Alors que la situation épidémique dans les Outre-mer reste difficile, le Sénat s’apprête à examiner ce jeudi le projet de loi visant à proroger l’état d’urgence sanitaire dans les territoires ultramarins.
Covid en Outre-mer : « Il y a le sentiment de ne pas être traité comme dans l’hexagone », souligne Georges Patient
Alors que la situation épidémique dans les Outre-mer reste difficile, le Sénat s’apprête à examiner ce jeudi le projet de loi visant à proroger l’état d’urgence sanitaire dans les territoires ultramarins.
Par Itw et images : Audrey Vuetaz / Article : Oriane Teixera-Leveleux
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Alors que les députés viennent de donner hier leur accord à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans les Outre-mer, le Sénat s’apprête à examiner ce jeudi le projet de loi autorisant ce dispositif d’exception. Un texte qui va « dans le bon sens, compte tenu de la situation très critique dans la majeure partie des Outre-mer » selon le sénateur RDPI de Guyane, Georges Patient. L’état d’urgence, qui permet notamment d’instaurer ou de maintenir des mesures de couvre-feu et de confinement, devrait concerner la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin dans les Antilles, ainsi que la Guyane, la Réunion et la Polynésie française, tel que voté par les députés. A cette liste déjà longue s’est ajoutée hier à l’Assemblée, via un amendement du gouvernement, la Nouvelle-Calédonie, où un nouveau confinement vient d’entrer en vigueur.
Ce projet de loi fait suite à une recrudescence de l’épidémie de covid dans un nombre important de territoires d’Outre-mer. On recensait ainsi 59 cas de covid graves en réanimation en Guadeloupe ce lundi, pour un total de 98 places disponibles dans les services de réanimation des hôpitaux. La pression hospitalière, qui ne cesse de s’amplifier depuis cet été, a nécessité l’appui de la métropole puisque l’île dispose d’à peine 30 lits en réanimation. Dans une situation similaire, la Martinique fait état d’un taux d’incidence de 438, contre seulement 141 en métropole.
Georges Patient rapporte ainsi qu’ « il y a une insuffisance des i nfrastructures hospitalières dans les Outre-mer, ce qui crée un sentiment de ne pas être traité comme dans l’hexagone et cela explique que ce soit uniquement les Outre-mer qui connaissent ces états plus longs d’urgence sanitaire. ». Un constat qui ne date pas d’hier. Il affirme ainsi que « très souvent en Outre-mer, on fait la comparaison entre être Français à part entière, ou être Français entièrement à part. ».
De là découle une méfiance à l’égard de la vaccination, d’autant plus que les territoires ultramarins sont particulièrement touchés par les retombées économiques de l’épidémie. Selon le sénateur, « au niveau des petites entreprises et des artisans, il y a beaucoup de fermetures ». Il ajoute que « même si le ministre de l’Industrie a laissé entendre que le Fonds de solidarité serait maintenu pour les collectivités d’outre-mer, […] il y a quand même des retombées importantes pour les collectivités locales » et estime que « la clause de sauvegarde […] a été mal pensée, mal calculée. ».
« Définir comment vivre avec le virus en tenant compte de la diversité territoriale constitue un objectif prioritaire »
Ce manque de considération pour les territoires ultramarins est, selon le sénateur, un facteur important dans l’aggravation de l’épidémie. Pour exemple, ceux-ci n’étaient pas représentés au sein de la mission commune d’information sur l’évaluation des effets des mesures de confinement, créée le 26 janvier dernier au Sénat. Pour Jean-Michel Arnaud, rapporteur centriste des Hautes-Alpes, « la gestion de la crise a engendré de fortes incompréhensions dans les territoires » : » Définir comment vivre avec le virus en tenant compte de la diversité territoriale constitue un objectif prioritaire ». Même constat du côté de Georges Patient. Le sénateur de Guyane regrette l’absence de sénateurs ultramarins au sein de la mission. Il a ainsi adressé un courrier au Président du Sénat, « en lui disant qu’il faudrait y associer des Ultramarins » : « La réponse a été rapide, c’était une réponse favorable. » Il espère donc pouvoir travailler en concorde avec le groupe de travail constitué, et rappelle l’importance du vote sur la prorogation de l’état d’urgence.
A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.
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