Primaire PS: Arnaud Montebourg échoue lourdement au pied du podium

Primaire PS: Arnaud Montebourg échoue lourdement au pied du podium

L'ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, qui avait quitté Bercy en août 2014 en méditant un éventuel retour, a finalement perdu son...
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Par Stéphanie LEROUGE

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L'ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, qui avait quitté Bercy en août 2014 en méditant un éventuel retour, a finalement perdu son pari, doublé par Benoît Hamon au premier tour de la primaire du PS et de ses alliés.

Le chantre du Made in France arrive loin derrière Benoît Hamon et Manuel Valls, obtenant après le dépouillement de 3.090 bureaux de vote 18,7% des voix, soit à peine plus que son score de 2011 (17,2%), où il avait déjà été le troisième homme de la primaire.

"Dimanche prochain je voterai Benoît Hamon et je vous invite à faire de même", a déclaré M. Montebourg, actant son cuisant échec.

"C'est un grand honneur et une grande fierté de savoir qu'il sera à mes côtés pour ce second tour", lui a répondu M. Hamon.

Contrairement à l'éphémère ministre de l’Éducation, qui avait créé la surprise en annonçant sa candidature mi-août, M. Montebourg avait patiemment construit la sienne depuis son départ.

"Je vais prendre exemple sur Cincinnatus qui préféra quitter le pouvoir pour retourner à ses champs et à ses charrues", avait-il dit en quittant Bercy.

Grandes étapes de la carrière politique d'Arnaud Montebourg, arrivé 3e du premier tour de la primaire organisée par le PS pour la présidentielle
Grandes étapes de la carrière politique d'Arnaud Montebourg, arrivé 3e du premier tour de la primaire organisée par le PS pour la présidentielle
AFP

Une comparaison qui ne devait rien au hasard, puisque l'histoire de ce héros romain est celle d'un retour au pouvoir après une période d'éloignement.

Devenu "entrepreneur", membre du comité stratégique de la marque d'ameublement Habitat et du comité d'orientation stratégique de la SSII Talan, l'ancien avocat avait posé les premiers jalons d'une candidature début 2016.

Après une première déclaration qui laissait peu de place au doute, au Mont Beuvray (Saône-et-Loire) le 16 mai, il s'était officiellement lancé le 21 août à Frangy-en-Bresse, prononçant un long discours déjà très programmatique.

- "Logiciel chevènementiste" -

Mais cette candidature a peiné à convaincre, dans les rangs des responsables socialistes comme auprès des électeurs.

Parti en campagne en s'en prenant violemment à François Hollande, il a semblé perdre son meilleur adversaire quand le président sortant a renoncé à briguer un nouveau mandat.

Arnaud Montebourg, arrivé troisième au premier tour de la primaire socialiste élargie, le 22 janvier 2017 à Paris
Arnaud Montebourg, arrivé troisième au premier tour de la primaire socialiste élargie, le 22 janvier 2017 à Paris
AFP

Contrairement à M. Hamon, il a en outre semblé longtemps hésiter entre une participation à la primaire ou une candidature directe au premier tour de la présidentielle.

Le positionnement du "candidat de la fiche de paie" a aussi pu déconcerter.

M. Montebourg s'est refusé à occuper clairement le couloir de gauche laissé vacant par l'inflexion libérale de François Hollande, lui préférant une synthèse personnelle, "socialiste" mais "pas seulement", "patriotique", "républicain(e)", "de gauche" et "volontariste", qui "puise son inspiration dans les sources du gaullisme social" et "affirme la conviction écologique".

"La France aux Français en version de gauche, ça ne parle pas. Je pense que Montebourg va se faire plier. Montebourg n'est pas central. Il a un logiciel chevènementiste, ça ne fait pas la maille à gauche", pronostiquait début janvier un député vallsiste auprès de l'AFP.

Le projet de gauche "chimiquement pur" de M. Hamon, plus nettement social et écologiste, a davantage convaincu les électeurs - au risque d'y perdre en crédibilité, selon le camp de M. Montebourg.

Dans la dernière ligne droite de sa campagne, M. Montebourg a donné un coup de barre à gauche, s'affichant avec Gérard Filoche aux côtés de salariés de McDonald's ou fustigeant le "mur des puissants", mais cela n'aura pas suffi.

La campagne de M. Montebourg a en outre été traversée par des tensions au sein de son équipe, certains préférant quitter le navire en cours de route.

Arnaud Montebourg est un "solitaire" qui ne "veut avoir de comptes à rendre à personne", et a du mal à "redonner ce qu'il reçoit" de son entourage, comme à nouer des alliances, fustigeait cet été un de ses anciens conseillers.

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