“Je fais ce que j’ai dit”: Macron assume son style et défend ses réformes

“Je fais ce que j’ai dit”: Macron assume son style et défend ses réformes

Emmanuel Macron a affirmé qu'il allait continuer "avec le même rythme et la même détermination" son programme de "transformation radicale" de la...
Public Sénat

Par Jérôme RIVET, Laurence BENHAMOU

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Emmanuel Macron a affirmé qu'il allait continuer "avec le même rythme et la même détermination" son programme de "transformation radicale" de la France, malgré les critiques selon lesquelles il privilégierait les plus riches.

"Sur tout, je fais ce que je dis. C'est en effet assez nouveau", a affirmé le président lors de sa première interview télévisée, accordée à TF1 et LCI, pour résumer les cinq premiers mois de sa présidence. "Je ne suis pas là pour gérer. Je suis là pour transformer" la France et "je continuerai au même rythme et avec la même détermination".

Au cours d'un entretien d'une heure et douze minutes dans un salon de l'Elysée, M. Macron s'est surtout attaché à faire de la pédagogie sur les décisions prises depuis son élection, sans faire de nouvelles grandes annonces. Il a ainsi tenté de répondre point par point aux critiques qui ont entraîné une baisse marquée dans les sondages durant l'été.

L'interview a été suivie dimanche soir par près de 10 millions de téléspectateurs sur TF1 et LCI, auxquels s'ajoutent 1,6 million de vues sur internet, selon le groupe TF1 lundi. Il s'agit de la troisième meilleure audience de 2017 toutes télévisions confondues.

A ceux qui, dans une partie de son électorat, jugent ses premières réformes trop à droite, le président a assuré que "la plénitude des réformes" et leurs effets sur le chômage seraient visibles "dans un an et demi, deux ans". Le chômage est en train de baisser, a-t-il remarqué.

Répondant à l'accusation de "président des riches", il a affirmé que lui et son gouvernement s'occupaient de "la France où les choses vont mal", sans pour autant "croire" en la "jalousie envers les "riches".

"Quand on décide d'aider celles et ceux qui travaillent, aussi modestes soient-ils, par des réformes en profondeur, on s'adresse aux classes moyennes et aux classes populaires", a poursuivi M. Macron, interrogé par les journalistes David Pujadas, Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau.

M. Macron veut "que l'on célèbre" ceux qui réussissent car "si on commence à tirer des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole".

- Langage "populaire" -

Le président a assumé son style, dont l'image a été mise à mal par une série de polémiques depuis cet été. Il s'est ainsi défendu d'avoir voulu "humilier" ou d'avoir été "clivant" en employant des termes comme "fainéants", "cyniques" ou "bordel".

"Nos élites politiques se sont habituées à ne plus dire les choses, à avoir un discours en quelque sorte aseptisé. Et à considérer que ce qui était intolérable, c'était le mot qu'on mettait et pas la réalité", s'est-il justifié. "En l'espèce, le mot +bordel+ c'est du registre populaire, comme dit l'Académie française", a plaidé le président.

Emmanuel Macron donne une interview à des journalistes dans son bureau de l'Elysée, le 15 octobre 2017
Emmanuel Macron donne une interview à des journalistes dans son bureau de l'Elysée, le 15 octobre 2017
POOL/AFP

Il a justifié sa décision de n'avoir pas donné d'interview télévisé en cinq mois, notamment en n'accordant pas l'entretien traditionnel du 14 juillet. "J'ai pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps parce qu'il faut que la parole présidentielle garde de la solennité", a-t-il précisé.

"Je tiens beaucoup à l'esprit de nos institutions", a-t-il dit, en défendant son mode de gouvernance, qualifié par certains de "jupitérien".

Assurant avoir "pleine confiance" en lui, il a précisé que le Premier ministre Édouard Philippe prenait "les décisions quotidiennes" mais "à la fin des fins, les décisions stratégiques sont prises par le président de la République".

- "Auto-satisfaction" -

Interrogé sur des sujets d'actualité, M. Macron a affirmé avoir "engagé les démarches" afin que la Légion d'Honneur soit retirée au producteur américain de cinéma Harvey Weinstein, accusé de viols, agressions ou harcèlement sexuels.

Il a souhaité qu'une "procédure de verbalisation plus simple" des actes de harcèlement "pour qu'il y ait une réponse immédiate", en déplorant qu'"aujourd'hui, bien souvent, on ne va pas porter plainte, parce qu'on n'ose pas".

Il a aussi annoncé que les étrangers en situation irrégulière qui commettraient un délit seraient expulsés.

Peu interrogé sur le contexte international, M. Macron a redit son "désaccord" avec le président américain Donald Trump sur le dossier du nucléaire iranien et indiqué qu'il prévoyait bien de se rendre en Iran "au moment voulu", ce qui serait la première visite d’un chef d’Etat français en Iran depuis 1976.

L'Europe comme l'environnement n'ont pas été abordés.

Parmi les premiers à réagir à l'entretien, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a loué "un discours clair, un cap ambitieux, une vision précise".

Mais Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, y a vu "un exercice d’auto-satisfaction bien loin des préoccupations quotidiennes des Français".

Pour Eric Coquerel, député de la France Insoumise: "Emmanuel Macron avait 60 minutes pour convaincre. C'est fait: il est bien le président des riches et du mépris pour ceux qui luttent".

Une femme regarde Emmanuel Macron lors d'un entretien télévisé, à Rennes, le 15 octobre 2017
Une femme regarde Emmanuel Macron lors d'un entretien télévisé, à Rennes, le 15 octobre 2017
AFP

Pour les éditorialistes, Emmanuel Macron a montré qu'il maintenait "le cap" en restant "droit dans ses bottes" sans pour autant convaincre "tout le monde".

Enfin, plus de six Français sur dix (61%) disent ne pas avoir été convaincus, par le chef de l'Etat, selon un sondage Harris Interactive pour RMC publié lundi. Seules, 39% des personnes interrogées sont d'un avis contraire.

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