Affaire Benalla: Macron sous pression, la justice saisie

Affaire Benalla: Macron sous pression, la justice saisie

L'Elysée faisait face jeudi à un feu roulant de critiques, après la publication d'une vidéo montrant un collaborateur d'Emmanuel Macron frappant...
Public Sénat

Par Gaëlle GEOFFROY, Véronique MARTINACHE

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

L'Elysée faisait face jeudi à un feu roulant de critiques, après la publication d'une vidéo montrant un collaborateur d'Emmanuel Macron frappant un manifestant, qui a déclenché l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violences et usurpation de fonction.

L'incendie est parti du site du Monde qui a mis en ligne mercredi soir une vidéo filmée le 1er mai à Paris, où un homme, identifié comme Alexandre Benalla, coiffé d'un casque à visière des forces de l'ordre, s'en prend à un jeune homme à terre.

Ces images, filmées par un militant de la France insoumise, ont déclenché une indignation générale.

Emmanuel Macron, en déplacement en Dordogne, a refusé de répondre aux incessantes questions de la presse. Interpellé par un journaliste lui demandant si la République était "entachée" par cette affaire, il a laconiquement répondu: "Non, non, la République elle est inaltérable !"

C'est le porte-parole de l'Elysée Bruno Roger-Petit qui est monté au créneau: Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence au moment des faits, a rapidement reçu "la sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l'Elysée", a-t-il fait valoir.

Emmanuel Macron à vélo au Touquet, accompagné (gauche) par le chargé de mission sécurité Alexandre Benalla, le 17 juin 2017
Emmanuel Macron à vélo au Touquet, accompagné (gauche) par le chargé de mission sécurité Alexandre Benalla, le 17 juin 2017
AFP/Archives

Il a été "mis à pied pendant quinze jours avec suspension de salaire" et "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", pour "punir un comportement inacceptable". C'est "un dernier avertissement avant licenciement", a souligné M. Roger-Petit.

Un deuxième homme a aussi "outrepassé son autorisation" ce même 1er mai, a révélé le porte-parole de l'Elysée: Vincent Crase, gendarme réserviste et employé de LREM, a écopé d'une "mise à pied de quinze jours avec suspension de salaire", et "il a été mis également fin à toute collaboration entre lui et la présidence de la République".

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique".

- L'IGPN saisie -

Alexandre Benalla (d), responsable de la sécurité d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, le 1er mars 2017 au Salon de l'agriculture à Paris
Alexandre Benalla (d), responsable de la sécurité d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, le 1er mars 2017 au Salon de l'agriculture à Paris
AFP/Archives

L'affaire est désormais "aux mains de la justice, et c'est très bien ainsi", a réagi le Premier ministre Edouard Philippe, interpellé au Sénat.

M. Benalla, autorisé à se trouver aux côtés des forces de l'ordre en tant qu'"observateur", a clairement "outrepassé" ce statut, et a en conséquence été sanctionné, a souligné le Premier ministre.

M. Philippe était interrogé par la présidente du groupe communiste au Sénat Eliane Assassi, qui demandait de "mettre un terme à l'intervention des barbouzes du nouveau monde dans les mouvements sociaux".

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a indiqué avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale, à charge pour elle de se pencher sur les règles encadrant la présence "d'observateurs" au sein des forces de l'ordre.

A l'Assemblée nationale, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a évoqué des "gestes absolument inadaptés".

Brigitte Macron avec le chien Nemo et à droite Alexandre Benalla, le 12 octobre 2017
Brigitte Macron avec le chien Nemo et à droite Alexandre Benalla, le 12 octobre 2017
AFP/Archives

Ces réactions n'ont pas suffi à apaiser l'opposition, s'étonnant du maintien de M. Benalla à l'Elysée -il se trouvait encore lundi dans le bus menant les Bleus à l'Elysée- et du fait que la justice n'ait pas été saisie, en vertu de l'article 40 du code pénal. Les députés Insoumis, communistes et socialistes, mais aussi de LR, ont tous demandé la création d'une commission d'enquête sur les incidents du 1er-Mai, d'abord refusée par LREM.

Après une série d'incidents de séance, la présidence de l'Assemblée a fini par annoncer que la commission des lois de l'Assemblée demanderait les "prérogatives d'une commission d'enquête". La commission des lois du Sénat entendra pour sa part le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb en début de semaine.

S'il s'est réjoui de cette victoire, M. Mélenchon a néanmoins proposé dans un tweet le dépôt d'une motion de censure contre le "gouvernement", "puisque le (celui-ci) ne vient pas s'expliquer devant l'Assemblée". L'initiative a cependant peu de chances d'aboutir.

Jusque dans les rangs de la République en marche, certains ont estimé que M. Benalla devait quitter l'Elysée, comme les députés Laurent Saint-Martin et Cécile Rilhac.

A droite, le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez a sommé Emmanuel Macron de "s'exprimer", demandant notamment s'il y a eu "des manœuvres" pour "étouffer" l'affaire.

Le syndicat de police Vigi a déposé une plainte contre Alexandre Benalla pour "usurpation de fonction" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique", et contre X pour complicité de ces faits, évoquant des membres du cabinet du président de la République, selon son avocat Yassine Bouzrou.

ggy-vm-jri-grd-sl/chr/mm

Dans la même thématique

Affaire Benalla: Macron sous pression, la justice saisie
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

Affaire Benalla: Macron sous pression, la justice saisie
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Affaire Benalla: Macron sous pression, la justice saisie
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le