“Gilets jaunes”: Castaner au carrefour des critiques

“Gilets jaunes”: Castaner au carrefour des critiques

Après le saccage des Champs-Elysées et cinq mois seulement après son arrivée à Beauvau, Christophe Castaner est devenu la cible...
Public Sénat

Par Gregory DANEL

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Après le saccage des Champs-Elysées et cinq mois seulement après son arrivée à Beauvau, Christophe Castaner est devenu la cible de la gauche et de la droite pour sa gestion des "gilets jaunes", tour à tour accusée d'être répressive ou trop laxiste.

La purge sans précédent à la tête de la préfecture de police de Paris, avec notamment l'éviction du préfet Delpuech, place le ministre de l'Intérieur en première en ligne en cas de nouvelles violences des "casseurs" ou d'une éventuelle bavure policière.

Mardi à l'Assemblée nationale, le ministre a été hué par certains députés d'opposition, qui ont réclamé sa démission, avant de récolter le soutien de la majorité parlementaire.

"Il est plus que jamais au premier rang des personnes exposées", résume David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police (SCPN-Unsa).

Si l'exécutif assume depuis samedi soir un tournant de la fermeté dont le corollaire est aussi davantage de "risque" de blessés lors d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, le "premier flic de France" doit éviter toute sortie de route.

"Tout le monde est assez inquiet du degré de violence atteint. Inconsciemment, on se dit que samedi prochain, ça va castagner dur. Si t’as un mort, tu fais quoi ?", interroge un député de la majorité.

Pour l'heure, l'opposition de droite tire à boulets rouges sur l'ex-bon élève de la Macronie. Après quatre mois de mobilisation de "gilets jaunes", elle instruit le procès en mollesse voire en incompétence du ministre de l'Intérieur, également fragilisé par le récent épisode de sa sortie en boite de nuit relayé par la presse people.

"Maintenant, il faut qu’il parte. Au bout de 18 semaines de manifestations, on est retourné à la case départ et l'image que la France renvoie à l’extérieur est déplorable", tacle le député LR, Philippe Gosselin.

Depuis quelques semaines, le ministre de l'Intérieur était pourtant davantage critiqué par la France Insoumise et des "gilets jaunes" pour une répression jugée brutale de la mobilisation et un usage immodéré des lanceurs de balle de défense (LBD), avec à la clef de nombreuses blessures graves chez des manifestants.

- "Séquence difficile" -

Christophe Castaner, 53 ans, nommé en remplacement de Gérard Collomb à l'issue d'un remaniement en octobre qui avait viré au psychodrame, n'a pas été épargné par les crises depuis son arrivée place Beauvau, un maroquin qu'il convoitait de longue date.

Inondations dans le Sud de la France, crise sociale sans précédent depuis 50 ans avec les "gilets jaunes", attaques jihadistes à Strasbourg ou à la prison de Condé-sur-Sarthe, conflit social express avec les syndicats de gardiens de la paix, l'ex-rocardien tôt rallié à Emmanuel Macron n'a pas eu le temps de prendre le temps de s'échauffer au "ministère des crises" mais est parfois accusé d'en faire trop dans sa communication ou sur les réseaux sociaux.

"Il faut qu'il reprenne de la respiration. La séquence est difficile. Mais il faut aussi que l'on réfléchisse dans le temps long. Rappelez-vous Cazeneuve après Sivens (la mort du manifestant Rémi Fraisse tué en 2014 par une grenade, ndlr), on disait qu'il était carbonisé, qu'il allait traverser le désert et six mois plus tard c'était le meilleur ministre de l'Intérieur. Le couple de l'Intérieur (avec son secrétaire d'Etat, Laurent Nuñez) fonctionne bien", veut croire un proche du chef de l'Etat.

Un avis partiellement partagé au sein des forces de sécurité.

L'attelage entre Castaner-Nuñez, entre le pur politique et le technicien reconnu, a réussi à vaincre un certain scepticisme à défaut de convaincre tout le monde. "De toutes les manières qu'ils soient là ou pas c'est la même chose", grommelle un grand flic.

"Le vrai sujet pour +Casta+, ce sera samedi prochain", prévient le proche du président de la République, en référence au prochain acte des "gilets jaunes".

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