pêcheur pour qu’il sorte avec son navire de la flotte, et en lui donnant des possibilités de formation », a détaillé Annick Girardin. Les entreprises aquacoles bénéficieront, elles, d’une aide de « 300 000 euros par entreprise ».

Aux inquiétudes des élus locaux, notamment sur le maintien de la filière dans les Hauts-de-France, Annick Girardin a promis que la France « a mis les moyens pour faciliter et garantir les flux » venant du Royaume-Uni. Voisin anglais qu’elle a d’ailleurs tancé pour son impréparation à la sortie de l’Union Européenne : « Le Royaume-Uni n’était pas prêt sur le volet administratif, et en ressources humaines à la sortie du Brexit. Le Royaume-Uni n’est pas du tout à la hauteur de ses annonces et a quelque part largement menti à ses populations ».

Du reste, sur le volet de la crise sanitaire, la ministre a assuré qu’il n’y avait pas eu de « cluster particulier » dans les ports français et que la France avait aidé « 15 000 marins à rentrer chez eux ». La campagne de vaccination est quant à elle « compliquée dans les territoires ultramarins » où « il n’y a pas toujours les frigos adaptés ». « La clé, c’est la spécificité », veut-elle croire. Par exemple dans sa circonscription de Saint-Pierre-et-Miquelon, il « sera décidé d’avoir une vaccination en une seule fois pour toute la population ».

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