Mayotte: les leaders du mouvement de lutte contre l’insécurité dessinent une sortie de crise
En appelant lundi soir à la levée immédiate des barrages qui paralysent Mayotte depuis plus de quatre semaines, les syndicats et...

Mayotte: les leaders du mouvement de lutte contre l’insécurité dessinent une sortie de crise

En appelant lundi soir à la levée immédiate des barrages qui paralysent Mayotte depuis plus de quatre semaines, les syndicats et...
Public Sénat

Par Ornella LAMBERTI

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

En appelant lundi soir à la levée immédiate des barrages qui paralysent Mayotte depuis plus de quatre semaines, les syndicats et le collectif de citoyens font entrevoir une sortie de crise, sans toutefois suspendre la grève qui pourrait prendre "d'autres formes".

Après une réunion lundi à Dembeni (Grande-Terre), "le Collectif des Citoyens de Mayotte et la majorité des syndicats appellent à la levée des barrages dès ce soir, pour permettre la mise en oeuvre des mesures d’urgence et favoriser un travail serein sur nos revendications avec la délégation interministérielle", ont-ils indiqué dans un communiqué.

Les co-signataires de l'appel ont motivé leur décision par la satisfaction d'un certain nombre de leurs revendications, à commencer par la "venue d'un délégué pour ouvrir les négociations". Dominique Sorain, qui a également été nommé nouveau préfet de l'archipel, est effectivement arrivé vendredi matin et a dans la foulée rencontré les leaders d'un mouvement débuté le 20 février.

"Il est acté que la plateforme d'union des revendications qui a été remise au Délégué sera prise en compte pour l’élaboration du futur plan de développement de Mayotte, qui sera présenté à la fin du mois d’avril", se sont félicités le collectif et l'intersyndicale, en évoquant également la création d'un "comité de suivi" pour "s'assurer de l'exécution des décisions".

Les mêmes ont aussi mis en avant que "le statut de département de Mayotte, aux dires du Délégué ministériel, n’est pas remis en cause par le gouvernement sauf demande expresse des élus locaux".

Ce geste d'apaisement a longtemps été attendu par une majeure partie de la population mahoraise dont le quotidien est fortement perturbé par la mise en place au 1er mars d'une dizaine de barricades au Nord, au Centre et au Sud de l'île, empêchant la circulation des véhicules voire des piétons.

- La grève se poursuit -

Depuis l'érection de ces barrages routiers, la rentrée des classes a été fortement perturbée, les personnels et les élèves ne parvenant pas à rallier leur établissement d'affectation.

Malgré les consignes de laisser passer les véhicules sanitaires, de nombreux personnels soignants ont confirmé à l'AFP que des ambulances et des patients restaient bloqués. La plupart des habitants n'ont également pu se rendre sur leur lieu de travail en raison des barricades, et ont subi une perte de salaire en conséquence.

Une autre des conséquences notables de ce mouvement: l'accumulation de milliers de tonnes de déchets non ramassés dans les rues (selon le syndicat intercommunal en charge de la collecte) en raison de la paralysie de la circulation routière.

Enfin, en marge du mouvement, des expulsions illégales d'étrangers par des villageois se sont multipliées ces derniers jours.

"Les entraves à la circulation, la mise en danger d’autrui, les opérations de justice communautaire et le racket organisé sur certains barrages sont des faits graves passibles de poursuites", avait rappelé mercredi la ministre Annick Girardin, voulant souligner ainsi la fermeté du gouvernement.

Si le communiqué envoyé lundi amorce une sortie de crise, il n'annonce pas pour autant la fin de la grève.

"Néanmoins en l’absence d’un signal fort adressé à la population sur la lutte contre l’immigration clandestine à ce jour, la grève reste maintenue" et "pourra se manifester sous d’autres formes", ont précisé lundi l'intersyndicale et le collectif, sans préciser la nature des actions envisagées.

En outre, si une "majorité des syndicats" est favorable à la levée des barrages, certains semblent donc faire sédition. Les signataires de l'appel de lundi soir n'ont pas détaillé qui parmi les 9 organisations à l'origine du mouvement s'est opposé au déblocage, laissant planer l'incertitude sur un véritable aplanissement de la situation.

Partager cet article

Dans la même thématique

Agen Ok
9min

Politique

Municipales 2026 : à Agen, la gauche part unie du PS… à LFI

Au regard des divisions au plan national, c’est un tour de force. A Agen, toutes les composantes de la gauche ont pourtant réussi à faire l’union en vue des municipales, du PS aux Ecologistes, en passant par le PCF, Place Publique et même LFI. Les enjeux locaux ont facilité le rassemblement. L’accord du NFP a aussi laissé des traces…

Le

PARIS: Conseil Constitutionnel, premiere audience publique
6min

Politique

Justice des mineurs : quelles dispositions du texte Attal peuvent faire l’objet d’une censure du Conseil constitutionnel ?

Saisi par des députés et des sénateurs de gauche, le Conseil constitutionnel va rendre sa décision sur la proposition de loi de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui vise à durcir la justice des mineurs. Le texte qui durcit considérablement le droit existant, avait conduit à une levée de boucliers de la gauche dans les deux hémicycles.

Le

Mayotte: les leaders du mouvement de lutte contre l’insécurité dessinent une sortie de crise
5min

Politique

Lutte contre l’antisémitisme à l’université : la proposition de loi définitivement adoptée à l’unanimité au Sénat

Les conclusions de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi du Sénat visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur ont été adoptées, à l’unanimité, ce jeudi au Sénat. Le texte prévoit notamment l’obligation de formation des étudiants à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme tout au long de leur parcours d’enseignement.

Le