La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure ...
Bure: les opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires évacués
La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure ...
Par Murielle KASPRZAK, François D'ASTIER
Temps de lecture :
4 min
Publié le
La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), avec une opération d'envergure pour déloger par surprise les opposants antinucléaires.
L'opération a mobilisé 500 gendarmes dès l'aube pour évacuer ce site de 221 hectares à proximité de Bure. Au début de l'intervention, une quinzaine d'opposants étaient présents. L'opération s'est terminée dans l'après-midi.
"Le bois est libéré, il n'y a plus d'occupants", a indiqué à l'AFP la préfecture de la Meuse peu avant 17H00.
A la mi-journée, deux bulldozers ont entrepris de nettoyer barricades et bivouacs des opposants à l'entrée du bois, a constaté une journaliste de l'AFP.
A Bure, où la mairie a été la cible de jets de pierres, une perquisition a eu lieu à la "Maison de résistance", où près d'une trentaine d'opposants au projet Cigéo s'étaient regroupés.
Sept gardes à vue étaient en cours jeudi soir, une à la suite de l'évacuation du bois Lejuc et six pour "outrages et/ou violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique" lors de la perquisition, a indiqué Olivier Glady, procureur de Bar-le-Duc.
Les gendarmes emmènent un membre de la "Maison de la résistance" contre le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure, dans la Meuse, le 22 février 2018
AFP
Le bois Lejuc a été retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour l'installation des cheminées d'aération du projet Cigéo, visant à enfouir à 500 m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.
Saisi en référé par l'Andra, qui veut y réaliser des forages exploratoires dans cette forêt, le TGI de Bar-le-Duc avait pris en avril une décision d'expulsion.
- Perquisition -
Un opposant au projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires grimpe dans une cabane érigée dans un arbre du Bois Lejuc, le 22 février 2017 à Mandres-en-Barrois, près de Bure (Meuse)
AFP/Archives
"Nous sommes là pour montrer qu'on ne veut pas qu'on empoisonne la Terre mère. On est dans un vieux chêne qui a vécu bien plus longtemps que nous", avait déclaré par téléphone jeudi matin un opposant perché dans un arbre.
A la "Maison de résistance" à Bure, les forces de l'ordre "se sont introduites par la force, sans explication, en disant qu'elles allaient faire usage de la force contre nous", a raconté, énervée, une opposante, se faisant appeler Camille, après avoir été expulsée du bâtiment.
- 'Sidération' -
Carte de France des principaux projets d'aménagement contestés, alors qu'une opération d'évacuation des opposants au projet d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse) est en cours.
AFP
Le secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a assuré jeudi à Bar-le-Duc que "l'Etat reviendra(it) pour maintenir l’ordre et faire respecter la loi autant de fois qu'il sera nécessaire".
"Nous ne voulons plus qu'il y ait en France des lieux qui soient des lieux de non-droit", a déclaré dans la matinée le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Vendredi, le Premier ministre Edouard Philippe avait affiché sa détermination à ne pas laisser "s'enkyster" les "Zad" ("zones à défendre") occupées par des militants, alors que l'exécutif s'est engagé à évacuer fin mars l'emblématique Zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
"C'est absolument invraisemblable car la visite de M. Lecornu était prévue aujourd'hui. Il devait nous rencontrer demain en tant qu'opposants", a déclaré à l'AFP une porte-parole du collectif "Bure Stop".
Bure a aussi fait irruption à l'Assemblée nationale où, interpellé par une députée de la France insoumise, Mathilde Panot, le ministre Nicolas Hulot a réagi en évoquant "une question d'ordre public".
Mme Panot a brandi une photo montrant Nicolas Hulot, avant sa nomination au gouvernement, avec une pancarte: "Cigéo Bure, je dis non!". Le ministre a dit ne pas avoir "l'impression d'être en porte-à-faux avec [sa] conscience".
Des manifestations et rassemblements de protestation se sont déroulées jeudi soir dans plusieurs villes de France, à l'appel notamment du réseau "Sortir du nucléaire".
Une centaine de manifestants se sont réunis à Rennes, allumant des fumigènes et déployant une banderole sur les marches de l'Opéra portant l'inscription: "Ni loi travail, ni poubelle nucléaire, soutien aux camarades de Bure".
A Bar-le-Duc, environ 150 personnes se sont rassemblées devant la préfecture derrière une imposante banderole jaune proclamant: "Bure poubelle nucléaire? Jamais!".
A Paris, entre 200 et 300 personnes, dont plusieurs élus, se sont réunies devant la Fontaine Saint-Michel.
Le chef de l’Etat a annoncé que les téléphones portables allaient « sans doute » être interdits dès la rentrée prochaine dans les lycées. C’est « faisable », soutient le sénateur Renaissance Martin Lévrier. « Il est incorrigible. C’est une annonce par jour pour exister », raille le sénateur LR Max Brisson, opposé à l’interdiction au lycée. « Une annonce un peu surréaliste » qui élude les vrais problèmes, dénonce la sénatrice PS Colombe Brossel.
Suite aux récentes révélations mettant en cause les forces de l’ordre dans des affaires de violences au sein des personnes dépositaires de l’autorité publique, la gauche du Sénat demande à la commission des lois de se doter des prérogatives d’une commission d’enquête visant à examiner les conditions dans lesquelles l’IGPN et l’IGGN exercent leurs prérogatives.
Mercredi, députés et sénateurs ne sont pas parvenus à trouver une un accord en commission mixte paritaire sur le projet de loi de la Sécurité sociale. Le texte repart donc pour une nouvelle lecture en séance publique à partir de mardi, à l’Assemblée nationale. Les députés vont plancher sur le texte sorti du Sénat et conformément à la règle dite de l’entonnoir, leur droit d’amendement est limité. Ce qui va accélérer les débats mais sera-t-il suffisant pour arriver à un compromis ? Explications.
Afin d’accompagner Sébastien Lecornu vers son engagement d’un grand acte de décentralisation, Gérard Larcher avait fait parvenir le 31 octobre la contribution du Sénat. Le document que Public Sénat a pu consulter appelle à consacrer un principe de différentiation et d’autonomie fiscale des collectivités.