Dans la douleur, le PS marseillais tente de tourner la page Andrieux avant les législatives
Malgré la menace du Front national, la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, l'une des plus influentes, peine à tourner la page de ses...

Dans la douleur, le PS marseillais tente de tourner la page Andrieux avant les législatives

Malgré la menace du Front national, la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, l'une des plus influentes, peine à tourner la page de ses...
Public Sénat

Par Francois BECKER

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Malgré la menace du Front national, la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, l'une des plus influentes, peine à tourner la page de ses déchirements en vue des législatives de 2017, après la démission de la députée Sylvie Andrieux.

Actée officiellement vendredi au Journal officiel, la démission de la parlementaire, exclue du PS, était inéluctable depuis que sa condamnation était devenue définitive, début novembre. Mme Andrieux a été ainsi contrainte à rendre son mandat par décision de justice, un cas rare sous la Ve République.

Élue des quartiers nord de Marseille, mise en cause pour clientélisme, elle avait été condamnée pour avoir distribué entre 2005 et 2008 environ 700.000 euros de subventions à des associations fictives censées œuvrer à la réhabilitation des quartiers populaires. Les fonds versés servaient en fait à assurer un train de vie confortable aux dirigeants de ces coquilles vides. En retour, ces derniers devaient aider Mme Andrieux, alors conseillère régionale, à se faire élire.

Mme Andrieux a été condamnée à quatre ans de prison dont trois avec sursis, 100.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

Jean-Noël Guérini , le 1er avril 2015 à Marseille
Jean-Noël Guérini , le 1er avril 2015 à Marseille
AFP

Avec les mises en examen de l'ancien homme fort du département Jean-Noël Guérini notamment pour trafic d'influence et association de malfaiteurs, l'affaire Andrieux est l'une des principales ayant conduit à la quasi-implosion du PS local ces dernières années.

Près de dix ans après la début de l'enquête qui a mené à sa chute, la mise à l'écart définitive de Mme Andrieux n'entraîne pas d'élection partielle, à six mois des législatives. Mais elle laisse un vide dans une circonscription où la gauche est très menacée par le Front national.

- Querelles intestines -

Jeudi soir, un vote y était organisé parmi les militants socialistes pour désigner une candidate, la circonscription étant réservée par le parti à une femme.

Anne Di Marino, conseillère départementale de 47 ans, l'a emporté. 87,7% des suffrages des militants, clame-t-elle, avec "une belle participation, plus de 200 votants". Assumant un lien "d'amitié depuis de très longues années" avec Sylvie Andrieux, Mme Di Marino explique à l'AFP être "très fière d'avoir remporté le vote des militants".

Sylvie Andrieux, le 2 juin 2014 devant le tribunal d'Aix-en-Provence
Sylvie Andrieux, le 2 juin 2014 devant le tribunal d'Aix-en-Provence
AFP

Mais sa victoire fait tousser une partie des socialistes qui y voient le retour, par la fenêtre, des proches de Sylvie Andrieux. A commencer par sa concurrente défaite, Nadia Brya, 48 ans. "Donner la circonscription à la candidate de Sylvie Andrieux, c'est offrir la circonscription au FN!" s'insurge-t-elle auprès de l'AFP, expliquant n'avoir pas eu accès au fichier des votants ni pu faire campagne. "Je ne reconnais ni ce vote ni son résultat", a-t-elle écrit jeudi soir dans un courrier adressé aux instances du PS.

"On ne peut pas désigner la copine de Sylvie Andrieux", déplore un socialiste local, convaincu que Paris qui doit se prononcer mi-décembre, passera outre et désignera Mme Brya: "Ça fait très longtemps qu'elle est au PS et elle est cohérente", souligne-t-il.

"S'il y a bien une fédération, après tout ce qui s'est passé, qui ne doit pas se retrouver dans des contestations, c'est bien celle des Bouches-du-Rhône", soupire le chef de file de l'opposition PS à la mairie de Marseille, Benoît Payan.

Reconnaissant des "querelles intestines (...) alimentées par des haines", le premier secrétaire du PS dans le département, Jean-David Ciot, relativise. La proximité de Mme Di Marino avec la députée condamnée? Nadia Brya est selon lui "la plus mal placée" pour en parler: "Ils ont tous adoré Sylvie Andrieux pendant des années."

Le processus d'investitures est également contesté dans d'autres circonscriptions marseillaises, la 1e et la 8e. M. Ciot, lui, voit le verre à moitié plein et les endroits, comme à Vitrolles, où les socialistes ont su se mettre en ordre de bataille face au FN.

Pendant ce temps, à la bastide Saint-Joseph, siège de la mairie de secteur, le sénateur-maire FN Stéphane Ravier savoure la démission de Sylvie Andrieux. "Pourquoi si tard?" s'interroge-t-il sur Twitter.

En 2012, il avait perdu à 49% contre 51% pour Mme Andrieux, avec seulement 699 voix d'écart. Interrogé vendredi par l'AFP, il a refusé de dire s'il se présenterait à nouveau. Pour l'heure, l'investiture a été "gelée" par le parti d'extrême droite.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01217179_000043
7min

Politique

Conflit entre Israël et l’Iran : quel rôle peut jouer la France ?

Depuis les premières frappes israéliennes sur les sites nucléaires iraniens, la France a reconnu le droit d’Israël à se défendre. Dans un contexte de dégradation des relations diplomatiques entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, la France n’a, toutefois pas encore, participer aux opérations de défense de l’Etat hébreu.

Le

Dans la douleur, le PS marseillais tente de tourner la page Andrieux avant les législatives
3min

Politique

Congrès du PS : « le Parti socialiste devrait prendre ses distances » avec les propos de Jérôme Guedj sur Jean-Luc Mélenchon, estime Éric Coquerel

Invité de la matinale de Public Sénat, le député (LFI) et président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale a réagi à la déclaration de Jérôme Guedj sur Jean-Luc Mélenchon lors du Congrès du PS, le traitant de « salopard antisémite ». Éric Coquerel et la France insoumise demandent au Parti socialiste de « prendre ses distances » avec cette déclaration.

Le

Dans la douleur, le PS marseillais tente de tourner la page Andrieux avant les législatives
3min

Politique

Brice Teinturier : « Il n'y a plus de débat en France, il y a de l'invective »

Lors de ses vœux, le Président a annoncé son souhait de voir les Français « trancher » sur « des sujets déterminants », ce qui laisse supposer que le chef de l'État envisage un retour au référendum. Néanmoins, les sujets sur lesquels les Français souhaitent trancher sont nombreux, pouvoir d'achat, fin de vie… Le référendum recolle-t-il vraiment les Français à la politique ? Invités de l’émission spéciale Dissolution, un an après, Brice Teinturier, Anne Levade, Laure Salvaing et David Djaïz tentent d'y répondre.

Le