Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés

Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés

Les yeux rivés sur les municipales de mars, les écologistes d'EELV espèrent un congrès de novembre "apaisé". Mais une opposition entre les...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les yeux rivés sur les municipales de mars, les écologistes d'EELV espèrent un congrès de novembre "apaisé". Mais une opposition entre les dirigeants sortants et ceux qui se réclament de Yannick Jadot a bel et bien lieu à travers les deux principales motions déposées vendredi.

Devant les journalistes, Julien Bayou dit "espérer un congrès ennuyeux". L'actuel porte-parole du parti, à la tête de la motion "Grandir ensemble" de la direction sortante, résume l'envie de consensus des militants.

Convaincus que leur heure est enfin venue, après avoir été une force d'appoint au PS, les Verts veulent enfin réussir à enchaîner un deuxième scrutin positif, après des élections européennes réussies en mai (13,5%).

A proscrire donc, les divisions et coups de billard à trois bandes, pour lesquels le parti a souvent été connu - et moqué. Avec la montée de la conscience écologique dans la société, les bons résultats électoraux et les bons sondages dans plusieurs villes, "nous sommes conscients d'avoir une opportunité énorme, et que nous nous ridiculiserions à se déchirer", confie l'ancienne députée Eva Sas à l'AFP.

Cela n'a pas empêché cette ex-trésorière de présenter une motion, "Le temps de l'écologie", contre le tandem des porte-parole Julien Bayou et Sandra Regol, qui reprennent le flambeau du secrétaire national David Cormand, élu député européen.

Car selon Eva Sas, "il faut une relation de confiance entre le parti et Yannick Jadot", tête de liste aux européennes et homme fort d'EELV. Elle affirme avoir une ligne "claire", clamant avoir toujours soutenu la vision de M. Jadot - qui ne se positionnera pas publiquement au congrès.

Yannick Jadot à Rouen le 1er octobre 2019
Yannick Jadot à Rouen le 1er octobre 2019
AFP/Archives

Mounir Satouri, signataire de la motion Sas, abonde: contrairement à Yannick Jadot, Julien Bayou était dans un premier temps partisan, pour le scrutin européen, d'une alliance avec Générations, le parti créé par Benoît Hamon: "La majorité sortante doit-elle être reconduite alors que les options qu'elle a défendues n'étaient initialement pas les mêmes que celle qui a gagné les européennes?"

- "Hégémonie" -

Cette "affirmation de l'écologie" a été "théorisée depuis trois ans par Cormand et Jadot l'a intuitivement mise en pratique", arbitre un fin connaisseur du parti.

"Nous proposons une équipe, que l'on peut compléter" plutôt que "renverser", plaide Julien Bayou. "Il faut assumer la radicalité de la spécificité écologiste, mais qui soit ouverte, pragmatique, qui joue collectif", tant en interne qu'en direction des autres forces, pense aussi David Cormand.

Le fonctionnement du congrès le permet en favorisant au deuxième tour, le 30 novembre, la synthèse des motions, et la cohabitation de ses leaders dans l'exécutif est probable.

Les deux camps pourraient d'autant plus se rassembler qu'ils sont d'accord sur l'essentiel: EELV doit passer d'une "écologie de témoignage" à une "écologie de responsabilité".

Aux municipales, le parti est donc ambitieux. "On ne veut plus être des supplétifs, on veut gouverner les exécutifs", martèle Yannick Jadot auprès de l'AFP. Les listes menées par un écologiste sont encouragées - même si demeure le sacro-saint principe de "subsidiarité", qui laisse décider les militants locaux.

Bordeaux (où EELV a récemment été crédité de 24,5% dans un sondage), Besançon, Nantes, Villeurbanne, Toulouse ou encore Perpignan font partie des cibles. Illustration d'une confiance nouvelle: à Marseille, Sébastien Barles a annoncé sa candidature sans attendre le rassemblement de la gauche, qui tarde à se concrétiser.

Le secrétaire national d'EELV David Cormand le 6 février 2019 à Paris
Le secrétaire national d'EELV David Cormand le 6 février 2019 à Paris
AFP/Archives

Yannick Jadot dit aussi vouloir désamorcer les préjugés d'une "écologie bobo des grandes villes" en prenant des "villages ou petites villes, ayant parfois des difficultés".

L'actuel secrétaire national adjoint Alain Coulombel, qui présente la troisième des quatre motions, voit d'un mauvais oeil la stratégie "hégémonique" entérinée au congrès. "Ca ne marche pas, c'est l'option Mélenchon et on a vu que ça l'a mené à l'isolement. Il faut fondre l'imaginaire ancien de la gauche avec le nouvel imaginaire écolo", soutient-il, demandant un "élargissement" rapide aux autres forces de gauche.

Désiré par MM. Cormand et Jadot avant les européennes, le "dépassement" d'EELV dans une "grande maison commune de l'écologie" a été repoussé en raison d'un but plus pressant, les municipales.

Dans la même thématique

Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le