Immigration: la majorité embraye sur les quotas, la gauche dénonce une manoeuvre
La majorité a salué lundi l'ouverture d'un débat sur les quotas en matière d'immigration, lancé dimanche par le ministre de l'Intérieur...

Immigration: la majorité embraye sur les quotas, la gauche dénonce une manoeuvre

La majorité a salué lundi l'ouverture d'un débat sur les quotas en matière d'immigration, lancé dimanche par le ministre de l'Intérieur...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La majorité a salué lundi l'ouverture d'un débat sur les quotas en matière d'immigration, lancé dimanche par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, la gauche y voyant elle une manoeuvre politique pour séduire l'électorat de droite et du RN.

"Il ne faut pas avoir peur des mots, si on commence avant même le débat à se dire : attention, il ne faut pas qu'on utilise tel mot parce qu'on aurait peur de son utilisation, notamment le mot quota, dans ce cas-là, ce débat ne sert à rien", a estimé la porte-parole de LREM Aurore Bergé sur BFMTV et RMC.

"Peut-être que sur l'immigration économique des quotas pourraient être efficaces pour permettre à ceux qui souhaitent venir en France de savoir s'ils pourront y être accueillis, s'il y aura un débouché, (...) un travail à la clé", a plaidé la députée des Yvelines, qui ne souhaite pas en revanche appliquer ce principe à l'immigration familiale.

"Il y a une logique à continuer à faire venir des gens, ceux qui vous disent : il faut une immigration zéro", comme le Rassemblement national, "c'est un leurre", a-t-elle ajouté.

"Ce qu'a ouvert Christophe Castaner, c'est de dire: est-ce qu'en matière d'immigration professionnelle, de gens qui viennent pour travailler dans notre pays de manière légale, on ne peut pas fixer des objectifs, on ne peut pas avoir une politique publique plus construite qu'aujourd'hui. Ça c'est serein, c'est sain, c'est objectif et ce n'est pas agiter des chiffons rouges", a abondé l'un des chefs de file de l'aile gauche de LREM le député Aurélien Taché sur BFMTV.

Christophe Castaner a relancé dimanche le débat sur l'épineux sujet des quotas d'immigration, hors demandeurs d'asile, juste après l'annonce par Edouard Philippe d'un débat annuel sur cette question, dont le premier est prévu en septembre.

Migrants traversant la Méditerranée
Evolution des migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée depuis 2013 et arrivée de migrants par pays en 2018
AFP

L'idée des quotas a été régulièrement défendue par Les Républicains. "Quotas d’immigrants, refonte du droit d’asile, contrôles de l’entrée sur le territoire, mesures d’éloignement pour les déboutés... Si le gouvernement agit vraiment dans ces domaines, il nous trouvera à ses côtés... En espérant qu’il ne s’agit pas seulement d’incantations électoralistes", a commenté sur Twitter le sénateur LR Roger Karoutchi.

"C'est un sujet qui permet de ne pas parler d'autre chose, qui permet de penser que le problème c'est aujourd'hui les immigrés, non pas le chômage, non pas la question du partage des richesses", a critiqué le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel sur France 2.

"C'est un sujet aussi qui alimente le Rassemblement national et, paradoxalement, je pense que ce pouvoir a intérêt à alimenter le RN", a-t-il accusé.

Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, estime que "le pouvoir cherche, dans un glissement vers la droite, à séduire un électorat qui devient son électorat de prédilection".

Selon lui, ces quotas ne pourraient s'appliquer qu'à l'immigration de travail, qui est moins importante que l'immigration familiale et qui est déjà contrôlée. Ils "nourrissent un autre fantasme, qui est d'en finir avec l'immigration tout court, et qui est le fantasme de l'extrême droite", a-t-il ajouté sur Radio Classique.

Karima Delli, députée européenne EELV, a appelé sur RFI M. Castaner à mettre en place "une nouvelle politique d'asile et une nouvelle politique d'accueil" et "à faire en sorte qu'on retrouve l'honneur de la France, patrie des droits de l'Homme".

Le Rassemblement national est opposé aux quotas, les jugeant inutiles "parce que les gens arrivent et ne repartent pas, parce qu'il n'y a pas de frontières", a dénoncé le député du Nord RN Sébastien Chenu sur LCI.

La cheffe du RN Marine Le Pen a dénoncé dimanche "un moyen d'endormir les électeurs". "Nicolas Sarkozy nous avait déjà fait ce coup-là pour essayer de faire passer la pilule d'une immigration légale de plus en plus importante", a-t-elle ironisé.

Partager cet article

Dans la même thématique

Immigration: la majorité embraye sur les quotas, la gauche dénonce une manoeuvre
5min

Politique

Sarkozy à la Santé : la visite de Darmanin « peut être interprétée comme une forme de pression » sur les magistrats, note François Molins

Un collectif d’avocats a déposé plainte contre Gérald Darmanin pour son soutien apporté à Nicolas Sarkozy incarcéré pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Interrogé sur ce point l’ancien procureur général près la Cour de cassation, François Molins considère, lui aussi, que le déplacement du garde des Sceaux à la prison de la Santé pour y rencontrer l’ancien chef d’Etat « peut être interprété comme une forme de pression » sur les magistrats.

Le

Immigration: la majorité embraye sur les quotas, la gauche dénonce une manoeuvre
3min

Politique

« Edouard Philippe est à la loyauté ce que Richter est au séisme, une référence », ironise Eric Dupond-Moretti

Après quatre années installé place Vendôme – un record sous la Présidence d’Emmanuel Macron – l’ancien avocat pénaliste revient dans un livre « Juré craché ! » (ed. Michel Lafon) sur son expérience politique aux côtés du Président de la République. Invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il dévoile des facettes méconnues de son histoire et règle ses comptes avec Gabriel Attal et Edouard Philippe, qu’il accuse de déloyauté.

Le