Européennes: les écologistes s’offrent une 3e place inespérée
Il a créé la surprise en contribuant, au côté des Verts allemands, à la "vague verte européenne" dimanche. La tête de liste des écologistes,...

Européennes: les écologistes s’offrent une 3e place inespérée

Il a créé la surprise en contribuant, au côté des Verts allemands, à la "vague verte européenne" dimanche. La tête de liste des écologistes,...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il a créé la surprise en contribuant, au côté des Verts allemands, à la "vague verte européenne" dimanche. La tête de liste des écologistes, Yannick Jadot (EELV), s'est offert une inespérée troisième place avec environ 13% des suffrages.

Thème majeur des dernières semaines, l'écologie avait fait l'objet d'une tentative de préemption de la quasi-totalité des listes, à commencer par La France Insoumise, qui entendait remporter le match contre les troupes de M. Jadot. Son score est finalement inférieur de moitié.

La République en Marche (LREM) avait également fait des enjeux environnementaux l'un de ses principaux chevaux de bataille, en affichant quelques prises de guerre: l'ex-EELV Pascal Canfin, numéro deux de la liste Loiseau, ou le soutien de Daniel Cohn-Bendit.

"Ce score, ça veut dire qu'au fond, il n'y a pas eu d'évasion du vote écolo", note auprès de l'AFP Daniel Boy, directeur de recherches émérite à Sciences-Po, selon qui "c'est une très grande réussite". "Il y a eu une grosse mobilisation", poursuit ce spécialiste du vote écolo, "les électeurs ont préféré ceux qui ont toujours défendu l'écologie".

La stratégie Jadot n'avait pourtant rien d'évident. Soucieux de prendre sa revanche sur la présidentielle de 2017, lorsqu'il avait dû se résoudre à faire une alliance avec le PS de Benoît Hamon, c'est en cavalier seul que les Verts avaient décidé de se lancer. Le résultat lui donne raison.

Pendant la campagne, M. Jadot s'était aussi attiré les foudres des tenants de l'orthodoxie écologiste pour avoir affirmé qu'il était disposé à travailler avec les bonnes volontés social-démocrates, libérales voire conservatrices.

- "Conquérir le pouvoir" -

Yannick Jadot s'exprime le 26 mai 2019 à Paris après l'annonce des résultats d'EELV aux élections européennes
Yannick Jadot s'exprime le 26 mai 2019 à Paris après l'annonce des résultats d'EELV aux élections européennes
AFP

Devant des troupes survoltées réunies dans un bar de l'Est parisien largement sous-dimensionné, Yannick Jadot a considéré peu après 20H00 qu'il s'agissait d'"une vague verte européenne dont nous sommes les acteurs".

"Les Françaises et les Français nous ont envoyé un signal très clair, ils veulent que l'écologie aussi soit au cœur du jeu politique, et ce message a été lancé dans toute l'Europe", a-t-il ajouté, en appelant à la "construction d'une alternative à la technocratie libérale et aux populismes".

Les Verts allemands ont quasiment doublé leur score à 20,5-22% (contre 10,7% en 2014). La mobilisation autour de la Suédoise de 16 ans Greta Thunberg, qui a rassemblé des centaines de milliers de jeunes Européens dans les rues ces derniers mois, a visiblement payé.

En France, le Premier ministre Edouard Philippe a d'ailleurs adressé un hommage indirect à EELV en disant avoir "reçu le message de nombreux Français sur l'urgence écologique".

Au milieu de partisans euphoriques qui lançaient "On est plus chaud que le climat", M. Jadot a en outre annoncé la création d'un "Comité citoyen de surveillance et d'initiative sur l'Europe" qui devra réunir "les acteurs de la société civile, les syndicats, les scientifiques, les entreprises et les citoyens, afin qu'ensemble nous évaluions en permanence le travail des institutions européennes".

Mais c'est aussi sur le terrain de la politique nationale que les Verts emmenés par Jadot entendent asseoir leur nouveau leadership à gauche.

EELV tient désormais la dragée haute à un PS en très petite forme, qui fait jeu égal avec la France insoumise (environ 6,5% chacun), et se retrouve au centre d'une gauche toujours convalescente, dont le potentiel électoral demeure particulièrement bas.

"Il faut nous dépasser pour bâtir le grand mouvement de l'écologie politique capable de conquérir le pouvoir", a exhorté dimanche soir M. Jadot, en promettant d'associer "tous ceux qui agissent et qui veulent transformer la société".

Dans le bar où se célébrait au saumur bio ce que certains considéraient comme une victoire, l'euphorie a alors laissé place aux divergences de toujours: "Il va falloir mettre les egos de côté", souffle une sympathisante, Coline Morel, 26 ans, électrice de Hamon en 2017 et qui s'interroge "quel aurait pu être le score de ce soir si on avait été réunis, peut-être 20%".

Un appel à l'union, notamment pour les futures municipales, qui ne fait toutefois pas l'unanimité: "L'écologie ne peut pas s’accommoder de la social-démocratie", tranche une militante encartée depuis près de vingt ans, Dominique Trichet-Allaire. Qui prévient: "On ne pourra travailler qu'avec des groupes en rupture avec le modèle productiviste, qui ont un regard critique sur le capitalisme".

Partager cet article

Dans la même thématique

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
3min

Politique

Nouvelle-Calédonie : le Sénat vote le report des élections provinciales

Le Sénat a approuvé mercredi, dans l’urgence, le report au printemps 2026 des élections provinciales prévues en Nouvelle-Calédonie en novembre. Il s’agit de la première étape à la mise en place du fragile accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de l’archipel.

Le

Européennes: les écologistes s’offrent une 3e place inespérée
3min

Politique

La position des socialistes vis-à-vis du gouvernement « a empêché notre nomination » à Matignon, estime Marine Tondelier

Après la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu, les socialistes ont décidé de renoncer à voter la censure pour laisser place au « pari » du débat parlementaire. « Je pense qu'ils étaient tellement prêts à faire ça (...) que ça a empêché notre nomination » à Matignon, explique sur Public Sénat ce jeudi 16 octobre Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.

Le

Européennes: les écologistes s’offrent une 3e place inespérée
4min

Politique

Réforme des retraites : « La suspension est un leurre, elle sera retoquée en commision mixte paritaire », avertit Cécile Cukierman (PCF)

Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.

Le