Loi séparatisme : le CFCM craint « un sentiment de suspicion généralisée »
Auditionné au Sénat, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui s’est fait l’écho des inquiétudes suscitées par le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » , au sein des associations musulmanes.

Loi séparatisme : le CFCM craint « un sentiment de suspicion généralisée »

Auditionné au Sénat, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui s’est fait l’écho des inquiétudes suscitées par le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » , au sein des associations musulmanes.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Le combat contre l’extrémisme se réclamant de l’Islam est aussi notre combat », a posé le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) devant les sénateurs, ce mercredi. Mohammed Moussaoui était auditionné dans le cadre de l’examen du projet de loi « confortant le respect des principes de la République » - initialement nommé projet de loi contre les séparatismes.

Ce texte qui ne cesse de créer des crispations au sein de la majorité présidentielle mais aussi au Sénat, devra être examiné en séance publique dans le courant du mois de mars. Si le gouvernement s’en est parfois défendu, le projet de loi vise avant tout l’islamisme radical. Pour autant, sa réception chez les représentants des différents cultes est fraîche. Beaucoup craignent les dommages collatéraux d’un tel texte concernant notamment sur le contrôle accru des associations cultuelles.

Le projet de loi entend en effet réclamer la certification des comptes de ces associations, la remise obligatoire des fichiers de donateurs aux services fiscaux ou encore instaurer un plafonnement des financements étrangers.

« Les structures associatives avec des moyens réduits peinent à mobiliser des acteurs bénévoles pour assumer leurs missions. Certaines contraintes introduites par le projet de loi pourraient aggraver cette précarité », alerte Mohammed Moussaoui. Il redoute également un effet contraire : « Ces contraintes accrues peuvent aussi faire fuir les plus intègres et laisser le champ libre à des aventuriers, les extrémistes, eux, peuvent choisir de ne pas utiliser les supports associatifs ». Aussi, le renforcement des contrôles pourrait « être interprété comme une suspicion généralisée », assure-t-il.

Alors que les associations qui gèrent les mosquées sont le plus souvent sous loi 1901, l’Elysée souhaite les faire passer sous le statut de la loi 1905, dont le régime se révèle plus strict en matière de transparence et de contrôle. « Cette évolution souhaitée doit être progressive, les délais prévus pour la mise en œuvre du projet de loi ne sont pas suffisants contenu de l’importance de la tâche, il faut un accompagnement par les services de l’Etat et des collectivités locales », a plaidé le président du Conseil français du culte musulman.

Mohammed Moussaoui a également regretté que le projet de loi ne prenne pas compte de « l’autre séparatisme », celui incarné par les militants du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire et des tenants de la théorie du grand remplacement.

Néanmoins le reste du texte semble contenter le président du Conseil français du culte musulman. « Conforter les principes républicains, c’est un objectif que nous partageons entièrement », a-t-il assuré avant de saluer dispositions sur la neutralité des fonctionnaires ou celles concernant les pratiques coutumières dégradantes (mariages forcés, mutilations sexuelles…). La commission des lois du Sénat poursuivra la semaine prochaine les auditions des représentants des cultes.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Loi séparatisme : le CFCM craint « un sentiment de suspicion généralisée »
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Loi séparatisme : le CFCM craint « un sentiment de suspicion généralisée »
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le