Le report du plan pauvreté suscite des critiques sur les priorités de Macron
Le report à la rentrée du plan pauvreté, issu d'une concertation lancée en grande pompe fin 2017, suscite jeudi la déception d...

Le report du plan pauvreté suscite des critiques sur les priorités de Macron

Le report à la rentrée du plan pauvreté, issu d'une concertation lancée en grande pompe fin 2017, suscite jeudi la déception d...
Public Sénat

Par Jessica LOPEZ

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le report à la rentrée du plan pauvreté, issu d'une concertation lancée en grande pompe fin 2017, suscite jeudi la déception d'associations et des critiques sur la "communication désastreuse" du gouvernement, qui a semblé lier le calendrier de ce dossier aux résultats de l'équipe de France au Mondial.

"Un très mauvais signal". Pour Éric Pliez, président du Samu social de Paris, le report à la rentrée de la stratégie pauvreté, une série de mesures qui devaient être présentées la semaine prochaine, est "très décevant".

Annoncée en octobre lors d'un déplacement d'Emmanuel Macron dans une crèche, l'élaboration d'un plan de lutte contre la pauvreté - qui touche 14% de la population - avait conduit à la nomination d'un délégué interministériel à la pauvreté, Olivier Noblecourt, et au lancement d'une grande concertation.

En mars, six groupes de travail avaient remis au gouvernement 110 propositions pour "lutter contre le déterminisme social". Mais depuis, la présentation se faisait attendre.

"On nous a dit mai, puis juin, puis juillet, maintenant septembre. On est en droit d'être déçus", explique à l'AFP M. Pliez.

Au sortir d'un déjeuner à l'Élysée autour de la question de la protection sociale, Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, a assuré à l'AFP qu'Emmanuel Macron donnerait "quelques éléments de cadrage" du futur plan lundi, dans son discours devant le Congrès.

Elle a regretté que les associations aient été "pressées" de rendre leur copie dès le 15 mars alors que les annonces seront finalement faites "près d'un an" après le début de la concertation. "On aurait eu plus de temps pour approfondir", reconnaît-elle.

"On sait qu'un plan d'envergure coûte cher et qu'il faut aller chercher de l'argent, mais après les déclarations sur les aides sociales et le +pognon de dingue+, nous sommes peu confiants", tranche M. Pliez.

Selon une source gouvernementale, le report est dû à des "arbitrages" manquants et des sujets restants "à approfondir".

Mais mercredi, c'est le rapprochement du calendrier de cette présentation avec celui du parcours des Bleus au Mondial de football qui a soulevé les critiques.

- Une com' "désastreuse" -

"Nous verrons si l'équipe de France est en demi-finale ou pas", avait annoncé la ministre des Solidarités Agnès Buzyn, en évoquant une question de "disponibilité" d'Emmanuel Macron, qui s'est engagé à aller en Russie soutenir les Bleus s'ils arrivaient à ce stade de la compétition.

"Le football n'est évidemment pas la seule raison pour un report. Mais c'est sûr qu'on ne fait pas une annonce de cette ampleur un jour de foot", a tempéré la source gouvernementale.

"Placer le foot avant les sujets de fond, en termes de communication, c'est désastreux", juge François Soulage, président du collectif Alerte.

Avec ce report, "on perd l'occasion de démarrer dès la rentrée", regrette-t-il également, évoquant des mesures rendues publiques comme l'offre de petits-déjeuners dans les écoles défavorisées et des tarifs sociaux pour la cantine.

Pour lui néanmoins ce report n'est "pas surprenant" dans la mesure où "des questions lourdes restent en suspens". "Si cela permet d'avancer, notamment sur la question de l'aide financière aux plus démunis, alors tant mieux. On espère des réponses à la rentrée", déclare-t-il.

Jeudi, des députés de la majorité ont tenté de défendre un président selon eux "très attaché au plan pauvreté".

"Ce plan sera d'envergure car cela fait partie de l'ADN du projet présidentiel", a déclaré Sylvain Maillard sur Sud radio. "Ce ne sont pas une ou deux journées de report qui changeront la donne".

Reste que faire passer "les pauvres après le Mondial, franchement, c'est une com' catastrophique", a raillé le secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau.

"On se pince !", a tweeté Olivier Faure, premier secrétaire du PS. "L'équipe de France n'a pas besoin de lui pour gagner !! En revanche les plus démunis attendent... eux !!!"

Pour le président des Républicains, Laurent Wauquiez, interrogé sur CNews, cet épisode est "très représentatif de ce tout communication qui s'est installé".

Partager cet article

Dans la même thématique

Le report du plan pauvreté suscite des critiques sur les priorités de Macron
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Le report du plan pauvreté suscite des critiques sur les priorités de Macron
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le