Covid-19 : Castex rassure (presque) le monde de la Culture

Covid-19 : Castex rassure (presque) le monde de la Culture

Le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures concernant le secteur de la culture, l'un des plus durement touchés par la crise sanitaire : port du masque obligatoire, abandon (partiel) des règles de distanciation... Mais de nombreux flous demeurent. Il rencontrera ce jeudi 27 août les professionnels du spectacle, et vendredi 28 août ceux du cinéma.
Public Sénat

Par Hugo Lemonier

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« Allez au cinéma, au théâtre, vous ne risquez rien. » Pressé par le monde de la culture, le Premier ministre Jean Castex a incité les Français à retourner dans les salles, vidées par l’épidémie de Covid-19. Il rencontrera ce jeudi les professionnels du spectacle et vendredi ceux du cinéma.

Jusqu’ici limités par des règles strictes de distanciation, les théâtres ne pouvaient pas atteindre une jauge permettant d’assurer la rentabilité des spectacles. La mesure vient d’être corrigée par le conseil de défense, qui s’est tenu ce mardi 25 août à l’Élysée : « Avant, on demandait de porter le masque quand il n'était pas possible de respecter les distances de sécurité : on va inverser. »

Plus de distanciation sociale, mais un masque obligatoire

Cela signifie que le port du masque obligatoire remplacera désormais la fameuse distanciation sociale, imposant un siège vide entre chaque groupe de spectateurs. Plusieurs acteurs du secteur culturel, et notamment le spectacle vivant, avaient critiqué cette mesure les condamnant à jouer devant des salles en partie vide.

Seule exception dans les zones « rouges » : « Dans les zones de circulation virale, il y aura le cumul des deux », précise le Premier ministre. Donc, masque et distanciation physique.

Mais ces mesures de distanciations arrangeaient bien les cinémas… « Le monde du spectacle est extrêmement divisé dans cette affaire », notait la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, le 17 août sur BFM TV. « Le monde du cinéma tient au fait de pouvoir retirer son masque pendant les séances pour une raison très simple : la confiserie représente une source de revenu importante. »

Les cinémas seront-ils soumis au même régime que les théâtres ou l’opéra ? Pas de réponse pour le moment.

Plus de dérogations en zone rouge

Concernant la jauge fixée à 5 000 personnes pour des spectacles et concerts assis, le Premier ministre n’annonce aucun changement. Mais, en réaction à la polémique entourant le Puy du Fou, Jean Castex rappelle la philosophie qui accompagnait l’octroi de dérogation : « Ce qui avait été prévu, c'est que localement, en fonction de la configuration des salles, des stades, et de la circulation du virus, on puisse déroger, c'est-à-dire aller au-delà de 5 000 spectateurs. »

Mais, là encore, les zones « rouges » feront exception : « Dans les départements "rouges", ceux où il y a une forte circulation virale, il ne sera plus possible à l'autorité préfectorale de déroger ». Jean Castex rappelle en outre que le préfet peut également imposer un abaissement de la jauge maximale, voire procéder à des interdictions.

Et les concerts debout ?

Le Syndicat des musiques actuelles (SMA) avait lancé fin juillet l’opération #ConcertsDebout pour demander des « perspectives claires ». Le port du masque obligatoire ne suffira pas à changer la donne. Les concerts debout demeureront interdits, explique le président du SMA, Yves Bonnemel, qui s’en est entretenu hier avec Roselyne Bachelot : « Les lieux resteront fermés à la diffusion. »

Mais le syndicat insiste pour que ces salles de concert puissent recentrer leur activité, le temps de l’épidémie : « Si la diffusion est impossible, il faut qu’on puisse continuer la production, c’est-à-dire continuer la création, les répétitions, les résidences d’artistes, faire de l’éducation artistique et culturelle pour maintenir le lien avec le public, etc. »

Mais sans diffusion, sans organisation de concert debout, de nombreuses salles ne peuvent pas tenir : « En juillet, on a recommencé les DJ sets en extérieur, mais c’est un pis-aller car on limite notre jauge. On organise des concerts parce que c’est notre rôle de maintenir ce lien entre le public et les artistes, mais ce n’est pas rentable », témoigne Yves Bonnemel.

« On va pouvoir enfin retrouver un modèle économique »

C’est dire si les mesures de compensations, annoncées par le Premier ministre ce matin étaient attendues par les professionnels du secteur. « Plutôt que de dire "on vous laisse fermer et on vous indemnise", il va falloir que nous compensions l'écart entre les recettes issues des contraintes sanitaires, et ce qui aurait été leur point d'équilibre », a déclaré Jean Castex.

« Là, on va pouvoir enfin retrouver un modèle économique, temporaire, transitoire, mais un véritable modèle », se réjouit Yves Bonnemel. « La question n’est pas de maintenir sous perfusion le secteur pendant des années mais de pouvoir passer le cap qui est crucial pour de nombreux acteurs. »

Une question demeure : trouver la formule. Car il n’est pas envisageable de considérer que tous les événements font salle comble. « Pour certains concerts, on est déjà complets donc, ça va être facile », explique le président du SMA. « Pour le reste, le ministère est en train de plancher sur un logiciel qui va permettre de calculer les aides auxquelles on aura le droit pour chaque spectacle. »

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