Xavier Bertrand, les Hauts-de-France comme tremplin ?

Xavier Bertrand, les Hauts-de-France comme tremplin ?

"Mon parti, c'est la région." Très virulent envers l'exécutif dans le dossier de l'aciérie Ascoval, l'ex-LR Xavier Bertrand...
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Par Baptiste PACE

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"Mon parti, c'est la région." Très virulent envers l'exécutif dans le dossier de l'aciérie Ascoval, l'ex-LR Xavier Bertrand creuse son sillon dans les Hauts-de-France, un "tremplin" pour ses ambitions présidentielles selon des élus de tous bords.

Xavier Bertrand est remonté. "On en a marre d'être pris pour des cons", fulminait l'ex-ministre, 53 ans, devant la presse le 18 octobre, en accusant le gouvernement de "préparer l'assassinat" de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve, près de Valenciennes.

Menacé de disparition, ce site est l'objet d'un projet de reprise du groupe franco-belge Altifort, qui réclamait que Vallourec, principal client et premier actionnaire, maintienne son niveau de commandes pendant un an et demi. Et M. Bertrand accuse Vallourec, dont l'État est actionnaire à 17%, de "torpiller" le projet de reprise.

Le gouvernement a indiqué mardi travailler avec Altifort sur une offre sans Vallourec. Le tribunal de grande instance de Strasbourg doit se prononcer sur ce dossier le 7 novembre, en pleine visite d'Emmanuel Macron dans la région.

En attendant, "Xavier met une pression d'enfer sur Macron", souligne Julien Dive, qui a succédé à M. Bertrand à l'Assemblée en 2016.

"Oui, il se démène. On a un président de région qui se bat pour défendre nos filières industrielles", explique le député communiste du Nord Fabien Roussel qui avertit le chef de l'État: sans issue positive, Ascoval "sera le Florange de Macron, et avec Xavier Bertrand on fera en sorte que ça lui colle à la peau jusqu'à la fin de son mandat".

Mais pour Philippe Eymery, président du groupe régional RN (ex-FN), M. Bertrand "se sert de la région comme d'un tremplin pour ses ambitions présidentielles". "Il veut se construire un destin national en partant du local", abonde le sénateur PS du Nord Patrick Kanner.

"Il installe un duel direct, à distance, avec Emmanuel Macron" et, en même temps, "il marque sa différence avec les autres responsables de droite, Wauquiez en tête", confirme un élu de droite du Nord.

M. Bertrand est coutumier des déclarations fracassantes. Emmanuel Macron, dont il a refusé les sollicitations en 2017 ? "Il n'écoute rien". Les ténors de son ex-parti des Républicains (LR), Nicolas Sarkozy en tête ? "Si on ne peut pas les enfermer, qu'ils se taisent", avait-il entre les deux tours des régionales de 2015.

- Devant Wauquiez et Pécresse -

A l'en croire, le nouveau Bertrand est arrivé à l'occasion de ce scrutin remporté en 2015 face à Marine Le Pen. "Cette campagne menée pendant presque une année, où j'ai rencontré la colère des gens, le sentiment d'abandon (...), la misère, je l'ai prise comme un coup de poing en pleine figure. Et ça a changé à jamais ma façon de faire de la politique", expliquait l'ancien agent d'assurance le soir de sa victoire obtenue grâce au retrait de la gauche, après un premier tour difficile.

La "menace" du Rassemblement national, l'ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy la vit en première ligne: l'Aisne, sa terre d'élection, et le Pas-de-Calais sont les deux seuls départements à avoir placé Marine Le Pen devant Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle en mai 2017.

La politique autrement se fait donc hors des partis. M. Bertrand, qui fait plancher ses soutiens dans son association La Manufacture, a quitté LR en décembre dernier au lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez, dont il dénonce la ligne jugée trop droitière. "Il voulait la présidence du parti mais il n'en avait pas les moyens", estime une figure de LR.

Au sein du parti, on s'amuse de ses récentes critiques contre Emmanuel Macron quand M. Wauquiez "n'[a] pas varié dans son diagnostic".

Mais dans le dernier tableau de bord de l'Ifop pour Paris Match, M. Bertrand devance tant Laurent Wauquiez que Valérie Pécresse dans l'électorat de droite. "Ça valide sa stratégie hors les murs", estime le directeur général adjoint de l'Ifop Frédéric Dabi. "Le fait qu'il ait quitté LR n'a pas été vu comme un casus belli ou une trahison dans le peuple de droite."

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