Loi hydrocarbures: « d’autres pays vont emboîter le pas », espère Hulot
Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, espère que "d'autres pays vont emboîter le pas" à la France...

Loi hydrocarbures: « d’autres pays vont emboîter le pas », espère Hulot

Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, espère que "d'autres pays vont emboîter le pas" à la France...
Public Sénat

Par Julien MIVIELLE

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Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, espère que "d'autres pays vont emboîter le pas" à la France et interdire à terme la production d'hydrocarbures sur leur sol, a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.

Question: Quel est votre objectif avec ce projet de loi visant à interdire la production d'hydrocarbures en France?

Réponse: L'objectif est celui de la cohérence. L'objectif climatique que les Etats se sont fixés dans l'accord de Paris nous oblige - c'est une injonction de la science - à renoncer à exploiter 80% des énergies fossiles que l'on a sous les pieds.

Cette transition n'est pas mineure, parce que nous avons été inféodés aux énergies fossiles: il va falloir que nous rentrions dans une forme de cellule de dégrisement! C'est une transition profonde de notre modèle énergétique et économique, donc plus on l'engage tôt, plus on la planifie avec des objectifs irréversibles, plus cette transition sera acceptable. C'est comme cela qu'a été conçu dans le programme présidentiel, c’est ce que nous mettons en œuvre aujourd’hui.

Cela permettra de donner un signal aux investisseurs publics comme privés que le monde de demain sera basé principalement sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Chacun aura compris qu'il y a un modèle qui va se tarir, un modèle qui va progressivement s'essouffler, et il y a un monde qui va très rapidement se développer.

Q: Quel sera l'impact de cette décision sachant que la production française ne représente que 1% de sa consommation? Et que va-t-il se passer en Guyane?

R: Oui, la production française peut être considérée comme marginale par rapport à notre consommation mais nous sommes le premier pays à prendre ce type de mesures. Je pense que d'autres pays vont emboîter le pas, comme on l'a vu sur d'autres mesures que j'ai annoncées comme la fin de la vente d'ici 2040 de voitures qui émettent des gaz à effet de serre. Cela va créer, je l'espère, un effet de contagion. Si on veut inciter d'autres pays à faire de même au moment de la prochaine COP à Bonn, du sommet du 12 décembre, de tous les grands rendez-vous diplomatiques, le meilleur moyen c'est de commencer par nous-mêmes.

C'est un signal très fort qui aura un impact sur le changement climatique mais aussi sur la santé car réduire notre dépendance aux énergies fossiles, c'est lutter contre la pollution de l'air. Au-delà, un monde qui tourne le dos aux énergies fossiles, c'est aussi un monde qui s'éloigne de sources de conflits.

Nous sommes en discussions avec la Collectivité territoriale de Guyane. Il en est de la Guyane comme du reste du territoire: il y a des droits acquis qu'on ne remettra pas en cause et il y a des projets que cette nouvelle loi permettra de refuser. Je ne doute pas qu'on trouve une solution équilibrée.

Q: Ne risque-t-on pas d'importer encore plus de pétrole?

R: On ne va pas importer plus parce qu'il faut mettre cet objectif en regard des autres objectifs de la loi sur la transition énergétique. Ce projet de loi n'est pas l'alpha et l'oméga, c'est un élément important qui doit être assorti de deux autres priorités présentées dans le Plan Climat et que je vais développer dans la programmation pluriannuelle de l'énergie : la réduction de notre consommation - avec un objectif de réduction de 50% d’ici 2050 - et le développement des énergies renouvelables.

Si on ne donne pas un signe en sonnant le glas des énergies fossiles, on aura du mal à engager les acteurs, les citoyens sur le développement des énergies renouvelables. Il faut que l'horizon soit clair. (...) Mon objectif c'est que la France ne prenne pas de retard.

C'est important que nous ne montions pas dans les wagons de queue de la transition énergétique mais dans les wagons de tête.

La loi a aussi le mérite de clarifier notre positionnement sur la recherche et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, en d'autres termes des gaz de schistes. Donc ça dégage le paysage et on va pouvoir se concentrer sur l'essentiel.

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