Financement libyen présumé: la justice londonienne ordonne l’extradition de Djouhri vers la France
Le tribunal londonien de Westminster a ordonné mardi l'extradition vers la France de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l...

Financement libyen présumé: la justice londonienne ordonne l’extradition de Djouhri vers la France

Le tribunal londonien de Westminster a ordonné mardi l'extradition vers la France de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l...
Public Sénat

Par Antoine POLLEZ

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le tribunal londonien de Westminster a ordonné mardi l'extradition vers la France de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l'enquête française sur le financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

"J'ai ordonné votre extradition vers la France", a déclaré la juge Vanessa Baraitser, ajoutant que M. Djouhri avait sept jours pour faire appel avant que l'ordre d'extradition ne soit exécuté.

M. Djouhri a immédiatement annoncé que c'était son intention.

"Je m'y attendais, il n'y a pas de surprise", a-t-il déclaré à la presse à la sortie du tribunal. "C'est une mascarade absolue", a ajouté l'homme d'affaires, accusant les juges français d'avoir "inventé une fuite pour pouvoir m'arrêter à Londres".

"S'ils avaient quelque chose à me reprocher, ils me convoquent dans les règles", a ajouté M. Djouhri, s'appuyant sur une canne, vêtu d'un costume et d'un manteau sombres.

Convoqué à plusieurs reprises par la justice française, l'intermédiaire de 60 ans avait été arrêté en janvier 2018 à l'aéroport londonien de Heathrow, en provenance de Genève, en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par la justice française, notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption".

L'homme d'affaires Alexandre Djouhri quitte le tribunal de Westminster, le 26 février 2019 à Londres
L'homme d'affaires Alexandre Djouhri quitte le tribunal de Westminster, le 26 février 2019 à Londres
AFP

Son nom était apparu en particulier lors de la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte d'Azur, à un fonds libyen géré par un dignitaire du régime de Kadhafi.

M. Djouhri, familier des réseaux de la droite française et proche de l'ex-secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, est soupçonné d'avoir été, derrière plusieurs prête-noms, le véritable propriétaire de la villa et de l'avoir cédée à un prix surévalué, ce qui aurait pu permettre de dissimuler d'éventuels versements occultes.

- "Pas un fugitif" -

Lors de sa comparution en janvier devant la juge Baraitser, il s'était dit "victime de deux magistrats" français, citant le juge d'instruction Serge Tournaire et le procureur du parquet national financier (PNF) Patrice Amar.

Sa défense avait avancé que M. Djouhri avait été sollicité de manière informelle - par téléphone - par les enquêteurs, et qu'il avait lui-même proposé une rencontre à Genève, sans résultats. Ses avocats avaient affirmé que la loi helvétique - M. Djouhri est résident suisse - ne le contraignait pas à répondre à ces sollicitations ou à se rendre en France.

"Un mandat d'arrêt, c'est quand un type est en fuite et la fuite, il faut la constater. Or M. Djouhri n'était pas en fuite puisqu'il n'a jamais fait l'objet d'une convocation dans les règles", avait déclaré auprès de l'AFP l'un de ses avocats, Me Eric Dupond-Moretti.

- "Contexte politique fort" -

Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2012 à Ajaccio
Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2012 à Ajaccio
AFP/Archives

Deuxième axe de défense, ses avocats avaient souligné le "contexte politique fort" de cette demande d'extradition, en rappelant l'affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Cette affaire vaut à l'ex-président français d'être mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de détournement de fonds publics libyens". Il n'a pas le droit de se rendre en Libye ni de rencontrer neuf protagonistes, dont Alexandre Djouhri.

La défense de M. Djouhri l'avait donc présenté comme une cible "évidente" pour des enquêteurs cherchant à atteindre M. Sarkozy par procuration, tout en essayant de discréditer cette enquête.

Mais pour la juge britannique, "il n'y a pas de preuve suffisante que les autorités françaises ont manipulé ou utilisé des procédures pour opprimer ou injustement porter préjudice à M. Djouhri (...). Selon moi, il y pas eu abus de procédure".

Les avocats d'Alexandre Djouhri avaient enfin mis en avant, à Londres, sa santé fragile pour contester la demande d'extradition des autorités françaises.

Son cœur bat "anormalement vite", avait témoigné le docteur Alan Mitchell, mandaté par la défense, estimant que "le stress" était "un des facteurs responsables de ce rythme cardiaque trop rapide".

L'homme d'affaire avait dû être soigné à deux reprises en prison, avec un défibrillateur, selon le docteur Mitchell. Il a aussi subi l'implantation d'un défibrillateur sous-cutané.

Contactés par l'AFP après la décision d'extradition, les avocats français de M. Djouhri, n'ont pas souhaité réagir.

Partager cet article

Dans la même thématique

FRANCE – GOVERNMENT QUESTION TIME AT NATIONAL ASSEMBLY
2min

Politique

Après le cambriolage du Louvre, Rachida Dati auditionnée mardi 28 octobre au Sénat

Rachida Dati sera auditionnée au Sénat mardi 28 octobre par la commission de la culture du Sénat dans le cadre de la préparation de l’examen du budget. Quelques jours après le cambriolage spectaculaire du Louvre, la ministre doit s’attendre à des questions sur les moyens alloués à la sécurisation des musées.

Le

Illustration: end of the C8 and NRJ12 channels
4min

Politique

Arcom : le rapport d’un sénateur RN pointe des saisines massives « organisées par des groupes militants »

Rapporteur spécial des crédits de la mission « direction de l’action du gouvernement », le sénateur Christopher Szczurek (Rassemblement national) vient de présenter un rapport sur l’Arcom. Il en profite pour émettre une position personnelle sur l’épineuse question du contrôle du pluralisme par cette autorité administrative indépendante.

Le