Alain Sitbon, conseiller de l’ombre devenu innovateur social
Des décennies durant, il a joué les conseillers de l'ombre pour des générations de responsables politiques lyonnais. Mais à 80 ans passés, c'est...
Par Frédéric GARLAN
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Des décennies durant, il a joué les conseillers de l'ombre pour des générations de responsables politiques lyonnais. Mais à 80 ans passés, c'est désormais au service des plus démunis qu'Alain Sitbon déploie son inusable créativité.
"De 1964 à 2015, j'ai fait toutes les élections et accompagné plus de 7.700 candidats", affirme le chef d'entreprise, la main posée sur l'une des deux imposantes mappemondes qui encombrent son bureau et qui, dit-il, auraient un temps orné celui de François Mitterrand à l’Élysée.
Des candidats surtout de gauche, mais aussi de droite. Sans s'interdire de conseiller simultanément des adversaires à la même élection. "La droite au rez-de-chaussée, la gauche au premier étage", s'amuse Alain Sitbon, interrogé par l'AFP au siège de son entreprise à Rillieux-la-Pape, en proche banlieue de Lyon.
"Je n'ai jamais failli à mon métier: aucun concurrent n'était au courant de ce qui se passait à l'autre étage. Il y avait comme un mur en béton entre les deux", assure-t-il.
M. Sitbon est toujours membre du Parti socialiste. Mais il n'a, relève-t-il, "aucun problème avec les candidats de droite. Les seuls que j'aurais été incapable d'accompagner sont ceux en dehors des normes de la République. Mais les extrêmes ne sont jamais venues me voir".
- "Une idée à la seconde" -
Rédactions de tracts, impression d'affiches, gestion des formalités administratives, communication, conseil en stratégie: "c'était un plaisir de travailler avec lui et ses équipes. On pouvait le réveiller en pleine nuit. C'est un grand professionnel, en plus de ses capacités humaines", souligne Michel Terrot, l'ancien maire RPR d'Oullins qui gagna avec lui sept élections législatives et deux municipales.
Et s'il a mis de côté depuis quelques années son activité politique, M. Sitbon continue "à conserver un oeil aiguisé sur la vie locale" - dixit Alexandre Vincendet, le jeune maire (LR) de Rillieux-la-Pape.
"Quand le mois dernier, j'ai été élu patron des Républicains du Rhône, Alain était avec moi au siège lyonnais du parti. Ce n'est pas un homme de clan", dit M. Vincendet de cet ami auquel il rend près d'un demi-siècle.
Alain Sitbon pose au siège du Centre de relations publiques et sociales (CRPS), qu'il a fondé, à Rillieux-la-Pape près de Lyon, dans le Rhône, le 18 octobre 2018
AFP
En plus d'être "humainement un type bien", Alain Sitbon est "considéré comme excellent dans sa spécialité. Il a gagné beaucoup d'argent comme ça", relève Gérard Angel, fin connaisseur des moeurs politiques lyonnaises qu'il chronique dans sa feuille satirique Les Potins d'Angèle.
La bosse du commerce ? M. Sitbon assume: "Je suis autodidacte. J'ai commencé à travailler très tôt aux côtés de mon père commerçant. La seule chose qu'il m'ait enseignée, c'est de faire du commerce", raconte celui qui est arrivé en France à 17 ans, en provenance de sa Tunisie natale, et croyait que "Paris se trouvait au bord de la mer".
Il rejoint alors Francis Borelli, un autre Tunisien qui dirigera par la suite le PSG mais qui, à l'époque, avait une petite boîte de publicité. Il envoie Alain Sitbon à Lyon où il créera sa propre société, le Centre de relations publiques et sociales (CRPS).
Son entregent et des appuis bien placés l'aident rapidement à se faire une place.
"L'homme m'a tout de suite séduit", raconte M. Terrot. "Très méridional, passionné par tout ce qui touche à l'humain, il a une idée à la seconde".
- Service après vente -
Car M. Sitbon ne se contente pas d'aider un candidat à se faire élire. Quoi de plus naturel en effet que de l'aider ensuite à remplir ses nouvelles fonctions ? "Une sorte de service après vente", résume l'intéressé.
Jamais à court d'idées, il dessine ainsi dès 1966 un abri-bus sponsorisé par une banque locale, la publicité étant alors interdite. "Une cage à poules en tôle", pionnière d'un futur réseau national, revendu plus tard avec profit.
Il invente aussi "le premier bulletin municipal avec publicité". Plus de 500 maires lui confieront leurs publications.
Au moment de la libéralisation des ondes, il se bat contre le ministre socialiste Georges Fillioud pour que soit autorisée la publicité sur les radios libres, en sa qualité de président du Syndicat des ratios et télévisions privées (Syrtep).
Avec d'autres proches de Charles Hernu, alors maire de Villeurbanne, il est brièvement inquiété par la justice pour une affaire de fausses factures destinées à financer des campagnes électorales.
Aujourd'hui, CRPS pèse une vingtaine de millions d'euros de chiffre d'affaires après son désengagement quasi total de la politique.
Sa principale filiale, L'Hacienda (280 salariés), gère des aires pour gens du voyages.
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