Le sidérurgiste British Steel a officiellement déposé le bilan mercredi 22 mai, faute d’un accord avec le gouvernement britannique sur un plan de sauvetage de dernière minute. « Malgré l'annonce d'aujourd'hui de placer British Steel sous un régime de faillite contrôlée par les autorités, Unite va demander à toutes les parties de se battre pour garantir l'avenir de l'entreprise », a déclaré Steve Turner, un responsable de ce syndicat dans un communiqué transmis à l'AFP.
« C’est une déception mais nous savions que c’était fragile » réagit le sénateur LR, François Grosdidier. Il ajoute : « Cette décision révèle deux problèmes : la fragilité de la sidérurgie en Europe et le manque de vision industrielle de la Grande-Bretagne. » « Je ressens beaucoup de colère et d’inquiétude » commente le sénateur PC Fabien Gay.
Néanmoins, le ministre de l’Économie, Bruno le Maire, a annoncé, dans un communiqué, « maintenir son soutien à British Steel Saint-Saulve (ex-Ascoval), dont le plan de reprise ne dépendait pas des activités britanniques du groupe ». « Son plan de financement n’est pas remis en cause », selon le ministre.
Bruno le Maire tient à rassurer : « Ce qui se joue en ce moment, c’est surtout l’avenir des activités sidérurgiques de British Steel au Royaume-Uni dans le contexte des incertitudes liées au Brexit (…). Contexte qui souligne l’intérêt pour le groupe de posséder des capacités de production dans l’Union européenne ». En effet la reprise d’Ascoval, annoncée le 2 mai, est réalisée par Greybull Capital, la maison mère de British Steel, et non cette dernière. Les propos du ministre n’ont pour l‘instant pas rassuré au Sénat : « Il faut maintenant que l’État et les banques répondent présents pour trouver un repreneur solide » s’inquiète Fabien Gay.
« Le chef d’orchestre doit être Bercy »
Dans un communiqué de presse, Xavier Bertrand tient à rappeler l’engagement de la Région de Hauts de France : « Valenciennes Métropole et la Région Hauts-de-France confirment leur soutien au projet de reprise. Nos prêts de 10 et de 12 millions d’euros respectifs sont toujours disponibles pour l’accompagner ». Pour rappel, la reprise d'Ascoval représente un financement de 94,5 millions d'euros, dont 47,5 millions d'euros apportés par British Steel (fonds propres et emprunts bancaires), et 47 millions d'euros de fonds publics apportés par l'État (25 millions d'euros), la région Hauts-de-France (12 millions d'euros) et Valenciennes Métropole (10 millions d'euros).
L’ancien ministre demande à Bercy de réunir tous les partenaires concernés par Ascoval avant le week-end : « Collectivités locales, repreneur, représentants des salariés et direction d’Ascoval pour apporter des réponses aux salariés sur la solidité économique du projet. »
Valérie Létard, sénatrice UC et rapporteure de la mission d’information sur l’avenir de la sidérurgie, demande également des gages à Bercy : « Olympus, a signifié qu’il voulait poursuivre l’aventure en France et maintenant il faut savoir comment ça marche (…) Le problème aujourd’hui ce sont les repreneurs. Il faut remettre ne route la machine et c’est une usine qui peut être performante. La seule chose qui compte c’est de rassurer l’entreprise. Le chef d’orchestre doit être Bercy. »
Ascoval : « L’Etat doit être en première ligne » selon Martial Bourquin
« Je viens d’entendre le ministre, mais j’ai aussi entendu Xavier Bertrand qui disait qu’il semblait que cette faillite ne touchait pas les deux entreprises françaises de British Steel, mais aussi la reprise d’Ascoval. J’espère que ces nouvelles seront confirmées », a réagi Martial Bourquin, sénateur PS du Doubs.
L’élu explique avoir été extrêmement préoccupé à l’annonce de cette nouvelle : « J’ai tout de suite pensé aux salariés, qui se battent depuis si longtemps ». « Il faut organiser une réunion avec les salariés d’Ascoval, leur dire si oui ou non la reprise est sécurisée », selon Martial Bourquin, qui insiste sur le rôle de l’Etat, n’excluant pas une nationalisation partielle ou totale.
« L’État doit être en première ligne pour sécuriser ce processus de reprise, car il peut être fragilisé. J’ai vu que Jeremy Corbyn parlait d’une nationalisation partielle ou totale, et je n’exclus pas, au cas où il y aurait des difficultés, qu’il y ait une prise de participation partielle ou majoritaire dans Ascoval pour rassurer les acteurs et faire en sorte qu’on garde cette entreprise de première importance pour la France », développe-t-il.
Interrogé sur le comportement du ministre de l’Économie dans ce dossier, le sénateur considère qu’il « peut se rattraper, en sécurisant tout de suite la reprise d’Ascoval ».