Propagande électorale : du côté de La Poste, « la distribution a été réussie » défend son président

Propagande électorale : du côté de La Poste, « la distribution a été réussie » défend son président

La commission d’enquête portant sur les dysfonctionnements constatés dans la distribution du matériel électoral des élections régionales continue ses auditions. Lundi 12 juillet, elle a entendu Philippe Wahl, président du groupe La Poste. Qui a tenu à défendre le travail réalisé par ses agents, tout en se disant prêt à reprendre l’intégralité du marché public.
Public Sénat

Par Jules Fresard

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Lorsqu’il avait été entendu par la commission des Lois le 23 juin, alors que cette dernière n’avait pas encore officialisé la création de sa commission d’enquête, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, n’avait pas mâché ses mots concernant l’entreprise historiquement chargée du courrier des Français. « La Poste n’est pas non plus exempte de toute critique, société pourtant plus habituée à cette distribution. 9 % des plis n’ont pas été distribués » avait-il ainsi déclaré.

Trois semaines plus tard, c’était donc au tour de Philippe Wahl, président-directeur général du groupe La Poste depuis 2013, de s’expliquer. Et pour le PDG, son entreprise a été au rendez-vous. « Notre distribution a été réussie, et je voudrais rendre hommage aux factrices et aux facteurs. La mobilisation de nos capacités de communication et de compte rendu a été permanente pendant toute la période. Et nous avons été capables de faire face à nos engagements ». D’autant que l’activité est rentable pour la société, avec un marché à 30 millions d’euros.

Des dysfonctionnements qui ne relèveraient pas de La Poste

Pour ce qui est de certains documents retrouvés brûlés ou abandonnés dans la nature, Philippe Wahl s’est montré ferme, « Je n’ai aucun exemple de documents abandonnés dans les zones desservies par La Poste. Pas un seul ». Laissant donc entendre que ces dysfonctionnements relèveraient des zones où la société Adrexo avait en charge la distribution de la propagande électorale, cette dernière et La Poste se partageant depuis décembre dernier le marché public.

Accompagné du « patron des facteurs », Philippe Dorge, Philippe Wahl a d’abord défendu « un premier tour qui s’est déroulé sans anicroche ». « Nous avons reçu 100 % du matériel électoral, et nous avons distribué tout ce qui était distribuable. La part de matériel non distribuable s’élevant à 8,85 %, en très légère hausse par rapport aux dernières européennes et municipales, qui peut s’expliquer par la mobilité réduite des personnes durant le Covid ».

Car s’il y a bien une difficulté inhérente à la distribution de la propagande qui a été soulevée durant cette audition, c’est celle-ci. Les adresses des personnes inscrites sur les listes électorales ne se mettent pas automatiquement à jour. La Poste se retrouvant alors parfois dans l’impossibilité de distribuer le courrier. Un phénomène problématique, mais qui ne relève pas de l’entreprise, d’autant que 10 % des Français déménagent en moyenne chaque année.

Alain Richard, sénateur LREM du Val-d’Oise, a évoqué la possibilité de mutualiser les bases de données de La Poste avec celle des « énergéticiens », à comprendre EDF notamment, qui ont, eux, une liste actualisée des changements de domicile des Français. Une position sur laquelle Philippe Wahl s’est dit favorable.

Ce dernier a néanmoins concédé des difficultés concernant le second tour, mais ne relevant encore une fois pas du ressort La Poste. « Normalement, pour un deuxième tour, nous devons avoir reçu 100 % du matériel le jeudi précédant l’élection à 23 h 59. Cette année, à cette heure-ci, nous n’avions reçu que 44 % des plis, et nous en avons distribué l’intégralité. Le vendredi, nous en avons reçu 29 % supplémentaires, là aussi distribués en intégralité. Le samedi, alors que normalement les facteurs ne distribuent plus de propagande, nous avons encore reçu 7 % des plis, et en avons distribué la quasi-totalité, soit 80 % ».

Des taux de distribution qui seraient donc particulièrement importants, loin du « fiasco électoral » parfois dépeint. « Nos facteurs ont fait des doubles tournées, et, ceci, alors qu’[Adrexo] nous a transmis 3,8 millions de plis supplémentaires entre le premier et le second tour » a souligné Philippe Dorge.

La Poste en capacité de reprendre l’intégralité du territoire

Une audition qui a donc permis, plutôt que de mesurer les déficiences de La Poste, de s’assurer de sa capacité à toujours avoir « une approche moléculaire du territoire » comme l’a défendu Philippe Wahl. Poussant la sénatrice communiste Cécile Cukierman à se demander si La Poste « serait en capacité de reprendre la distribution pour l’ensemble des régions, avec les exigences que cela impose ? ».

« Oui, La Poste serait prête à reprendre la totalité des régions, nous avons assez de facteurs, et le deuxième tour, avec 3 millions de bulletins supplémentaires qui nous ont été transmis, plaide dans ce sens » a affirmé Philippe Wahl.

Une approche qui viendrait donc mettre fin à la délégation accordée à Adrexo, avec qui La Poste se partage actuellement le territoire. Auditionnés par la commission d’enquête, les dirigeants d’Adrexo avaient d’ailleurs fait savoir qu’ils n’étaient plus certains de vouloir continuer cette mission, après le « déferlement médiatique » dont leurs employés auraient été victimes.

Des réformes qui dépendent de l’État

« Au regard de l’expérience vécue, qu’elle serait la manière la plus efficace pour remédier aux problèmes constatés » s’est interrogé pour clôturer l’audition François-Noël Buffet, président de la commission des Lois.

« Cela relève surtout de questions qui ne nous concernent pas, mais qui concernent l’État » a estimé Philippe Wahl. « Serions-nous prêts à reprendre l’intégralité du marché ? Nous avons répondu oui. Serions-nous prêts à mutualiser les listes d’adresses ? Nous avons répondu oui. Après, les décisions ne dépendent pas de nous ».

Propagande électorale: La Poste est prête à reprendre l'intégralité du marché, affirme son président
01:43

La balle est donc dans le camp de l’État selon le haut fonctionnaire, et plus précisément du ministère de l’Intérieur, en charge de l’organisation élections. Jean-Benoît Albertini, secrétaire général du ministère, était d’ailleurs entendu à la suite du président de La Poste.

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