Affaire Fillon: Marc Joulaud mis en examen pour détournement de fonds publics
L'ex-suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale Marc Joulaud a été mis en examen vendredi dans l'enquête sur de possibles emplois...

Affaire Fillon: Marc Joulaud mis en examen pour détournement de fonds publics

L'ex-suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale Marc Joulaud a été mis en examen vendredi dans l'enquête sur de possibles emplois...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO

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L'ex-suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale Marc Joulaud a été mis en examen vendredi dans l'enquête sur de possibles emplois fictifs de l'épouse du candidat de la droite à la présidentielle, affaire qui empoisonne sa campagne.

Actuel maire LR de Sablé-sur-Sarthe et député européen, âgé de 49 ans, Marc Joulaud, qui a employé Penelope Fillon comme assistante parlementaire par le passé, a été mis en examen pour "détournement de fonds publics", selon une source judiciaire.

L'interrogatoire des juges d'instruction financiers a duré plusieurs heures, a précisé à l'AFP son avocat, Me Jean Veil.

"C'est un problème de droit constitutionnel qui se pose", a estimé Me Veil, en écho à un argument développé par la défense de François Fillon. "Le juge peut-il juger d'autre chose que de la fictivité de l'emploi? Compte tenu du principe de séparation des pouvoirs, il ne peut à mon avis juger ni de la qualité du travail effectué, ni du montant de la rémunération, ni même du contenu de la mission" confiée à Penelope Fillon, a expliqué l'avocat.

François Fillon et Marc Joulaud à Sablé-sur-Sarthe, le 8 mars 2014
François Fillon et Marc Joulaud à Sablé-sur-Sarthe, le 8 mars 2014
AFP

François Fillon a lui déjà été mis en examen, le 14 mars, pour détournement de fonds publics et complicité d'abus de biens sociaux, une première pour un candidat majeur à l’Élysée. Selon une source proche du dossier, Penelope Fillon est convoquée à son tour mardi en vue d'une éventuelle mise en examen, à moins que la date ne soit modifiée comme cela avait été le cas pour son époux.

En juillet 2002, Marc Joulaud avait remplacé François Fillon, alors appelé au gouvernement, à son siège de député de la Sarthe. De 2002 à 2007, il a lui aussi employé Penelope Fillon comme assistante parlementaire.

Au total, de 1986 à 2013, avec des interruptions, Penelope Fillon a perçu 680.380 euros net, soit environ 3.600 euros mensuels net, comme assistante auprès de son époux ou de son suppléant. Les enquêteurs soupçonnent des emplois fictifs, tout comme pour deux des enfants Fillon, employés de 2005 à 2007 comme assistants parlementaires de leur père, alors sénateur.

Le candidat de la droite a défendu vigoureusement la réalité du travail effectué par sa femme, dans son ombre. Gestion du courrier, de l'agenda et préparation des discours: "Mon épouse a pris en charge ces tâches simples mais essentielles", a-t-il justifié.

Penelope et Marie, l'épouse et la fille de François Fillon lors de de L'Emission politique de France 2, le 23 mars 2017 à Paris
Penelope et Marie, l'épouse et la fille de François Fillon lors de de L'Emission politique de France 2, le 23 mars 2017 à Paris
AFP

Il a décrit une relation de travail très personnelle avec son épouse, mais qu'en est-il de la collaboration entre Marc Joulaud et Penelope Fillon? Comme le suppléant "était moins connu, mon travail à ses côtés lui donnait une légitimité. François voulait garder le lien avec la circonscription", a expliqué l'épouse du candidat de la droite au Journal du dimanche.

- Image écornée -

François Fillon sur France 2 dans
François Fillon sur France 2 dans "L'émission politique", le 23 mars 2017 à Paris
AFP

Durant son mandat comme député de la Sarthe, Marc Joulaud a fortement augmenté la rémunération de Penelope Fillon, qui a dépassé les 6.000 euros mensuels, soit près du double qu'au cours des quatre années précédentes, selon les chiffres communiqués par le candidat Les Républicains.

Depuis les premières révélations du Canard enchaîné, fin janvier, suivies de l'enquête préliminaire du parquet national financier et de l'ouverture d'une information judiciaire, l'affaire a écorné l'image du candidat, qui avait jusque-là mis l'accent sur la probité.

Embourbé dans ses ennuis judiciaires, François Fillon a accusé jeudi publiquement le président François Hollande de diriger un "cabinet noir" supposé orchestrer des fuites judiciaires dans la presse.

François Fillon, ici le 17 septembre 2009 à Paris, avec l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière
François Fillon, ici le 17 septembre 2009 à Paris, avec l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière
AFP/Archives

L'enquête porte aussi sur l'emploi rémunéré de Penelope Fillon de mai 2012 à décembre 2013 à La Revue des deux mondes, propriété du PDG du groupe Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière, proche de François Fillon. Elle avait alors cumulé cet emploi, pour 3.500 euros mensuels net, avec celui d'assistante parlementaire.

Les investigations ont aussi été élargies le 16 mars à des soupçons de trafic d'influence, d'escroquerie aggravée, de faux et d'usage de faux, dans la foulée d'une prétendue minimisation des heures effectuées par Penelope Fillon à l'Assemblée pour ne pas violer le règlement sur le cumul d'emplois, ou de révélations sur ses costumes de luxe. Au sujet de ces costumes offerts par l'avocat influent et pilier des réseaux françafricains Robert Bourgi, François Fillon a concédé jeudi une "erreur de jugement".

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