Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».
« Emmanuel Macron utilise l’Europe comme strapontin pour la présidentielle », tacle Karima Delli (EELV)
Par Héléna Berkaoui
Publié le
Durant près de deux heures, le président de la République a détaillé le programme voulu pour la présidence de l’Union européenne (PFUE), jeudi 9 décembre. Un discours sans grandes annonces. Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de refonder l’espace Schengen pour « retrouver une Europe plus souveraine, capable de maîtriser ses frontières ».
Sur la question budgétaire, le chef de l’Etat a laissé entendre que la règle d’or d’un déficit public annuel sous les 3 % du PIB était dépassée. Avec les effets de la crise sanitaire, il faudra « repenser le cadre budgétaire » de l’Union européenne (lire notre article).
La France prend la tête de la présidence tournante du Conseil l’Union européenne à compter du 1er janvier. Un calendrier qui percute celui de l’élection présidentielle.
La candidate des LR, Valérie Pécresse, a étrillé le Président à ce sujet. « L’intérêt des Français aurait été qu’Emmanuel Macron ne prenne pas cette présidence française de l’UE en pleine campagne présidentielle », a-t-elle déclaré au micro de BFMTV.
Lire aussi. « La présidence française de l’Union européenne n’est pas une opération communication avant la présidentielle » dénonce Jean-François Rapin (LR)
« Emmanuel Macron utilise l’Europe comme strapontin pour la présidentielle », tacle d’entrée de jeu l’eurodéputée écologiste, Karima Delli pour qui ce discours « est un catalogue de bonnes intentions ».
Sur le fond, l’eurodéputée s’étrangle d’entendre le président de la République parler d’humanisme européen « quand nous ne sommes pas capables d’accueillir dignement des exilés en France, quand on a des exilés qui meurent de faim et de froid dans des forêts biélorusses ».
Dans son discours, le chef de l’Etat a dit sa volonté de concilier développement économique et ambitions climatiques. Une déclaration qui fait grimacer Karima Delli. « Déjà, il faut qu’il fasse de l’écologie. On ne respecte pas les accords de Paris, la France a été condamnée pour inaction climatique », liste enfin l’écologiste.
« C’est un discours de campagne présidentielle »
« Ce n’est pas un discours sur la PFUE, c’est un discours de campagne présidentielle », lance pour sa part le secrétaire de la commission des Affaires européennes du Sénat, Jean-Yves Leconte (PS). Le sénateur moque aussi la posture d’Emmanuel Macron et rappelle que « Charles Michel reste le président du Conseil européen ».
Tout juste sorti de la réunion de la Conférence des présidents du Parlement européen, Jean-Yves Leconte fait état des critiques venues de l’étranger. « Il y a des critiques assez sérieuses sur le fait que, dans une période compliquée, on ait une présidence qui soit trustée par la campagne présidentielle », expose le sénateur socialiste.
Et de raconter que le coprésident du groupe écologiste belge, Philippe Lamberts, s’en est ému lors de cette réunion. Une sortie qui n’a pas plu à Richard Ferrand, selon le sénateur. Le président de l’Assemblée nationale aurait renvoyé son interlocuteur au système politique belge. A savoir : une monarchie constitutionnelle et parlementaire.
Jean-Yves Leconte nourrit, lui-même, « un grand scepticisme sur la capacité de la France à faire face » à cette présidence avec un calendrier électoral aussi chargé.
« Emmanuel Macron ne pouvait pas décaler la présidence française »
Eurodéputée de la majorité présidentielle (Agir), Fabienne Keller, a, elle, été conquise par le discours d’Emmanuel Macron : « Il est formidable sur l’Europe, il a une volonté d’agir, l’Europe chez lui est une passion ».
Les critiques de l’opposition sur le calendrier représentent pour elle « une très vilaine polémique qui n’a pas beaucoup de sens ». Selon Fabienne Keller, le président n’avait pas d’autres choix, « il ne pouvait pas décaler la présidence française ». Le président de la commission des Affaires européennes, Jean-François Rapin, en convenait auprès de Public Sénat : décaler la présidence de la France aurait été très compliqué.
Reste que la présidence de la France au Conseil de l’Union européenne sera, de fait, écourtée par la campagne présidentielle. Il sera effectivement plus difficile pour le Président de la République et son gouvernement de faire des annonces en tant que leader de l’Union européenne pendant la campagne présidentielle officielle.