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Affaire Griveaux: Pavlenski a-t-il été manipulé et jusqu’où ?
Par Anne RENAUT
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Manipulation ? Volonté de déstabiliser Emmanuel Macron ? Les questions s'accumulent concernant l'activiste russe anti-Poutine Piotr Pavlenski qui a "sans doute été aidé", selon le gouvernement, à diffuser des vidéos sexuelles fatales à Benjamin Griveaux.
Piotr Pavlenski, placé en garde à vue avec sa compagne Alexandra de Taddeo durant le week-end, "a sans doute été aidé", a affirmé lundi sur LCI la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "Il ne peut pas être le seul impliqué", avait dit samedi soir l'avocat de M. Griveaux, Me Richard Malka.
Il y a "une certaine forme de technicité pour mettre en oeuvre tout cela" comme "le fait de construire un site Internet, le fait d'écrire en français parfaitement alors que manifestement, Piotr Pavlenski parle certes français, mais avec quelques difficultés", a-t-elle relevé.
Cependant, "c'est un peu tôt pour dire [si l'affaire relève d'une manipulation politique plus importante] parce que l'enquête ne fait que démarrer", a ajouté Mme Ndiaye.
"Cette attaque est large, et dépasse Benjamin Griveaux", a confié à l'AFP l'entourage de M. Griveaux, l'un des piliers de la campagne d'Emmanuel Macron de 2017.
Le Russe et sa compagne, une étudiante en droit parlant plusieurs langues, dont le russe, ont été placés en garde à vue pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "diffusion sans l'accord de la personne d'images à caractère sexuel", dans le cadre de l'enquête ouverte samedi à la suite du dépôt d'une plainte contre X de M. Griveaux. Ils vont être présentés à un juge d'instruction mardi et risquent une mise en examen.
Mme Taddeo, qui de sources concordantes aurait été au départ la destinataire des vidéos en question, avait déjà cité le nom de Pavlenski en 2017 lors d'une émission sur la radio Fréquence Protestante, où elle avait invité un diplomate russe pour parler d'art russe.
Me Juan Branco, ancien avocat de Wikileaks qui connaît le couple Pavlenski-Taddeo depuis quelques mois, a dit vendredi avoir été "approché" par l'artiste mais dément tout rôle dans la divulgation des vidéos pornographiques.
- "Aucun indice" -
Sur franceinfo, le secrétaire d’État au Numérique Cédric O a dit ne disposer "à ce stade" d'"aucune information qui (lui) laisse(rait) penser qu'il pourrait y avoir autre chose qu'un agissement personnel".
Il a également assuré n'avoir "aucune preuve ni aucun indice qui nous laisse penser que la Russie soit impliquée".
Le président Emmanuel Macron avait affirmé samedi, lors de la conférence sur la sécurité à Munich, que Moscou "allait continuer à essayer de déstabiliser" les démocraties occidentales en s'ingérant dans leurs élections et en manipulant les réseaux sociaux, citant également dans ces intrusions "l'ultradroite américaine".
Mais l'entourage du chef de l'Etat a fait savoir qu'il ne s'agissait pas d'une allusion à l'affaire Griveaux mais à sa campagne présidentielle de 2017, lors de laquelle il s'était dit victime d'ingérences de la part de la Russie.
Pour la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, l'affaire Griveaux est "très clairement un coup monté" pour "déstabiliser un candidat".
Mais si elle a dit sur Radio J qu'elle "connaissait bien (les) méthodes" soviétiques du "kompromat" ("dossier compromettant"), l'ancienne ministre russophone n'a pas voulu s'avancer sur une quelconque implication de Moscou.
Le directeur de l'Institut Iris, Pascal Boniface, interrogé par l'AFP, "ne voit pas l'intérêt pour la Russie d'affaiblir M. Macron, seul chef d'Etat occidental à souhaiter un rapprochement avec Moscou".
Le directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt, juge "plausible" sur Twitter que l'acte revendiqué par Piotr Pavlenski relève "d'une opération de déstabilisation politique impliquant d'autres personnes que lui-même" mais que "rien ne permet d'affirmer" qu'il s'agit "d'un complot anti-LREM fomenté à Moscou".
A l'inverse, le rédacteur en chef de Philosophie Magazine, Michel Eltchaninoff, qui a rencontré Piotr Pavlenski à plusieurs reprises et a préfacé son livre "Le cas Pavlenski", estime qu'il y a "une piste de l'ingérence qui doit être explorée" avec un activiste qui "a toujours dénoncé le +kompromat+ et utilise maintenant les techniques du FSB" (ex-KGB).