Marielle de Sarnez, l’Europe chevillée au corps

Marielle de Sarnez, l’Europe chevillée au corps

Elle a été une éphémère ministre des Affaires européennes en 2017, mais Marielle de Sarnez a arpenté pendant 17 ans les couloirs du Parlement européen à Bruxelles et Strasbourg. Elle laisse le souvenir d’une Européenne convaincue.
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Par Marie Brémeau

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Le premier ministre, Jean Castex, a salué dès hier soir la mémoire de Marielle de Sarnez, évoquant sa « défense d’une certaine idée de l’Europe ». Et c’est vrai que l’élue Modem n’a jamais failli dans son engagement pour tenter de reconstruire le vieux continent européen. « C’est quelqu’un qui avait une foi européenne, comparable à la mienne d’ailleurs, c’est-à-dire issue de la guerre. Elle connaissait les ravages que le chemin contraire avait provoqués et pourrait provoquer », se souvient Jean-Marie Cavada.

Avec Marielle de Sarnez, il a mené deux campagnes pour les élections européennes en 2009 et 2014. Et c’est même elle qui l’a, en quelque sorte, introduit dans l’arène européenne, puisque cette indissociable de François Bayrou a été élue pour la première fois au Parlement européen en 1999. « C’est quelqu’un qui connaissait bien les mécanismes européens, ce qui était très précieux notamment quand on arrive au Parlement européen ».

Pour une Europe politique, plus forte

Au sein de cette institution, ils ont ensuite livré des batailles, « pour une Europe politique, plus forte. On a poussé ensemble pour la construction de fonctions régaliennes en Europe. On avait Schengen, la monnaie, le marché unique, et on voulait que la coopération policière, judiciaire puisse progresser, car le crime étant international, cela n’avait pas de sens de se restreindre aux frontières », raconte l’ancien eurodéputé.

« Une collègue engagée, atypique, voire disruptive »

Si les soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires Modem, affaire dans laquelle elle avait été mise en examen en 2019, a quelque peu entaché ses dernières années, à Bruxelles on garde avant tout le souvenir « d’une collègue volontaire, engagée, atypique, voire disruptive. » C’est ainsi que l’a décrit Michèle Rivasi, qui l’a côtoyée durant de nombreuses années puisqu’elles appartenaient toutes les deux à la délégation européenne de l’ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).  « Elle était très indépendante dans sa façon de penser et dans sa façon d’être. Elle sortait des schémas classiques. Nous sommes parties plusieurs fois en mission en Afrique ensemble. Elle avait toujours le chic pour dénicher les bouis-bouis les plus sympas, les plus authentiques, même dans les endroits les plus reculés », relate la députée européenne, membre d’Europe Ecologie les Verts.

Grande voyageuse, Marielle de Sarnez essayait « d’imposer une Europe capable de discuter avec d’autres grandes puissances, avec les Etats-Unis, avec la Chine. Elle trouvait que l’Europe n’était pas assez visible, était trop sur la défensive ».

La porte-étendard des valeurs européennes au sein du Modem

17 ans à arpenter les couloirs du Parlement européen à Bruxelles ou Strasbourg, cela laisse des traces et des souvenirs. Nombreux sont ceux qui se souviennent de sa silhouette en baskets ou en chaussures plates, vêtue très souvent d’un chemisier blanc et d’un pull. Nombreux aussi se rappellent « du duo inséparable » qu’elle formait avec une autre eurodéputée, Nathalie Griesbeck.  « Nous étions très amies. Vous savez, au Parlement européen, c’est un compagnonnage, car on est loin de chez nous. On s’est toujours bien entendue, nous ne nous sommes jamais disputées pendant 14 ans. On partageait beaucoup d’idées mais nous n’étions pas toujours d’accord », raconte très émue cette ancienne vice-présidente du mouvement européen-France . Nathalie Griesbeck avoue sans détour aujourd’hui que sa peine est immense. Elle affirme haut et fort que « Marielle était le porte-étendard des valeurs européennes au Modem, et que le parti lui doit beaucoup. » Mais à l’heure des adieux, elle aimerait avant tout que l’on se souvienne « de sa grande amie comme d’une belle personne, qui avait un grand cœur. Il faut le dire et le redire », conclut-elle.

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