A 5 jours du référendum en Nouvelle-Calédonie, ultimes meetings des deux camps
Drapeaux kanaks et chants à la gloire de la "Kanaky Nouvelle Calédonie" d'un côté, appel au "vivre ensemble" de l'autre: les deux principaux...

A 5 jours du référendum en Nouvelle-Calédonie, ultimes meetings des deux camps

Drapeaux kanaks et chants à la gloire de la "Kanaky Nouvelle Calédonie" d'un côté, appel au "vivre ensemble" de l'autre: les deux principaux...
Public Sénat

Par Cécile AZZARO

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Drapeaux kanaks et chants à la gloire de la "Kanaky Nouvelle Calédonie" d'un côté, appel au "vivre ensemble" de l'autre: les deux principaux partis indépendantiste et non indépendantiste tenaient mardi leurs derniers meetings, avant le référendum sur l'indépendance dimanche.

Toute la journée, plusieurs centaines de personnes ont participé dans une ambiance festive et combative à Nouméa au rassemblement final du FLNKS, qui croit dur comme fer à la victoire du oui à l'indépendance.

Dans la soirée, le principal parti non-indépendantiste Calédonie Ensemble (droite modérée) a organisé à son tour sa dernière rencontre à l'université de Nouméa, devant environ 400 militants.

Après une campagne jusque-là apaisée entre les camps du oui et du non, le sénateur Pierre Frogier, président local du Rassemblement LR a jeté un peu d'huile sur le feu en annonçant qu'il demanderait, si le non l'emporte massivement dimanche comme le laissent entrevoir les sondages, l'annulation des deux autres scrutins qui peuvent être organisés d'ici à 2022, selon l'accord de Nouméa (1998).

Une demande qui a peu de chance d'aboutir, mais pourrait arcbouter le clan indépendantiste.

L'accord de Nouméa avait été signé dix ans après ceux de Matignon, qui ont mis fin à plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks et Caldoches ayant culminé avec la prise d'otage et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.

Le sénateur LR de Nouvelle-Calédonie Pierre Frogier (au centre) à l'Elysée, le 27 juin 2018
Le sénateur LR de Nouvelle-Calédonie Pierre Frogier (au centre) à l'Elysée, le 27 juin 2018
AFP/Archives

Au terme de cet accord, 174.154 électeurs sont invités à se prononcer pour dire s'ils souhaitent "que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante".

Mardi, au centre d'activités Kowe-Kara, à la sortie de Nouméa, le drapeau kanak, une flèche faitière dans un soleil sur fond bleu, rouge, vert, est partout: sur les tee-shirts, accroché dans les cheveux des femmes. Sur une scène en plein air, des groupes de Kaneka, musique locale, mettent l'ambiance. Le titre "Pour la Kanaky je dis +oui+" remporte un franc succès.

Sur l'estrade, les principaux leaders des deux mouvances du FLNKS, l'Union nationale pour l'indépendance (UNI) et l'Union calédonienne (UC) se succèdent, sous une bannière "Oui à la pleine souveraineté Kanaky Nouvelle Calédonie".

- Leçon de l'histoire -

A quelques jours du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le drapeau du FLNKS est partout, ici à Poindimie
A quelques jours du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le drapeau du FLNKS est partout, ici à Poindimie
AFP/Archives

Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS et nationaliste au Congrès, dénonce, sous les vivats de la foule, "cet Etat qui s'accroche pour ne pas lâcher le dernier confetti de son empire".

"On va gagner, il n'y a pas de raisons de douter, nous sommes arrivés au bout du combat", assure Charles Washetine, porte-parole et élu du Palika (Parti de libération kanak).

Des femmes, en robes traditionnelles aux couleurs vives, écoutent, assises sur des nattes. Marie, 64 ans, est "sûre qu'on va gagner". "Même si ça ne passe pas là, on recommence une deuxième fois, une troisième fois", insiste cette retraitée de la banque.

L'ambiance est beaucoup plus policée et encadrée au meeting de Calédonie Ensemble. Ici, pas de danse ni de chant, mais des intervenants qui défendent à tour de rôle "le destin commun" de la Nouvelle-Calédonie et la nécessité de ne pas créer plus de divisions au soir du 4 novembre.

Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS rencontre le Premier ministre Edouard Philippe, à Nouméa, le 2 décembre 2017
Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS rencontre le Premier ministre Edouard Philippe, à Nouméa, le 2 décembre 2017
AFP/Archives

"On a retenu la leçon de l'histoire, la leçon des événements (...) Dimanche il ne suffira pas de gagner, il va falloir être plus intelligent que ça et tendre la main", explique Philippe Michel, président de la Province sud.

Le meeting prend une tournure plus politique et agressive quand le député Philippe Gomès, président de Calédonie Ensemble, entre en scène. Il tacle les indépendantistes, dont le projet "est resté sur la base d'un logiciel des années 70 ou 80", et dont le discours, "pas à la hauteur des enjeux", oublie "le chemin accompli en trente ans".

Mais il s'en prend encore plus vigoureusement à ses deux rivaux de droite - pourtant non indépendantistes -, Les Républicains Calédoniens et le Rassemblement LR, qui selon lui "vont +mettre la zone+ après le référendum avec leur propos électoralistes".

A la sortie, les militants ne retiennent que le discours sur le "vivre ensemble". "Ce qui nous pousse c'est la paix, je suis sereine, on va gagner", explique Nicole, une évangéliste de 51 ans, d'origine kanak.

Dans la même thématique

A 5 jours du référendum en Nouvelle-Calédonie, ultimes meetings des deux camps
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

A 5 jours du référendum en Nouvelle-Calédonie, ultimes meetings des deux camps
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

A 5 jours du référendum en Nouvelle-Calédonie, ultimes meetings des deux camps
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le