Record d’abstentions, départ d’Orphelin: chocs en cascade chez les députés LREM

Record d’abstentions, départ d’Orphelin: chocs en cascade chez les députés LREM

Record d'abstentions de députés LREM mardi sur le texte "anticasseurs", départ mercredi d'une figure, Matthieu Orphelin: le groupe majoritaire a...
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Par Anne Pascale REBOUL, Charlotte HILL

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Record d'abstentions de députés LREM mardi sur le texte "anticasseurs", départ mercredi d'une figure, Matthieu Orphelin: le groupe majoritaire a subi deux coups durs, les oppositions percevant un début de "fronde".

"J'ai pris la décision de quitter le groupe parlementaire LREM. C’est une décision lourde de sens", a écrit M. Orphelin, proche de Nicolas Hulot, à ses collègues.

L'élu du Maine-et-Loire, qui va siéger pour le moment parmi les non-inscrits, a notamment invoqué des avancées insuffisantes sur les "enjeux climatiques, écologiques et sociaux", et critiqué "certains choix" du gouvernement en matière de "justice fiscale".

"Merci à toi, Matthieu Orphelin, pour ton engagement (...) Je regrette ta décision mais la respecte", a tweeté le ministre de la Transition écologique François de Rugy, le successeur de M. Hulot qui avait lui-même claqué la porte du gouvernement fin août 2018.

Son annonce, synonyme d'une perte importante pour le groupe majoritaire, a fait l'effet d'une bombe au Palais Bourbon. "Ca me fait un peu de peine", a lâché Erwan Balanant (MoDem). "Macron et LREM orphelins d'Orphelin", a tweeté Sébastien Jumel (PCF). "Aura-t-il cette même voix à l'extérieur du groupe?", demande Bérangère Couillard (LREM).

Prenant "acte" de sa décision, le patron du groupe Gilles Le Gendre a assuré que "plus que jamais, tous les députés (LREM) sont mobilisés aux côtés du gouvernement pour réussir la transition écologique et solidaire".

Le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand, a pour sa part considéré que "ça n'était pas une bonne nouvelle pour la planète".

Autrefois membre d'EELV, qu'il avait quitté en 2012, M. Orphelin pourrait-il rejoindre les rangs écologistes? "Je pense que, comme Nicolas Hulot, il a besoin d'un sas de décompression", a botté en touche Yannick Jadot, tête de liste du parti pour les Européenes, en estimant qu'il allait falloir au député "un peu de temps pour encaisser".

Matthieu Orphelin, qui avait rejoint En Marche ! dès janvier 2017, a aussi évoqué dans son message le "respect des libertés fondamentales et des droits humains".

Il s'est abstenu mardi sur le texte "anticasseurs" comme 49 autres "marcheurs" souvent issus de l'aile gauche, soit un sixième du groupe ce qui est "considérable", selon une source parlementaire.

L'Insoumis Eric Coquerel a vu dans son départ "un signe de plus de la fragilisation de cette majorité" et "peut-être aussi de son durcissement à droite".

La proposition de loi LR, reprise à son compte par le gouvernement, a été adoptée en première lecture par 387 voix contre 92. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a tenu à "souligner" qu'aucun LREM n'avait voté contre - certains ont hésité jusqu'au bout.

Emmanuel Macron a rappelé en Conseil des ministres que "c'était par l'écoute et non pas le caporalisme qu'il faut apporter une réponse aux interrogations qui ont été exprimées par ces parlementaires".

"Un seul article a continué de faire l'objet de débats (sur les interdictions administratives de manifester, ndlr) et a provoqué l'abstention de certains députés de la majorité", analyse-t-on à Matignon. "La discussion va se poursuivre au Sénat puis en deuxième lecture."

- "Fissure" -

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux donnent un point presse à l'Elysée, le 6 février 2019
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux donnent un point presse à l'Elysée, le 6 février 2019
AFP

Le record d'abstentions de "marcheurs" reste une surprise, même si "dès le départ il y avait des réticences" sur ce texte de droite, souligne un responsable LREM. En réunion de groupe, mardi matin, une dizaine de réfractaires se sont exprimés et ça a fait "boule de neige", selon plusieurs députés.

Au bout du compte, les 50 sont un "conglomérat" sans "structure logique", relèvent des sources parlementaires: le vice-président de l'Assemblée Hugues Renson, l'écologiste Barbara Pompili, Aurélien Taché qui "joue une carte personnelle", et encore Sonia Krimi ou Martine Wonner, "des personnalités singulières" en pointe déjà sur la loi asile-immigration.

S'agit-il d'un nouveau courant, d'un début de fracture, accentuée par le départ de Matthieu Orphelin ? Les abstentionnistes récusent toute "fronde".

Depuis juin 2017, "on a acquis une expérience, on fait peut-être un peu plus de politique", dit aussi Caroline Janvier, l'une d'entre eux.

Les oppositions se sont engouffrées dans la brèche, des élus de gauche pointant une majorité qui se "fissure", tandis qu'à droite on raillait un groupe dont le "seul point commun" est Emmanuel Macron.

Sur son blog, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon voit "une faille très productive". Les abstentionnistes "ont affaibli leur camp", mais ne sont pas allés au bout, "syndrome bien connu des frondeurs: trop et pas assez à la fois".

A droite, une source LR considère que Gilles Le Gendre, "ne tient pas ses troupes".

Matthieu Orphelin va-t-il être suivi par des "marcheurs"? Bruno Questel, vice-président des députés LREM, prévient: "Mes collègues sont libres. Mais il ne faut pas oublier d'où on vient" et "qu'on avait tous Emmanuel Macron sur nos affiches lorsque nous avons été candidats".

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