Guyane: sit-in géant à Kourou, après l’appel de Cazeneuve à « refuser la démagogie »
Plusieurs milliers de manifestants se dirigeaient mardi vers le Centre spatial guyanais (CSG), d'où décollent les fusées européennes Ariane,...
Par Joris FIORITI
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Plusieurs milliers de manifestants se dirigeaient mardi vers le Centre spatial guyanais (CSG), d'où décollent les fusées européennes Ariane, pour affirmer leur "détermination", après deux semaines de mouvement social d'une ampleur inédite dans le département.
Les manifestants, dont les revendications sont de nature sociale, économique et sécuritaire, entendent aussi protester contre les propos de Bernard Cazeneuve qui a refusé lundi les exigences financières "irréalistes" de ceux qui, à Paris comme à Cayenne, "réclament des milliards".
Le directeur du CSG, Didier Faivre, a accepté de recevoir une délégation d'une trentaine de manifestants qui veulent demander au centre "d'appuyer leurs demandes au niveau européen", a expliqué Joëlle Prévot-Madère, candidate aux prochaines élections législatives. Selon elle, "l'Union européenne ne peut pas être représentée ici et ne pas accompagner nos demandes".
Plusieurs milliers de personnes étaient réunies depuis 09H00 (14H00 à Paris) dans cette ville symbole de la "fracture" guyanaise, où l’État, via le centre spatial, investit d'importantes sommes pour ce projet industriel, quand très peu d'infrastructures "sont faites en Guyane pour la population", a expliqué Youri Antoinette, un membre du collectif organisateur.
"Il faut que la voix du peuple guyanais réuni soit plus forte que celle de l’État", lançait au mégaphone Francis Nugent, artiste et enseignant guyanais. La foule, massée sur le rond-point qui mène au site du Centre spatial guyanais, répondait par des slogans: "Pas d'école, pas de décollage", "pas de santé, pas de fusée". De nombreux manifestants arboraient un t-shirt noir portant l'inscription "Nou bou ké sa" ("On en a marre").
L'entrée du central spatial guyanais à Kourou le 3 avril 2017
AFP
Lundi, le Premier ministre avait appelé à "poursuivre le dialogue" en Guyane, à l'issue d'une réunion rassemblant une bonne partie du gouvernement sur la situation dans cette collectivité. Au niveau financier, "je ne m'engagerai que sur ce quoi je sais pouvoir tenir", avait-t-il expliqué, douze membres du gouvernement à ses côtés, dont la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, et le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, de retour de Guyane.
M. Cazeneuve s'exprimait au lendemain de l'ultimatum des responsables du mouvement, qui avaient exigé dimanche 2,5 milliards d'euros "tout de suite". Il a détaillé le plan de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement, dont les engagements doivent être "actés" mercredi en Conseil des ministres.
Sur le barrage de Kourou empêchant l'accès au Centre spatial guyanais, une grande banderole était brandie lundi soir : "2 milliards 5 à justifier ? La France exploite toutes nos richesses et ne nous laisse que des miettes".
- pas mal mais pas assez -
Des jeunes passent devant des ordures à Kourou en Guyane, le 3 avril 2017
AFP
Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires, avait annoncé dimanche un durcissement de la mobilisation, expliquant rentrer "dans un rapport de force avec l’État".
Les grévistes bloquent la route menant au centre spatial guyanais à Kourou le 3 avril 2017
AFP
Le lendemain, à Cayenne, le mouvement des "500 frères contre la délinquance" avait ordonné aux magasins de baisser leurs rideaux, des membres du groupe, en pointe dans le mouvement social, circulant pour s'assurer de la bonne exécution de la consigne, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ericka Bareigts, peu avant de quitter la Guyane dimanche soir, avait exhorté les représentants du collectif à rapidement "graver dans le marbre le travail" engrangé "ensemble" après la présentation d'un document en cinq points.
Des accords sectoriels ont également été conclus notamment sur "l'économie", "l’agriculture", "le BTP", "les activités minières" ou encore "les communautés amérindiennes et bushinengue", d'après ce texte.
"C'est pas mal, mais ce n'est pas encore assez", avait commenté Mickaël Mansé, porte-parole des "500 frères". Et d'affirmer que la fusée Ariane 5 "restera au sol tant que la Guyane ne décollera pas".
Air France après avoir annulé lundi son vol direct de Paris pour la Guyane a de nouveau annulé le vol prévu mardi. En revanche, le vol Paris-Orly/Guyane prévu mercredi est maintenu.
Le mouvement social d'ampleur inédite que connaît ce vaste territoire d'Amérique du sud (83.000 km2), situé à 7.000 km de Paris, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l’État, accusé de sous-investissement depuis des décennies. "Pou La Gwiyann dékolé" avait aussi demandé samedi "un statut particulier pour la Guyane".
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