Chez Whirlpool Macron défend sa politique économique et sociale
Accusé de favoriser les plus riches, Emmanuel Macron a réinvesti mardi à Amiens le terrain social en vantant les mesures en faveur des classes...
Par Laurence BENHAMOU et Benjamin MASSOT
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Accusé de favoriser les plus riches, Emmanuel Macron a réinvesti mardi à Amiens le terrain social en vantant les mesures en faveur des classes moyennes mais aussi la réforme du droit du travail et le "dialogue" dans l'entreprise.
"Vous savez, pendant des années, on a bien taxé dans notre pays les gens qui réussissaient et puis on a bien rigidifié les choses sur le marché du travail. On a fait quoi ? Des bons plans sociaux avec beaucoup d'intérimaires à côté", a lancé le chef de l'Etat.
"Moi, je ne veux pas de ça pour mon pays et en particulier pour ma région", a dit ce natif d'Amiens, plaidant pour un pays où on permet aux entrepreneurs "de réussir", où on "les aide justement à développer leurs entreprises".
C'est dans un climat apaisé que le président de la République a retrouvé dans la capitale picarde les salariés de Whirlpool, même s'il a été interpellé par le député LFI François Ruffin sur la question des intérimaires, oubliés du projet de reprise. Il y a cinq mois, dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, le candidat Macron avait eu droit à un accueil houleux mais promis de revenir.
Menacé de fermeture, Whirlpool a trouvé entre-temps un repreneur. La société WN du Picard Nicolas Decayeux a déposé une offre de reprise qui devrait créer 277 emplois sur ce site qui employait 300 CDI, 250 intérimaires en quasi-temps plein et une centaine de personnes chez le sous-traitant pour les plastiques Prima, où le chef de l'Etat s'est aussi rendu.
- "Plus de dialogue social" -
Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, arrive à l'usine Whirlpool d'Amiens le 26 avril 2017
AFP/Archives
Interpellé par le député LFI François Ruffin sur la question des intérimaires, oubliés du projet de reprise, il a répliqué : "Je n'ai pas envie de faire capoter le plan social et le projet actuel".
"Moi je suis pour qu'il y ait plus de dialogue social dans l'entreprise. La réforme (du code du travail ndlr), qui peut être contestée, elle évite, (...) d'avoir le marché du travail tel qu'il est aujourd'hui: vous avez les gens dans l'entreprise qui ont la protection" et ceux qui n'ont pas d'emploi, a-t-il défendu.
Face à la mobilisation persistante contre la loi travail, en proie aux critiques sur la loi de finances 2018 et la réforme de l'ISF, accusées de favoriser les riches, mais aussi exhorté par son allié François Bayrou à porter "l'ambition sociale" du pays, Emmanuel Macron a défendu avec vigueur sa politique.
Il a égréné les mesures en faveur des moins favorisés: "augmentation massive dans ce budget de la prime d'activité"; baisse des cotisations salariales "qui donnera du pouvoir d'achat à tous les travailleurs"; "suppression en trois années de la taxe d'habitation...", dont profiteront "les classes moyennes".
Pour "les plus fragiles, il faut la solidarité", a-t-il poursuivi, citant les "engagements" sur le minimum vieillesse ou l'allocation adulte handicapé.
Emmanuel Macron doit poursuivre sa visite dans la Somme à Boves, avec l'inauguration d'un nouveau site d'Amazon, l'occasion de saluer les créations d'emplois de ces géants du numérique qu'il veut par ailleurs taxer davantage.
Amazon a annoncé mardi qu'il allait ouvrir à l'automne 2018 un sixième centre de distribution en France, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), avec 1.000 CDI à temps plein créés sur trois ans.
Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, arrive à l'usine Whirlpool d'Amiens le 26 avril 2017
AFP/Archives
Toujours sur le terrain social, le président est attendu mercredi à Egletons (Corrèze) sur le nouveau campus de l'Ecole d'application aux métiers des travaux publics pour parler formation et apprentissage. La CGT de l'équipementier creusois GM&S, en liquidation, a appelé à une mobilisation locale à cette occasion.
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Ce mardi, la proposition de loi de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, visant à durcir la justice des mineurs, a trouvé une issue favorable en commission mixte paritaire (CMP). Si une version de compromis a été actée entre les sept sénateurs et les sept députés, le texte est loin de faire consensus. La gauche du Sénat compte saisir le Conseil constitutionnel.
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