Fraude fiscale: prison et inéligibilité requises en appel contre les Balkany
Pour une "fraude fiscale assumée qui confine à l'arrogance", l'accusation a requis mercredi prison ferme et inéligibilité contre...

Fraude fiscale: prison et inéligibilité requises en appel contre les Balkany

Pour une "fraude fiscale assumée qui confine à l'arrogance", l'accusation a requis mercredi prison ferme et inéligibilité contre...
Public Sénat

Par Sofia BOUDERBALA

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Pour une "fraude fiscale assumée qui confine à l'arrogance", l'accusation a requis mercredi prison ferme et inéligibilité contre le maire de Levallois-Perret Patrick Balkany et son épouse Isabelle, jugés en appel à Paris.

Contre Patrick Balkany, 71 ans, incarcéré depuis trois mois et hospitalisé depuis le 12 décembre, les représentants du ministère public ont demandé quatre ans de prison avec incarcération immédiate.

Contre son épouse et première adjointe Isabelle Balkany, 72 ans, qui a reconnu une "faute" commise "en toute bonne foi", quatre ans de prison dont deux avec sursis, une peine aménageable, ont été requis.

Au nom de "l'exigence accrue de transparence dans la vie publique", a fortiori à l'égard d'élus, le parquet général a aussi demandé dix ans d'inéligibilité contre les prévenus et "l'exécution provisoire" de cette peine complémentaire.

Si elle était décidée par la cour, cette exécution provisoire empêcherait les édiles de se représenter aux municipales de mars.

Devançant cette éventualité, M. Balkany -maire de Levallois depuis 36 ans presque sans discontinuer- et son épouse ont annoncé mercredi soir dans un communiqué qu'ils renonçaient à se représenter à la mairie, et la nomination de deux proches pour conduire la liste de la majorité aux municipales, qu'ils "soutiendront".

Isabelle Balkany, qui avait sidéré la salle par son aplomb et ses interventions intempestives, est restée muette à l'énoncé des réquisitions. Son avocat, Pierre-Olivier Sur, a appelé la cour à ne pas donner l'impression "que la justice se mêlerait de politique", dénonçant de lourdes réquisitions alors que "le déshonneur est déjà là".

Le conseil du baron des Hauts-de-Seine, Romain Dieudonné, a plaidé pour "une justice apaisée, raisonnée, cohérente par rapport à la situation médicale et à l'âge de Patrick Balkany".

- "Mort sociale" -

"Cette exécution provisoire, il la vivrait comme une forme de mort sociale. Ce qu'on lui reproche dans ce dossier n'a rien à voir avec sa manière de gérer la ville de Levallois", a-t-il dit.

La cour rendra sa décision le 4 mars, juste avant les élections, mais à l'issue du procès en appel des édiles pour blanchiment aggravé.

Pour l'avocate générale Muriel Fusina, "il ne s'agit pas de faire un exemple" mais de "rétablir l'équilibre social" face à des élus qui n'ont reconnu que des erreurs "a minima".

"Ils répètent à longueur de journée qu'ils n'ont pas détourné d'argent public mais ils se sont mécaniquement enrichis en utilisant l'impôt qui devait abonder les ressources publiques", a-t-elle affirmé.

Les représentants du ministère public ont fustigé une "fraude érigée en système", décrivant l'utilisation d'une cascade de sociétés offshore, de Suisse au Panama, destinées à occulter un patrimoine riche de luxueuses villas aux Antilles et au Maroc.

En première instance, le tribunal a durement sanctionné les Balkany, condamnant le maire à 4 ans de prison avec incarcération immédiate et son épouse à 3 ans ferme, tous deux à dix ans d'inéligibilité.

Fisc et accusation reprochent aux époux de n'avoir pas payé d'impôt sur la fortune entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés à 16 millions d'euros annuels, mais également d'avoir payé un impôt sur le revenu amplement sous-évalué entre 2009 et 2014.

Au total, les sommes éludées sont estimées à 4 millions d'euros, un montant contesté par la défense.

"La défense ergote et continuera d'ergoter sur l'assiette parce que les évaluations doivent être revues à la baisse et cela doit avoir une incidence sur les peines prononcées", a déclaré Me Dideudonné, rappelant que les Balkany nient posséder un riad à Marrakech et contestent l'évaluation de leur moulin normand.

Le couple a justifié son train de vie par sa fortune familiale. Mais, pour l'accusation, rien n'est venu justifier l'origine de l'argent dépensé, bien au-delà des revenus déclarés. "Aucune trace" notamment de la vente de lingots d'or que Patrick Balkany aurait hérités de son père.

S'ils étaient condamnés, les Balkany pourraient se pourvoir en cassation. Ce recours serait suspensif, sauf si la cour d'appel délivrait des mandats de dépôt à l'audience et sauf si l'exécution provisoire était prononcée.

En attendant l'examen d'un nouvelle demande de mise en liberté dans le volet blanchiment, Patrick Balkany passera sans doute Noël à l'hôpital ou en prison. Mercredi, la cour d'appel a par ailleurs rejeté sa demande d'abaissement de caution dans le dossier fraude fiscale.

Dans la même thématique

Fraude fiscale: prison et inéligibilité requises en appel contre les Balkany
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Fraude fiscale: prison et inéligibilité requises en appel contre les Balkany
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Fraude fiscale: prison et inéligibilité requises en appel contre les Balkany
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le