La commission d’enquête du Sénat sur l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies auditionnait ce 22 octobre des acteurs de la recherche scientifique en lien avec la crise sanitaire. Entre nécessité de travailler dans l’urgence et respect de la temporalité scientifique, les institutions et les chercheurs ont dû s’adapter. La pandémie a bouleversé les habitudes du secteur.
COVID-19 : « L’hydroxychloroquine ne fonctionne pas, tout le monde sait cela aujourd’hui »
La commission d’enquête du Sénat sur l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies auditionnait ce 22 octobre des acteurs de la recherche scientifique en lien avec la crise sanitaire. Entre nécessité de travailler dans l’urgence et respect de la temporalité scientifique, les institutions et les chercheurs ont dû s’adapter. La pandémie a bouleversé les habitudes du secteur.
Par Steve Jourdin
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Des procédures exceptionnelles…
Le spectre de Didier Raoult plane toujours sur la commission d’enquête du Sénat. Si son nom n’a pas été prononcé, une partie de l’audition a tourné autour des polémiques scientifiques provoquées par le directeur de l’IHU de Marseille. Face à l’urgence, fallait-il s’affranchir de la méthodologie habituellement observée en matière d’expérimentations scientifiques ?
Selon Dominique Dunon-Bluteau, responsable du département scientifique de l'Agence nationale de la recherche (ANR), la recherche française a largement assoupli ses procédures traditionnelles. « On a modifié de façon considérable nos procédures pour pouvoir réaliser rapidement les évaluations [des expérimentations] et publier les résultats. Il y a une mobilisation énorme de la part de la communauté scientifique. De grands noms de la recherche, qui travaillent habituellement dans d’autres domaines, se sont positionnés sur le COVID-19 ». Cette forte mobilisation se lit dans les chiffres. Selon l’ANR, près de 700 projets de recherche fondamentale portant sur l’épidémie seront cette année soumis à une évaluation des autorités scientifiques. Un tour de force, selon Dominique Dunon-Bluteau. D’autant qu’avant mars 2020 « il n’existait aucun spécialiste du COVID-19. Pour la bonne et simple raison que le covid n’existait pas ».
Dans cette période exceptionnelle, les délais de traitement des essais cliniques, étape préalable avant leur autorisation, ont été réduits. Depuis mars ils ont, selon Dominique Martin, directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), été ramenés à une vingtaine de jours en moyenne, contre 45 environ en temps normal. Au total, « 130 essais cliniques sur le COVID-19 ont été soumis à l’ANSM. Parmi eux, 70 ont été autorisés, 19 ont été menés à bien, 31 ont été refusés, 10 sont en cours d’instruction » précise-t-il.
… pour quelques certitudes…
Ces derniers mois, les chercheurs ont pu établir certains faits. Et dissiper certains fantasmes. L’hydroxychloroquine ? Elle est « non active dans le traitement de la COVID-19. On le sait tous aujourd’hui », selon Dominique Dunon-Bluteau, qui fait notamment référence aux travaux du français Roger Legrand publiés cet été dans la revue Nature
À la suite de sa médiatisation par le professeur Raoult, la molécule avait suscité des espoirs dans la population. Alors que la prescription d’hydroxychloroquine avait été autorisée de façon dérogatoire dans les hôpitaux à la fin du mois de mars, le gouvernement avait finalement rétropédalé au printemps, à la suite d’un avis défavorable du Haut Conseil de la santé publique (HSCP) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Le médicament, commercialisé sous le nom de Plaquénil en France,faisait partie des nombreux traitements testés depuis le début de l’épidémie. Il n’est donc plus considéré par l’ANR comme un traitement potentiel.
À ce jour, seul le remdesivir a reçu une autorisation de mise sur le marché au sein de l’Union européenne. Considéré comme l'un des traitements les plus prometteurs face au COVID-19, cet antiviral, commercialisé par le groupe pharmaceutique américain Gilead, a néanmoins montré ses limites. S’il entraîne effectivement, pour les cas les plus graves, « une réduction de la durée d’hospitalisation, il n’a pas d’effet significatif sur la mortalité », d’après Dominique Martin(ANSM).
… et encore beaucoup d’inconnues
Peut-on raisonnablement espérer un vaccin dans les mois qui viennent ? La disponibilité d’un éventuel vaccin est conditionnée à trois étapes : expertise scientifique, essai clinique, puis accumulation de données relatives à l’efficacité du produit. L’ autorisation de mise sur le marché est délivrée à l’issue du processus. Actuellement, « cinq vaccins sont en cours d’évaluation » par l’ANSM, selon Stéphane Vignot, référent essais cliniques de l’Agence.
Impossible cependant de faire des prévisions. « Aujourd’hui je ne peux pas dire quand on aura les résultats [de ces évaluations]… Mais on se donne toutes les chances au niveau européen » afin d’y parvenir au plus vite. La course mondiale au vaccin devrait durer encore plusieurs mois.
Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi plusieurs articles clés de la proposition de loi de Gabriel Attal pour durcir la justice des mineurs, adoptée mi-mai par le Parlement, dont celui visant à ne plus appliquer l’atténuation des peines pour les mineurs.
Au regard des divisions au plan national, c’est un tour de force. A Agen, toutes les composantes de la gauche ont pourtant réussi à faire l’union en vue des municipales, du PS aux Ecologistes, en passant par le PCF, Place Publique et même LFI. Les enjeux locaux ont facilité le rassemblement. L’accord du NFP a aussi laissé des traces…
Saisi par des députés et des sénateurs de gauche, le Conseil constitutionnel va rendre sa décision sur la proposition de loi de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui vise à durcir la justice des mineurs. Le texte qui durcit considérablement le droit existant, avait conduit à une levée de boucliers de la gauche dans les deux hémicycles.
Les conclusions de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi du Sénat visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur ont été adoptées, à l’unanimité, ce jeudi au Sénat. Le texte prévoit notamment l’obligation de formation des étudiants à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme tout au long de leur parcours d’enseignement.
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