Comptes cachés à l’étranger: Serge Dassault de retour au tribunal
Le dossier des comptes cachés à l'étranger de Serge Dassault, qui risque son fauteuil de sénateur, revient lundi devant le tribunal...

Comptes cachés à l’étranger: Serge Dassault de retour au tribunal

Le dossier des comptes cachés à l'étranger de Serge Dassault, qui risque son fauteuil de sénateur, revient lundi devant le tribunal...
Public Sénat

Par Sylvain PEUCHMAURD

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le dossier des comptes cachés à l'étranger de Serge Dassault, qui risque son fauteuil de sénateur, revient lundi devant le tribunal correctionnel de Paris après un supplément d'information au cours duquel l'industriel a enfin été entendu.

Il doit se tenir également les 18 et 19 janvier devant la 32e chambre.

Le PDG du groupe Dassault, 91 ans, est poursuivi pour blanchiment de fraude fiscale. En cause, les comptes de quatre fondations et sociétés, basés au Luxembourg et au Liechtenstein, qui ont abrité jusqu'à 31 millions d'euros en 2006, près de 12 millions en 2014.

Après trois audiences en juillet dernier où le sénateur (LR) de l'Essonne ne s'est pas présenté devant ses juges, le tribunal a ordonné, deux mois plus tard, de nouvelles auditions.

Toutes ont été effectuées, hormis celle de Gérard Limat, grand ami de la famille Dassault, qui gérait des sociétés dont il est question dans cette affaire.

Dans un autre dossier, toujours en cours d'instruction, visant Serge Dassault pour un système présumé d'achats de voix pendant les campagnes pour les élections municipales à Corbeil-Essonnes en 2009 et 2010, il avait livré un témoignage-clé.

Gérard Limat avait confié avoir utilisé deux comptes au Luxembourg, appartenant en réalité au sénateur, pour distribuer jusqu'en 2010 des fonds à des intermédiaires dans le cadre des campagnes électorales à Corbeil.

Le 1er septembre dernier, le tribunal a estimé que si "Serge Dassault a bien assumé, au final, être propriétaire de ces fonds dissimulés non déclarés", il convient d'ordonner un supplément d'information pour éclairer les juges sur "le rôle exact du prévenu" dans la gestion de ces fonds. Pendant l'enquête, le sénateur n'avait pas déféré aux convocations des enquêteurs. Mais il a finalement été entendu dans le cadre du supplément d'information.

Sa présence au procès à partir de lundi semble peu probable.

Les investigations supplémentaires visaient également à entendre l'avocat suisse de M. Dassault, Me Luc Argand, et à obtenir la déclaration de succession de Claude Dassault, frère de Serge, décédé en 2011.

Serge Dassault a en effet affirmé, dans des courriers, qu'il a hérité de ces fonds, qui appartenaient à son père, mort en 1986, puis à sa mère, décédée en 1992, avant de revenir à son frère Claude et à lui.

- 'Dons d'argent' -

Quant à l'origine des fonds, selon la "rumeur" au sein de la famille, ils auraient été placés dans les années 1950 par Marcel Dassault, qui avait "peur de revivre la guerre" et voulait "protéger sa famille".

Serge Dassault le 22 novembre 2016 à Paris
Serge Dassault le 22 novembre 2016 à Paris
AFP/Archives

Il est également reproché à Serge Dassault d'avoir omis dans ses déclarations de patrimoine 11 millions d'euros en 2014 et 16 millions d'euros en 2011.

M. Dassault a depuis régularisé sa situation, tant auprès de l'administration fiscale que de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui avait saisi la justice.

Au mois de juillet, le parquet national financier (PNF) avait requis deux ans de prison avec sursis, neuf millions d'euros d'amende et surtout cinq ans d'inéligibilité.

Car pour l'accusation, se pose la question de savoir si M. Dassault, membre de la commission des Finances, "peut décemment donner ses avis sur la loi fiscale", "sur les lois qui répriment le blanchiment".

"Réquisitoire militant", avait répliqué en défense Me Jacqueline Laffont, son confrère Pierre Haïk plaidant la relaxe pour un Serge Dassault qui a "toujours trouvé juste de faire bénéficier les plus démunis d'une partie de sa fortune", comme à Corbeil-Essonnes. Argument accueilli par de grands signes d'approbation ironique du côté du parquet.

Serge Dassault a déjà perdu un mandat électoral sur décision de justice. En 2009, le Conseil d'Etat a annulé sa réélection à la mairie de Corbeil-Essonnes l'année précédente en raison de "dons d'argent" et déclaré l'industriel, qui avait ravi la ville aux communistes en 1995, inéligible pendant un an.

Serge Dassault le 10 janvier 2017 à Paris
Serge Dassault le 10 janvier 2017 à Paris
AFP/Archives

Partager cet article

Dans la même thématique

Comptes cachés à l’étranger: Serge Dassault de retour au tribunal
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le