Vaccin : la Guyane et Mayotte devraient être prioritaires selon les élus
Le Premier ministre a annoncé jeudi l’instauration d’un confinement de trois semaines au moins à Mayotte où la situation s’est significativement dégradée. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi appelle à un renforcement des contrôles et de la campagne vaccinale qui a débuté plus tardivement à Mayotte.

Vaccin : la Guyane et Mayotte devraient être prioritaires selon les élus

Le Premier ministre a annoncé jeudi l’instauration d’un confinement de trois semaines au moins à Mayotte où la situation s’est significativement dégradée. Le sénateur Thani Mohamed Soilihi appelle à un renforcement des contrôles et de la campagne vaccinale qui a débuté plus tardivement à Mayotte.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’annonce est tombée jeudi lors du point presse du Premier ministre. Mayotte sera reconfinée dès ce soir, 18 heures (15h GMT), en raison de l’aggravation de la situation sanitaire sur place et de l’apparition des variants britannique et sud-africain. Depuis le 1er février, trois communes (Bouéni, Pamandzi et Dzaoudzi Labattoir) étaient déjà confinées du fait de l’observation de taux d’incidence particulièrement élevés.

« Il n’y avait plus d’autres choix au vu de la situation », commente le sénateur de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi (RDPI, majorité présidentielle). Le département a effectivement connu une très forte augmentation des hospitalisations ces derniers jours : « 77 patients sont actuellement hospitalisés et 11 patients sont en réanimation », indique le ministère des Outre-mer.

En un mois, le taux d’incidence est passé de 50 à 415/100 000 habitants avec un taux de positivité de 17 %. L’âge des patients admis en réanimation constitue un signal d’alerte, on compte des patients plus jeunes (entre 45 et 60 ans) présentant des formes plus graves avec des détresses respiratoires aiguës sévères.

Un confinement qui ne fait pas l’unanimité chez les élus mahorais

Interrogé par l’AFP, le député LR de Mayotte Mansour Kamardine estime que ce confinement n’est pas la bonne solution : « Les conditions de vie et d’accès aux services de base (eau, électricité) de la moitié de la population rendent le confinement impossible à respecter ». D’après l’Insee, 77 % des Mahorais vivent sous le seuil de pauvreté. « Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés qu’il ne faut pas confiner. Le confinement est une mesure destinée à faciliter les politiques menées », estime pour sa part le sénateur Thani Mohamed Soilihi.

Pour le sénateur de Mayotte, la question qui doit se poser est comment faire respecter le confinement. « Il ne suffit pas de décréter le confinement, il faut le faire respecter, il faut l’accompagner d’une surveillance accrue des forces de l’ordre. Il faut un ensemble de mesures car il n’y a pas de solution miracle, même le vaccin ne constitue pas un remède miracle », souligne-t-il. Lors du premier confinement, le sénateur s’était inquiété du manque de contrôles : « La situation sanitaire aurait dû être gérée différemment pendant le premier confinement, la surveillance des forces de l’ordre s’était relâchée, des jeunes avaient organisé des Mrengué (boxe traditionnelle), il fallait taper du poing sur la table ».

Lors de son audition au Sénat le 14 janvier, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, avait déjà annoncé un renforcement des contrôles aux frontières entre Mayotte et les Comores. A cette occasion, Thani Mohamed Soilihi avait déjà suggéré l’intervention des militaires : « Dans les quartiers où la population est moins encline à respecter le confinement, il faut envoyer l’armée, pas seulement pour un appui sécuritaire mais aussi d’un point de vue logistique comme ce qu’il s’est fait dans le Grand Est », défend-il aujourd’hui.

Une campagne vaccinale à la traîne

Par ailleurs, l’annonce de ce nouveau confinement pose des questions sur la stratégie vaccinale. Sur France info, la députée LREM de Mayotte Ramlati Ali rappelle que la campagne de vaccins a officiellement commencé le 25 janvier « dû aux modalités de conservation du vaccin Pfizer », alors qu’elle a été déployée le 27 décembre dans l’hexagone. La députée alerte le gouvernement sur la nécessité d’accélérer la vaccination, « il a eu jusqu’à ce jour 4 680 doses qui sont arrivées dans le territoire et 88 % ont été consommées ».

« Compte tenu de notre proximité avec les Comores, et de la proximité de la Guyane avec le Brésil, j’avais demandé au Premier ministre de déroger à la stratégie vaccinale pour augmenter le nombre de doses approvisionnées dans ces départements qui ne sont pas dans une situation d’égalité avec les autres territoires. La Guyane et Mayotte ont été classées en rouge, la logique voudrait que ces deux territoires soient prioritaires », soulève le sénateur de Mayotte même s’il comprend le refus du gouvernement. L’exécutif a également annoncé hier des mesures d’urgence économique ainsi qu’une aide alimentaire pour soutenir les Mahorais faire face au confinement.

Dans la même thématique

Vaccin : la Guyane et Mayotte devraient être prioritaires selon les élus
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Vaccin : la Guyane et Mayotte devraient être prioritaires selon les élus
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Vaccin : la Guyane et Mayotte devraient être prioritaires selon les élus
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le